L’opération «SOS busards», pour préserver ces oiseaux durant les moissons
Se faisant de plus en plus rares dans nos contrées, les busards ont la particularité d’établir leur domicile dans les parcelles de céréales. Avec la difficulté que leur nid doit rester en place jusqu’à l’envol des jeunes, c’est-à-dire jusque fin juillet, voire début août. Les moissons représentent donc un grand danger pour ces oiseaux que l’opération « SOS busards » entend protéger avec l’aide des agriculteurs.


La détection des busards en vol est assez simple : ils volent en milieu ouvert et planent assez bas, à 4 ou 5 m du sol dans la plaine. On a plus de chance de les observer en scrutant l’horizon qu’en regardant haut dans le ciel.
Ces dernières années, très peu de nichées de busards cendrés et de busards Saint-Martin ont réussi en Wallonie. Le busard des roseaux a des habitudes et un comportement différent des deux autres espèces. Il est un peu moins menacé et donc moins concerné par cet article. Pour comprendre leur déclin, il faut s’intéresser à leur façon de vivre et de se reproduire.
Au sol, dans les champs de céréales
Les busards sont des oiseaux migrateurs qui passent l’hiver en Afrique et reviennent en Europe au printemps. Ils cherchent alors un lieu pour établir leur nid.
Le busard Saint-Martin et le busard cendré nichent au sol, historiquement dans des prairies humides ou autres végétations herbacées hautes en plaine agricole. Leurs milieux de nidification historiques se raréfiant, les busards ont trouvé dans les cultures de céréales une belle alternative à leur habitat naturel.
Occasionnellement, on peut observer des busards Saint-Martin en hiver chez nous. Certains d’entre eux seulement s’en vont passer l’hiver en Afrique, mais d’autres restent en Europe, ou migrent juste de quelques centaines de kilomètres vers le sud pour l’hiver.
Des alliés des cultures
Une fois le nid installé, généralement en mai, les œufs sont pondus et mettront une trentaine de jours à éclore. Trente jours supplémentaires sont nécessaires pour permettre au jeune poussin de quitter le nid.
Pendant cette période, les adultes chassent énormément et ramènent de nombreuses proies à leur progéniture. Une famille de busards cendrés avec trois jeunes au nid attrape ainsi en moyenne 25 proies par jour, soit l’équivalent de 1.000 proies en un été. Un busard peut parcourir jusqu’à 10 km pour chasser et couvrir ainsi un territoire de 1.700 ha.
Les proies des busards varient et dépendent surtout de la quantité de petits animaux disponibles dans la plaine. En moyenne, 75 % de leur régime alimentaire est constitué de micromammifères (campagnols…). Les 25 % restants sont surtout des petits passereaux (bruants, pipits, bergeronnettes…), de gros insectes comme les sauterelles, quelques reptiles et amphibiens et, très anecdotiquement, des oiseaux un peu plus gros.
Une première étape : ne pas moissonner les nids !
Pour que la nichée soit un succès, le nid doit rester en place jusqu’à l’envol des jeunes, c’est-à-dire jusque fin juillet, voire début août. Les busards établissent leur nid préférentiellement dans les champs de froment, d’escourgeon ou de blé, ou dans les prairies temporaires semées en ray-grass.
Protéger le nid lors de la moisson est une première étape cruciale. En pratique, il s’agit de localiser le nid dans la parcelle (avec des tuteurs, par exemple) afin d’éviter la récolte sur la zone (de 1 à 4 ares). Cette zone doit aussi être protégée des prédateurs (renards, par exemple) par une clôture temporaire. Un nid préservé de la moisson mais qui n’est pas protégé des prédateurs exposera les poussins de busards au premier carnivore passant par là. Il arrive même qu’un nid soit prédaté avant la récolte. La mise en place d’une clôture est donc également très importante.
Le DNF propose aux agriculteurs ayant un nid de busards avéré et protégé dans leur parcelle une indemnité compensatoire calculée sur base de la valeur de la culture plus un forfait fixe pour le travail supplémentaire dû au contournement de la zone protégée pendant la récolte.
L’opération « SOS busards »
La détection des nids est très difficile, car les busards savent se montrer discrets. Les agriculteurs, qui connaissent par cœur leurs terres et qui sont souvent sur le terrain, sont des alliés incontournables pour trouver les busards nicheurs.
En pratique, à partir du mois d’avril, on peut soupçonner une nichée si on observe un ou plusieurs busards de manière répétée, s’ils portent des brindilles ou s’ils échangent des proies en vol. La parade nuptiale, pendant laquelle un busard se laisse soudainement tomber avant de reprendre de la hauteur, est également un indice.
Si vous pensez avoir identifié un couple nicheur, appelez SOS busards au 081/39.18.17. Surtout, évitez de tracer un chemin à travers la céréale pour aller vérifier le lieu supposé de nidification, ce serait offrir aux renards et autres prédateurs une voie toute tracée vers le nid.
Vous pouvez obtenir un autocollant reprenant le numéro à appeler en cas d’observation de nichée de busards en contactant Natagriwal au 0493/93.44.60. Apposez-le sur le pare-brise de votre moissonneuse ou de votre tracteur si vous souhaitez participer à la protection des busards !
Des Maec pour compléter les aménagements
La protection des nids est un premier pas pour préserver ces acrobates du ciel, mais ce n’est pas suffisant. Beaucoup de jeunes n’arrivent finalement pas à s’envoler pour l’Afrique en fin de saison, vraisemblablement par manque de nourriture. L’adoption de Méthodes agro-environnementales et climatiques (Maec) est un excellent moyen d’augmenter la capacité d’accueil de nos plaines de cultures pour ces redoutables prédateurs de rongeurs. Ces Maec donnent droit à des indemnités compensatoires allant jusqu’à 2.000 €/ha.
Les Maec particulièrement favorables aux busards sont les tournières enherbées (MB5) et les parcelles aménagées (MC7). Si un agriculteur possède déjà des parcelles aménagées et désire faire un pas en plus pour protéger les busards, il est possible de les élargir ou de les adapter.
Pour plus de détails sur les différentes méthodes et leur mise en place, les conseillers Natagriwal sont disponibles (accès par commune via le site web www.natagriwal.be).
En Wallonie, en Belgique, et même en Europe, les busards sont des espèces protégées. La Wallonie et la Flandre se sont unies pour les protéger à travers un projet cofinancé par l’Europe : le projet Life Belgium for Biodiversity (www.lifeb4b.be). En Région wallonne, ce projet est piloté par le Service public de Wallonie, en collaboration avec Natagora et Natagriwal.