L’agriculture sociale au-delà des projets pilotes...
Hébergement touristique de caractère, table de terroir, détente à la ferme. Des termes qui viennent immédiatement à l’esprit quand on évoque « Accueil champêtre en Wallonie », un nom qui fleure bon les vacances. Mais cette Asbl bien connue dans le paysage rural wallon est également une actrice qui compte dans le secteur de l’agriculture sociale. Son directeur, Christian Hick, nous en dit plus sur cette facette plus méconnue du grand public.

Beaucoup l’ignorent peut-être encore, mais de nombreux agriculteurs pratiquent déjà l’agriculture sociale en Wallonie, accueillant à ce titre des personnes en difficulté.
Christian Hick, quel est le profil des fermes qui pratiquent l’agriculture sociale ?
Ce sont souvent des exploitations qui se sont déjà diversifiées et ouvertes sur l’accueil, que ce soit via un magasin ou une activité pédagogique.
Quels sont les avantages pour les agriculteurs de se lancer dans ce type de projet ?
C’est sans conteste une plus-value pour eux, cela leur offre l’opportunité de pouvoir transmettre tout ce qui les motive dans leur métier, les valeurs fortes qui le sous-tendent et la richesse même du secteur agricole. Pour certains, cela leur permet de bénéficier d’un coup de main mais aussi d’une présence dans l’exercice de leur travail au quotidien, qu’ils accomplissent très souvent en solitaire, même si ce n’est que l’espace de quelques heures par semaine.
Quelle place l’Asbl Accueil champêtre en Wallonie occupe-t-elle dans cette démarche ?
Il faut savoir qu’il existe actuellement quinze projets pilotes qui sont soutenus par la région wallonne et bénéficient de subsides européens. Mais à Accueil champêtre en Wallonie, nous croyons fondamentalement en la nécessité de dépasser ce cadre-là et d’aller plus loin en termes de couverture du territoire wallon et de capacité d’accueil. Avec le soutien de la coopérative Cera, nous avons ainsi travaillé pendant trois ans avec l’Asbl « Nos Oignons » mais aussi la province de Luxembourg, la seule à avoir développé un programme indépendant d’un projet pilote, pour pouvoir réellement structurer l’agriculture sociale. L’un de nos objectifs était de pouvoir bénéficier d’un soutien wallon, mais cela n’a malheureusement pas abouti. Nous n’avons pas baissé les bras pour autant et nous nous sommes réunis en collectif afin de montrer la nécessité et la plus-value de cette démarche. C’est d’ailleurs le message que nous avons eu l’occasion de faire passer le 16 mai dernier au parlement de Wallonie puis sur le stand de la Fugea, très engagée elle aussi dans ce domaine, lors de la Foire de Libramont.
Où en êtes-vous actuellement ?
Avant les élections, les partis politiques s‘étaient montrés ouverts aux démarches de l’agriculture sociale et des soins verts dont les noms ont été cités dans la déclaration de politique régionale. Nous œuvrons maintenant pour convaincre le politique et l’institutionnel de la nécessité de bouger dans ce domaine.
Que peut concrètement apporter une structure comme la vôtre sur le terrain ?
Nous pouvons clairement amener notre expertise par rapport à l’encadrement des agriculteurs en termes de diversification et d’accueil d’un public différent avec la mise en œuvre d’activités qui ont du sens. Nous sommes convaincus de pouvoir apporter un plus à cette dynamique, notamment en accompagnant les agriculteurs, en les appuyant, en les encadrant dans leurs démarches administratives nécessaires à la pratique de cet exercice spécifique. Nous sommes aussi à même de mettre en place des formations en adéquation avec les besoins du public qui est accueilli dans les fermes. Par rapport aux structures qui sont actives dans la dynamique rurale et l’accompagnement social, Accueil champêtre en Wallonie est probablement celle qui a la connotation agricole la plus forte.