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L’Œuf d’or… où 200.000 poussins par semaine poussent leur premier piaillement

Difficile à imaginer, mais c’est sur les hauteurs d’Andenne que naissent chaque semaine des milliers de poussins. En moyenne, 200.000 battent des ailes pour la première fois derrière les murs de l’Œuf d’or. Ce couvoir, unique enWallonie, a vu le jour pour répondre à la demande de volailles alternatives, soit élevées durant plus de 56 jours. De leur conception à leur éclosion, ces futurs poulets de chair ont déjà entamé un véritable parcours de vie avant même de sortir de leur coquille.

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C’est à travers le « couloir de visite » que François Cuisinier a accepté de dévoiler les coulisses de l’entreprise. Pas question, en effet, de s’approcher trop près des installations, puisqu’ici « c’est aussi propre que dans un hôpital ». Néanmoins, à travers les vitres, le responsable de l’Œuf d’or explique les différentes zones du couvoir. Panneaux pédagogiques à l’appui, il est rôdé à l’exercice. Pas étonnant puisque l’élevage de volailles a régulièrement été au centre de différentes polémiques. Autant dire, donc, que lorsqu’on se lance dans ce secteur, travailler en toute transparence et communiquer avec les différents publics (écoles, autorités…) sont des maîtres-mots.

Avant d’entrer dans l’enceinte, le responsable montre l’endroit où les chauffeurs arrivent. Car ici, les journées sont rythmées par la valse des camionnettes qui viennent chercher les œufs et embarquent les poussins. Ces œufs, justement, proviennent de 8 élevages différents, situés principalement en Wallonie. Les poules et coqs sont d’abord élevés séparément dans une poussinière, où ils restent jusqu’à 20 semaines. Ensuite, c’est le départ vers un autre site afin de procéder à la reproduction. « En moyenne, il faut 8 % de coqs parmi les poules pour obtenir des jeunes. Ces structures sont indépendantes. Cependant, c’est notre société qui leur fournit l’alimentation, les frais vétérinaires, les bêtes… ». Un cahier des charges, reprenant toute une série de mesures, fixe la façon dont doivent évoluer ces gallinacés. Par exemple : pas plus de 8.000 poules par ferme, 8 animaux maximum par m², un éclairage naturel, ou encore une alimentation sans OGM.

Une fois les œufs prêts : direction Andenne !

Une réussite moyenne de 86 %

« Nous allons chercher les œufs une à deux fois par semaine chez les éleveurs. Les véhicules sont équipés de suspensions pneumatiques et maintiennent une température intérieure de 18°C ». Une fois déchargés, la première étape est le stockage. « Nous pouvons les garder jusqu’à 21 jours. Pour atteindre cette durée, nous utilisons une machine qui chauffe et refroidit l’œuf pour régénérer les cellules embryonnaires. Comme nous travaillons avec du vivant, parfois, on peut être en sous-production ou en surproduction, d’où l’intérêt d’utiliser cette technique ».

Après la désinfection, place à l’incubation. « Nous avons 18 incubateurs. Ces machines possèdent un écran sur lequel on peut surveiller la température de l’œuf, de l’appareil (environ 36-37°C), l’humidité, le CO₂ et la ventilation ». Notons également que ces derniers sont placés en biais pour une meilleure ventilation et afin d’éviter la surchauffe ou un refroidissement. De plus, ils sont retournés toutes les heures, pour éviter que l’embryon ne colle à la coquille, émitant ainsi le comportement naturel de la poule.

Cette étape terminée, c’est le moment du mirage. Un appareil doté d’un système infrarouge et de faisceaux lumineux permet d’identifier les œufs fertiles. Les poussins morts sont envoyés au clos d’équarrissage, tandis que les œufs vides sont pressés. Et rien ne se perd : le « jus » est réutilisé pour l’alimentation animale. « C’est de la protéine pour les bêtes. Un camion fait le tour des couvoirs de Belgique et vient chez nous tous les quinze jours », explique François Cuisinier. Il ajoute : « Sur un lot de 100 œufs, nous obtenons en moyenne 86 naissances. Avec la méthode naturelle, si l’on atteint 50 % de réussite, c’est déjà bien. Mais ici, nous n’avons pas les aléas naturels, comme les prédateurs ».

Le passage des oeufs dans l’incubateur dure 18 jours. Toutes les heures, les oeufs sont retournés pour éviter  que l’embryon ne colle pas à la coquille et pour imiter le comportement naturel de la poule.
Le passage des oeufs dans l’incubateur dure 18 jours. Toutes les heures, les oeufs sont retournés pour éviter que l’embryon ne colle pas à la coquille et pour imiter le comportement naturel de la poule. - D.T.

Les vaccins réalisés directement dans les œufs

Juste après le mirage, vient l’étape de la vaccination. Le système utilise une aiguille pour percer la coquille, suivie d’une seconde qui procède à l’injection dans l’épaule du poussin. Les traitements administrés dépendent des demandes des clients, bien que certains vaccins soient obligatoires, comme celui contre la maladie de newcastle, tandis que ceux contre le marek, la coccidiose et le gumboro sont fortement recommandés. « Nous perdons entre 0,5 % et 1 % d’éclosion avec cette technique. Cependant, auparavant, il fallait piquer tous les poussins, ce qui posait des problèmes de bien-être animal et engendrait beaucoup de stress. C’est également un gain pour l’immunité, présente de cette manière trois jours avant l’éclosion ».

Par ailleurs, le site accueille aussi bien des mâles que des femelles, car l’ovosexage n’y est pas pratiqué. Les clients de la couveuse achètent donc l’ensemble du lot. « Les poules, plus petites, peuvent être vendues en tant que poulets entiers. Les coqs, plus gros, sont souvent destinés à la découpe. Nous privilégions des races spécifiquement sélectionnées pour leur qualité de chair ».

Le couvoir a recours à la vaccination in ovo. Une technique qui, selon l’entreprise, engendre  moins de stress aux animaux et permet un développement précoce du système immunitaire.
Le couvoir a recours à la vaccination in ovo. Une technique qui, selon l’entreprise, engendre moins de stress aux animaux et permet un développement précoce du système immunitaire. - D.T.

Le grand départ…

C’est, ensuite, l’heure des naissances. Pour ce faire, direction une machine plus ventilée, capable d’extraire la chaleur produite lors de l’éclosion. Petit à petit, les coquilles se brisent, et les poussins poussent leurs premiers piaillements. Tout se déroule naturellement. « Ceux qui ne savent pas éclore ne sont pas en bonne santé. Certains présentent des handicaps, comme des becs croisés ou des problèmes aux pattes. Nous les euthanasions ici, avec du CO₂. Cela représente 0,5 % ».

Une fois le processus terminé, les chariots avec les poussins passent sur un tapis roulant. Le personnel les compte, retire les coquilles indésirables, et un éventuel vaccin en spray (comme celui contre la bronchite) peut encore être administré. Au total, 90 bêtes sont mises par bac. « Elles ont encore de l’espace. Notre objectif est qu’elles se portent bien », indique le responsable en nous montrant ces nouveau-nés.

Ces animaux ne restent que quelques heures à Andenne. C’est bientôt l’heure du départ. Là encore, le transport est bien pensé. Les chariots avec les poussins sont entreposés dans une camionnette capable d’en contenir 20.000, avec une température réglée à 26°C.

Leur destination ? Différents élevages bio ou conventionnels, travaillant toujours avec des volailles alternatives, soit avec plus de 56 jours de croissance. La différence entre les deux : la race Sasso est utilisée en agriculture biologique, tandis que la Hubbard est envoyée dans les autres fermes. Certains agriculteurs travaillent pour des marques bien connues. Chez nous, citons Coq des Prés ou Ardennes Volailles. Les poulets peuvent également séduire des consommateurs étrangers, puisque l’Œuf d’or compte parmi ses clients des entreprises internationales comme Plukon, aux Pays-Bas, ou Lët’z poulet au Luxembourg. Autant d’habitués qui ont décidé de faire confiance à ce couvoir moderne et, cocorico, implanté au cœur de notre région.

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