Waligali: une référence en aviculture avec une quarantaine de races représentées!
Lorsque les premiers rayons du soleil pointent le bout de leur nez, nous sommes nombreux à en profiter pour travailler dans le jardin. Et pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable en y accueillant des poules ? Pondeuses ou d’ornement, il en existe des centaines de sortes, chacune avec leurs caractéristiques bien particulières. À Wasseiges, en province de Liège, Clémence Dosimont en a fait son métier et nous a ouvert les portes de son élevage, où une quarantaine de races sont représentées.

Waligali, ce nom est désormais connu de tous les amateurs de gallinacés. Ils viennent des quatre coins du pays, mais aussi du Grand-Duché du Luxembourg et du nord de la France pour découvrir cet élevage. Logique, puisque c’est ici que les futurs acquéreurs trouveront la plus grande variété de races en Belgique. Et il n’y a pas que les gens de la campagne qui s’y intéressent… « Les poules arrivent aussi en ville maintenant, comme à Bruxelles », explique Clémence Dosimont, propriétaire des lieux dont la saison de vente a été lancée ce 15 février et se clôturera fin octobre.
Pendant ces mois, sa mission et celle d’Émilien, son employé, sera de faire correspondre l’animal idéal avec le bon propriétaire. Un choix mûrement réfléchi. « Ici, nous proposons des poules pondeuses et de race. Pour les premières, une sélection est réalisée afin qu’elles soient les plus performantes possibles. Elles vont pondre leur stock d’œufs de leurs 4 à 18 mois. Les secondes, elles, commencent à pondre vers 6 mois. Pour certaines, les œufs sont petits, comme ceux de la poule Soie, dont le cycle est plus saisonnier. Ce sont également de merveilleuses couveuses, cependant cela ne correspond pas à tout le monde… »
Les poules de race ont chacune leurs particularités : taille, couleur du bec, des plumes, nombre de doigts… Clémence sait les reconnaître en un coup d’œil. Grâce à son expérience, elle connaît aussi le cadre le plus adapté à leur future vie, en fonction d’éléments comme la taille du poulailler ou le terrain. « Par exemple, pour un sol boueux, mieux vaut éviter les volatiles avec des plumes aux pattes. Pour ceux qui veulent un jardin retourné durant l’hiver, avec des poules qui aèrent la terre, je les oriente plutôt vers des Bielefelder ou des Barnevelder ».
Des nouvelles tendances aux indémodables
Parmi eux, la Barbue de Watermael, une race belge. « Elle est génialissime : très fière et assez vive de caractère. Résistante, elle est également bien adaptée à notre climat ». Elle est tout aussi enthousiaste à propos de la race Combattant anglais moderne nain, de drôles de petites poules pas du tout farouches… La preuve ? L’une d’elles s’est retrouvée sur son dos lors de la visite de l’élevage ! Très curieuses et proches de l’homme, elles émettent un cri surprenant, rappelant celui de certains dinosaures.
Si ces dernières ne mesurent qu’une dizaine de centimètres, un peu plus loin, on retrouve les Brahma. De grande taille, leur tête ressemble à celle d’un aigle. « Ce sont les plus grosses poules, avec la Géante de Jersey ».
Au niveau des indémodables ? « Les poules Soie. C’est un peu le jean de la garde-robe ! » Gentilles avec les enfants, faciles à attraper et dotées de bonnes qualités maternelles, elles ont su se faire une place de choix dans l’univers des gallinacés.
Une collaboration Belgique-Bretagne pour plus de variétés
Toujours de bon conseil, l’éleveuse connaît ses gallinacés par cœur. Pourtant, ce n’est pas à Wasseiges qu’ils poussent leur premier piaillement. Waligali est un site d’élevage et de vente, mais pas de reproduction. Les poussins arrivent dans les bâtiments d’élevage, situés à un kilomètre de là, lorsqu’ils ont un jour.
Pour les poules d’ornement, Waligali travaille avec un reproducteur breton, toujours prêt à dénicher de nouvelles variétés. « Les poussins et poulettes sont installés dans différents parcs, à l’arrière de notre maison, pour qu’on puisse les surveiller. La nuit, il m’arrive d’aller vérifier que tout va bien. J’ai aussi un contrôle de température sur mon téléphone, que je ne quitte jamais ».
Une vigilance accrue avec la grippe aviaire
Les poules sont placées dans différentes zones, selon les espèces les plus aptes à cohabiter. À l’âge de trois mois, c’est le déménagement « en douceur et dans le noir, pour éviter le stress » vers le lieu de vente. Plusieurs lots d’animaux arrivent dans ce village de la province de Liège tout au long de la saison, tandis qu’un vide sanitaire est réalisé dans les bâtiments d’élevage entre juillet-août et novembre.
De plus, avoir deux sites distincts permet de limiter les risques sanitaires. « Il n’y a qu’Émilien et moi qui avons accès à la zone d’élevage, avec un habillage et un protocole de nettoyage bien spécifiques », explique Clémence, qui se tient informée jour après jour de l’évolution de la grippe aviaire. Pour limiter les risques, elle a choisi de ne pas laisser sortir les poules, même sous filets, dans la zone destinée à la vente. « Dans les bâtiments d’élevage, de toute manière, ils sont à l’intérieur car les animaux ont besoin de chaleur. Heureusement, nos poulaillers sont spacieux et bien lumineux. Nous attendrons jusqu’en avril, quand le risque sera normalement réduit ».
De la farine pour une meilleure croissance
En effet, chez Waligali, les poules reçoivent de la farine pour assurer une belle croissance jusqu’à la vente. « Mon beau-père possède des terres. Nous avons donc tenté d’être autonomes en réalisant notre propre mélange. En passant aux grains, nous avons constaté des croissances totalement irrégulières, même pour des races similaires. En discutant avec notre vétérinaire, nous avons compris que la nourriture posait problème. Nous avions commis une erreur à ce niveau… »
Désormais, jusqu’à leurs six semaines, les animaux reçoivent de la farine pour poussins avant de passer à celle pour poulettes.
Une fausse route, donc, pour l’éleveuse, qui pointe aussi les fautes les plus fréquentes des propriétaires de poules. Il y a bien sûr celles liées à la nourriture, comme donner uniquement les restes de repas, sans complément en grains et en farine. Il ne faut pas oublier que l’alimentation influence directement la qualité des œufs. Par exemple, une étude de l’université de Liège a montré que le lin permettait d’obtenir des œufs plus riches en oméga-3, bénéfiques pour la santé humaine. Sans une nourriture adaptée, des carences risquent d’apparaître, affectant bien entendu la ponte.
À ce propos, différents facteurs peuvent perturber celle-ci, comme le stress. « Ici, elles évoluent dans un environnement naturel, respectant les saisons et la luminosité. À moins de mettre en place un programme lumineux, il est possible que la poule cesse de pondre en hiver ».
Il y a également cette tendance à l’anthropomorphisme. Certains pensent que les poules ont froid lorsque les températures chutent, comme les humains. Or, elles craignent bien plus la chaleur, l’humidité et les courants d’air. Inutile de surchauffer le poulailler : mieux vaut veiller à une bonne aération pour préserver un environnement sain.
Élever et produire des races belges : un nouveau projet
La quantité de nourriture que les volailles reçoivent durant leur séjour chez Waligali influence, bien entendu, leur prix de vente. Toutefois, il n’y a pas que ce critère qui entre en jeu… Citons la difficulté de reproduction. Pour certaines races, comme l’Araucana, cela peut être plus compliqué puisqu’elle ne possède pas de queue. Il y aura moins d’œufs fécondés. En outre, le standard de la race veut qu’elle possède deux oreillards (sorte de toupet d’oreille). Néanmoins, si l’on croise une femelle et un mâle avec cette caractéristique, les risques de mortalité dans l’œuf augmenteront.
Et si vous aussi vous souhaitez acquérir un nouvel animal, sachez que la pondeuse reste la moins chère : 13 € pour la poule brune et la poule Leghorn blanche. Les poules de race commencent à 30 €, comme la Soie. Ensuite, les tarifs peuvent monter à 40 € pour certaines espèces plus grosses telles que l’Orpington ou la Brahma.
Enfin, si Waligali est d’ores et déjà un beau succès, Clémence Dosimont, véritable passionnée, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’un de ses projets est d’élever et de produire des races belges, lesquelles font partie de notre patrimoine. De quoi, qui sait, remettre au goût du jour des espèces locales menacées comme la Fauve de Mehaigne ou de Hesbaye.