L’agriculture s’invite dans tous les scrutins

Devoir civique pour les premiers, mode d’expression qui a parfois moins de valeur qu’une grève ou une manifestation pour les seconds, aller voter reste un acte qui rythme notre démocratie dont il est devenu le moment cardinal.
En Europe, six États membres appliquent le vote obligatoire, dont notre pays, emblématique pour la date de mise en place de la mesure, 1893, et sa sévérité, mais aussi la Grèce, le Luxembourg, le Danemark, le Liechtenstein et Chypre. Au total, une dizaine a choisi le vote obligatoire. Certains ayant adopté cette mesure ont toutefois décidé de l’abandonner par la suite. C’est le cas de l’Italie ou des Pays-Bas.
Cette année 2024 sera le théâtre d’un « super scrutin » dans notre pays puisque nous serons amenés à nous prononcer dans le cadre de non moins de cinq élections : législative, régionale et européenne le 9 juin et communale et provinciale le 13 octobre. La Belgique ne sera pas la seule sur la sellette électorale. Des élections présidentielles ont lieu cette année en Finlande, en Slovaquie, en Lituanie et en Roumanie, tandis que les électeurs du Portugal, d’Autriche et de Croatie sont appelés aux urnes pour les législatives.
Les questions européennes, telles que l’immigration et la sécurité aux frontières ou le soutien à l’Ukraine se sont invitées un peu partout, dans les élections nationales. Mais surtout la politique agricole et alimentaire de notre Vieux Continent. Sujets nationaux et européens sont désormais tellement imbriqués qu’il est parfois difficile de les démêler. Le vaste mouvement de grogne porté par les agriculteurs européens en début d’année l’a parfaitement illustré, lui qui a forcé une réforme de la Pac avant l’heure et enflammé les débats, incitant tous les partis à s’intéresser de près à l’agriculture et à l’alimentation qui se sont imposées plus que jamais à tous les niveaux de pouvoir comme des enjeux majeurs pour les citoyens et les décideurs politiques. Tant et si bien qu’au cours de ces derniers mois, beaucoup se sont ainsi employés à édulcorer drastiquement les textes agricoles, voulant se faire le porte-voix des exploitants. Les agriculteurs ont donc rappelé, par leur détermination et leur fermeté, qu’ils constituaient un électorat crucial pour tous les partis politiques, que ce soit au niveau européen, fédéral et régional. Nous leur avons d’ailleurs ouvert nos pages pour leur offrir la possibilité de répondre concrètement aux attentes du secteur agricole et de ses acteurs qui auront réussi à replacer leur métier, ses dimension nourricière, sociale, économique et environnementale au centre du jeu. Un joli tour de force quand même…