Accueil Economie

Assemblée générale de la CBL : tendances et défis d’un secteur qui compte dans l’agroalimentaire!

Les années passent, les défis demeurent pour le secteur laitier. C’est ce qu’a pointé la confédération belge de l’industrie laitière (CBL) qui tenait, le 14 juin dernier à Grand-Bigard, sa traditionnelle assemblée générale annuelle. Livraisons, transformation, prix du lait, cotations, sont autant de points qui ont été abordés par les dirigeants, lesquels ont brossé les contours du rapport économique de l’année écoulée.

Temps de lecture : 7 min

Ces défis, la CBL ne les redoute pas réellement.

Des regrets sur le Nutriscore

Il faut dire que notre pays, qui bénéficie d’un climat favorable à la production et la transformation laitière, est déjà engagé depuis de nombreuses années dans une démarche de durabilité. L’utilisation d’eau de ville et souterraine a, par exemple, diminué de 22 % par litre de lait au cours des dix dernières années.

La présidente de la confédération, Catherine Pycke, a passé en revue, dans son propos liminaire, les atouts des produits laitiers avant de regretter que leurs effets bénéfiques sur la santé ne soient pas davantage pris en compte par le Nutriscore dont le nouvel algorithme frappera le lait entier d’un score « C ».

« Nous plaidons pour que les aliments ne soient pas évalués simplement sur base d’une sélection de nutriments, mais aussi en tenant compte de leur effet final sur la santé sur base d’une approche holistique » a souligné la dirigeante.

Les livraisons de lait en hausse, le nombre de fournisseurs en baisse

Depuis 1986, les livraisons ont augmenté de 38 % et plus précisément de 23 % depuis la suppression des quotas laitiers en 2015, une décision qui a impacté notre secteur laitier.

À titre de comparaison, les livraisons de lait européennes n’ont augmenté depuis 2015 que d’un peu moins de 6 %. Tout comme en 2022, le volume livré en 2023 est supérieur à celui de l’année précédente. 4,383 milliards de litres de lait ont été livrés, ce qui revient à une hausse de 1,5 % par rapport à l’année précédente.

En 2023, le volume moyen livré par exploitation laitière a augmenté de 5 %, pour atteindre 745.008 litres, contre, par exemple… 64.855 en 1980 !

Au cours des dix dernières années, les livraisons moyennes dans notre pays ont augmenté de 91 %. Elles ont donc quasiment doublé.

Qui dit livraisons, dit fournisseurs. La Belgique en comptait 5.884 actifs fin 2023, (ils étaient 45.392 en 1980), dont environ 60 % en Flandre et 40 % en Wallonie. Ce ratio reste constant depuis des années. Le recul observé est de 3,5 % en Flandre contre 3,3 % en Wallonie.

Le nombre de vaches bio en léger recul en Wallonie

La représentante de la CBL a également évoqué la situation du bio. L’on a pu noter que la part du cheptel de vaches bio en Wallonie est, pour la première fois, en très légère baisse (20.361 vaches en 2022 contre 19.306 en 2023). En Flandre, leur nombre est passé de 3.675 en 2022 à 3.500 unités en 2023.

En dépit du recul du nombre de vaches bio, le volume de lait bio livré en 2023 a augmenté de 4 % pour atteindre 115.656 millions de litres en 2023, « ce qui ne représente que 2 % à 3 % du lait livré en Belgique » a précisé Madame Callewaert.

La productivité a donc nettement augmenté par rapport à 2022, particulièrement en Wallonie qui représente à elle seule près de 70 % de la production de lait bio en Belgique.

Le prix annuel du lait reste stable en 2024

En 2022, le prix annuel du lait s’élevait à 55,14 €/100 litres, ce qui correspond à une augmentation de non moins de 43 % par rapport aux prix de 2021, qui étaient déjà supérieurs de 20 % à ceux de l’année précédente. En 2023, il s’établissait à 45,19€, en hausse de 17 % par rapport à 2021.

Un prix qui est resté stable durant le premier trimestre de cette année 2024.

« Les coûts pour les producteurs ont certes augmenté, mais le baromètre laitier a démontré que le revenu de travail est resté supérieur à la moyenne quinquennale sur l’ensemble de l’année 2023 en Flandre quand il est demeuré constamment positif en Wallonie » nous a appris Lien Callewaert.

Cotations à la hausse pour le beurre et la crème

Les cotations avaient augmenté de façon vertigineuse en 2021, une hausse qui s’était poursuivie début 2022 avant de chuter à la fin de l’année.

En 2023, les cotations de la matière grasse du lait ont suivi une évolution différente de celle des protéines du lait. Les cotations du beurre et de la crème ont reculé brièvement début 2023, puis ont repris et ont clôturé l’année à un prix supérieur à celui du début de l’année.

Par contre, les cotations de la poudre de lait écrémé ont légèrement reculé sur les trois premiers trimestres de 2023 pour se stabiliser ensuite à un niveau légèrement plus élevé, mais inférieur à celui de janvier. Les cotations de la poudre de lait entier se sont avérées assez conformes à celles de la poudre de lait écrémé.

Le rétablissement des cotations au quatrième trimestre s’explique essentiellement par les faibles stocks de produits laitiers en fin d’année 2023 et par la prévision d’un ralentissement de la production laitière mondiale.

« 2024 a commencé calmement avec des prix stables pour la poudre de lait écrémé » a annoncé la directrice de la CBL en ajoutant que « les cotations sont reparties à la hausse pour le beurre et la crème en ce début d’année et même de façon remarquable au cours de ces dernières semaines ».

Légère baisse du lait belge transformé dans notre pays

La transformation du lait par l’industrie laitière belge a fortement augmenté ces dernières années et s’élevait à 5.136 milliards de litres de lait en 2022., année où les importations de lait en vrac provenant pour moitié des Pays-Bas avaient été particulièrement élevées.

« Nous arrivons à une transformation de 4.953 milliards de litres de lait (en baisse de 4 % par rapport à 2022) à 90 % d’origine belge en 2023 » indiqué la directrice de la CBL, Lien Callewaert.

La forte hausse de la transformation observée les années précédentes a permis à l’industrie laitière de rendre opérationnelle et de maintenir une unité de transformation performante et d’une échelle suffisante.

« Ceci profite aux exportations et à la balance commerciale » a noté la représentante de la confédération.

La mozzarella se taille la part du lion

« L’industrie laitière belge transforme, en termes de matière grasse et de protéine, la majeure partie de son lait en crème, poudre de lait et fromage » a pointé Lien Callewaert.

En 2023, le lait était valorisé pour 21,1 % en fromage (contre 13,9 % en 2005) pour 23,1 % en crème (contre 17,3 % en 2005) tandis que la part de lait en poudre est passée à 23,3 % (contre 30,3 % en 2005). Quant à la crème, elle a atteint, en 2023, le chiffre de 23,1 %.

Dans la catégorie des produits laitiers frais, la tendance est essentiellement à la hausse (de 2 %) en 2023. La production de crème et de desserts est en nette augmentation, de l’ordre de 4 % environ. Celle de fromage frais, qui affichait des reculs systématiques il y a quelques années, a connu une embellie en 2020 qui s’est traduite par une hausse de 12 % en 2023.

Et c’est tout l’inverse du fromage fondu dont le niveau de production reste désespérément inférieur à celui de 2020.

Dans la part du fromage, c’est bien la mozzarella qui a indéniablement le vent en poupe. Sa production continue d’augmenter et avec une hausse de 18 %, elle a représenté en 2023 près des trois-quarts de la part du fromage nature.

Enfin, la part du beurre a diminué de 1,5 % par rapport à l’année précédente.

Les faibles marges de l’industrie laitière

Avec un chiffre d’affaires de 7 milliards € en 2023, l’industrie laitière représente tout de même 9 % de l’ensemble de l’industrie alimentaire dans notre pays.

Des chiffres qui « contrastent fortement avec les faibles marges de l’industrie laitière, qui sont même tombées à 1,03 % en 2022 » a commenté Lien Callewaert. Et de renchérir dans la foulée qu’il s’agit « d’un énorme défi pour le secteur » sachant que les investissements n’ont jamais été aussi élevés et avoisinent tout doucement des 200 millions €…

Sébastien Buytaert, nouveau président de la CBL

L’assemblée générale a, par ailleurs, été l’occasion pour Catherine Pycke, de présenter officiellement Sébastien Buytaert qui sera son successeur à la présidence de la CBL.

CEO de Lactalis Benelux, il est un fin connaisseur des marchés et de l’organe d’administration de la CBL où il siège depuis près de dix ans.

Marie-France Vienne

A lire aussi en Economie

Voir plus d'articles

Trouvez un emploi dans le secteur agricole et horticole

Centre wallon de Recherches agronomiques - CRA-W

Luxembourg, Belgique

Postuler maintenant

Trouvez l'employé qui vous convient vraiment.

Publier une offre d'emploi
Voir toutes les offres d'emploi