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La plateforme d’essais Certis Belchim: nouveautés, recherches et conseils pour gagner en efficacité

Début de l’été et comme chaque année, Certis Belchim ouvrait les portes de sa station d’essais située à Londerzeel. L’occasion pour la société de mettre en avant quelques nouveautés dont un nouveau fongicide contre le mildiou nommé Areli qui sera disponible sur le marché à partir de la saison 2025.

Temps de lecture : 7 min

Dans le double contexte de résistance accrue de certaines souches de mildiou et de suppressions de matières actives et/ou difficultés d’homologation de nouvelles substances, l’Areli est présenté comme la star de la gamme. Il s’agit d’une coformulation de cyazofamid (80g/l) – même matière active que le Ranman Top (160g/l) d’ISK, actionnaire de Certis Belchim- et de 150g/l de valifénalate, matière active propre à la société. « La substance était notamment présente dans le Valis M en association avec le mancozèbe. Suite au retrait de ce dernier, le produit a été enlevé du marché. L’Areli intervient dans des circonstances d’évolution des souches de mildiou moins sensibles ou résistantes à certaines familles. La famille des CAA (Carboxylic Acides Amides) dont fait partie la valifénalate est concernée et était jusqu’ici souvent employée seule. Avec l’Areli, on lui apporte un partenaire et le protège. Contrairement au Ranman Top qu’on positionne en fin de saison, ce fongicide va intervenir un peu plus tôt. Il répond donc assez bien aux nouvelles recommandations FRAC », explique Gilles Warnon, responsable développement grandes cultures chez Certis Belchim.

Privilégier les mélanges et alterner les modes d’actions

Dans les laboratoires de Certis Belchim, les souches de mildiou sont suivies de près : « En pommes de terre, il y a du changement chaque année et nous nous employons a tester l'efficacité des matières actives disponibles sur les différentes souches. Nous réalisons, entre autres, des tests avec la souche 43, dont une partie de la population est résistance aux fongicides de la famille des CAA mais depuis l'année passée aussi à l'oxathiapiproline. Un nouveau génétotype « 46 » a également été détecté aux Pays-Bas et en Allemagne. Notre boulot, c'est de suivre ces résistances, entre autre via nos tests en laboratoire. Ensuite, nous simulons des conditions de champs et identifions les traitements et stratégies efficaces, qui évitent de sélectionner des souches avec des résistances. Nous avons notamment pu confirmer que les mélanges d’un mode d’action préventif sans résistance avec un mode d’action présentant potentiellement une résistance étaient une bonne stratégie. Comme nous ne connaissons pas la ou les souches présentes au moment du traitement, il est important de ne pas arrêter les fongicides présentant une résistance mais de combiner des produits préventifs avec différents modes d'actions et les alterner afin ne pas mettre la pression de sélection sur d'autres molécules. Le nouvel Areli présente déjà deux modes d’action avec un effet de défense de la plante du valifénalate qui a un impact sur les souches 43 ce qui montre bien l’intérêt des mélanges. », explique Audrey Derumier, responsable au laboratoire belge de Certis Belchim.

Des essais préventifs et curatifs

Sur le terrain, deux types d’essais, curatifs et préventifs, ont été réalisés sur des pommes de terre en pots inoculées avec les souches 43 et 36 du mildiou.

Pour le traitement curatif, les premières interventions ont eu lieu 24h après la pulvérisation du mélange de spores : « Les différents tests et associations réalisés ont confirmé les enseignements déjà tirés des anciens essais à savoir l’inefficacité du Ranman Top seul en curatif puisqu’il agit en préventif. Par contre, le Cymbal 45 (450g/kg cymoxanil) va aller rechercher l’infection. On remarque aussi l’intérêt du Sporax (722g/l chlorhydrate de propamocarbe) dont l’effet antisporulant va stopper le cycle. Enfin, le Simpro (400g/l chlorhydrate de propamocarbe, 50g/l cymoxanil) associé au Ranman Top reste notre conseil en cas de mildiou déclaré puisqu’il combine l’effet tueur de spores, l’antisporulant et la prévention, on agit à tous les niveaux contre le mildiou », détaille Gilles Warnon.

Dans les essais préventifs, trois traitements fongicides ont été réalisés. L’ensemble des pots ont été inoculés 4 jours après le dernier traitement. « Le Ranman Top confirme son efficacité. Il a été testé avec différents partenaires tel que le Shirlan (500g/l fluazinam) qui apporte une valeur ajoutée. Mais, c’est l’Areli qui tire véritablement son épingle du jeu ».

Deux types d’essais, curatifs et préventifs, ont été réalisés sur des pommes de terre en pots inoculées avec les souches 43 et 36 du mildiou.
Deux types d’essais, curatifs et préventifs, ont été réalisés sur des pommes de terre en pots inoculées avec les souches 43 et 36 du mildiou. - D.J.

Penser au stockage et aux repousses de pommes de terre

L’agronome rappelle aussi l’intérêt du régulateur de croissance Crown SL (60g/l hydrazide maléique, sel de potassium) pour prévenir la germination des pommes de terre lors du stockage mais également résoudre les problèmes de repousses. « Des tests ont été menés avec des pommes de terre traitées de l’année passée et le résultat est positif puisque les repousses sont absentes ». Un essai sur l’importance du positionnement de ce produit a également été réalisé. En effet, la société insiste sur le fait d’intervenir sur un feuillage sain,avec min 80% des tubercules supérieur à 35mm de diamètre, 24 à 48h sans pluie après le traitement et ne pas appliquer si la température est supérieur à 25°C. « Si on n’intervient pas à ce moment-là, les conditions risquent de se dégrader et on s’expose à des problèmes de repousses et/ou stockage ».

Information également utile à relever, le Monarch (460g/l flutolanil), fongicide pour le traitement des plants contre le rhizoctone a récemment obtenu une agréation pour son utilisation sur la planteuse ce qui permet d’éviter les risques de contamination croisée en céréales via le stockage dans le même endroit que des plants traités ou encore l'utilisation des remorques ayant transporté ceux-ci.

Pour lutter contre la cercosporiose en betteraves

La plateforme est aussi l’occasion du lancement du fongicide Panorama (90g/l metconazole, 250g/l prothioconazole), de Globachem, fournisseur de la société, agréé en céréales et colza mais également et surtout en betteraves sucrières et fourragères où il s'agit de deux nouvelles matiéres actives. « Les solutions étant de plus en plus réduites, cette nouveauté est intéressante et à montrer de bons résultats dans les essais ».

L’Exsentia pour booster l’effet contre le souchet.

Autre problématique étudiée, celle du souchet comestible difficile à contrôler et éradiquer. « On peut agir en maïs avec, notamment, la mésotrione et la pyridate (Osorno -100g/l mésotrionee, t Onyx – 600g/l pyridate).

Extension d’agréation pour le Lentagran 45 WP

L’herbicide Lentagran 45 WP (450 g/kg pyridate) déjà agréé pour des légumes tels que les choux a obtenu des extensions pour la carotte, les pois secs et de conserverie. « Du fait de la problématique de la bentazone, cette autorisation était très attendue en pois en tant que solution de correction. Néanmoins, l’intervention doit se faire sur plus petites mauvaises herbes. Il ne faut donc pas arriver trop tardivement. Nos essais ont également montré l’importance de respecter certaines conditions d’application. En effet, le produit est plus sélectif quand la cuticule des plantes est bien formée. Par temps humide, la cuticule a tendance à diminuer rendant le produit plus agressif vis-à-vis de la culture. On conseille donc d’intervenir sur plantes et sol secs, c’est-à-dire après deux jours sans pluie sinon la cuticule n’est pas totalement reformée ».

L’herbicide Lentagran 45 WP a obtenu des extensions pour la carotte, les pois secs et de conserverie.
L’herbicide Lentagran 45 WP a obtenu des extensions pour la carotte, les pois secs et de conserverie. - D.J.

Beloukha: le produit et la méthode

Des essais d’application localisée de l’herbicide totale naturel Beloukha (680g/l acide pélargonique) par le pulvérisateur intelligent Ecorobotix ont aussi été menés. Une dérogation de 120 jours a été obtenue en haricots afin de pouvoir envisager son application localisée en cultures de printemps. « Il est actuellement autorisé en tant que défanant ou en préémergence en plain champ en oignons ou autres petites cultures. Il est particulièrement efficace par temps séchant puisqu’il décape la cuticule des plantes et les expose aux éléments extérieurs.»

Le nouveau pulvérisateur de la ferme expérimental est doté de 756 jets.
Le nouveau pulvérisateur de la ferme expérimental est doté de 756 jets. - D.J.

Un nouveau pulvérisateur pour gagner en professionnalisme et efficacité

Enfin, la plateforme s’est récemment pourvue d’un nouveau pulvérisateur pour les essais. « Celui-ci a été élaboré sur mesure, suivant les dimensions des essais. Il nous permettra de gagner du temps et d’être plus proches de la pratique réelle. Avant, l’ensemble des essais étaient pulvérisés manuellement, avec des jets fins, adaptés à la vitesse de marche de l’homme. Dorénavant, on pourra aller encore un cran plus loin avec des jets typés pratiques, une action plus aisée dans les fenêtres d’interventions réduites qui se présentent à nous et une protection accrue de l’opérateur. Le pulvérisateur peut également être utilisé en généralisé ce qui nous affranchira aussi de l’intervention d’entrepreneurs tiers ». Et de conclure : « Tout cela confirme la volonté de la société de gagner en professionnalisme et efficacité et d’investir dans la recherche expérimentale ».

Delphine Jaunard

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