Accueil Animaux

Marchés agricoles européens: le porc en repli, derrière la volaille et la viande bovine

Si la viande de volaille s’affiche en net progrès, tant sur le plan de la production que des exportations, la dynamique est différente pour les autres filières. Ainsi, la situation sanitaire actuelle pèse lourdement sur le secteur ovin, tandis que la filière porcine fait face à une concurrence accrue du Brésil et des États-Unis. Quant à la viande bovine, elle voit ses exportations croître, bien que l’offre s’affaiblisse.

Temps de lecture : 6 min

Outre le lait et les produits laitiers (lire ici), la Direction générale de l’Agriculture et du Développement rural de la Commission européenne, dans ses perspectives à court terme pour les marchés agricoles, livre son regard sur l’évolution des marchés viandeux d’ici la fin de l’année mais aussi pour 2025 (tableau 1).

Moins de viande bovine

La production de viande bovine (veaux inclus) a augmenté de 3 % au premier semestre de cette année en raison de multiples causes, telles que les mauvaises conditions de pâturage observées dans certaines régions d’Europe et une demande croissante de certains importateurs, parmi lesquels la Turquie. Toutefois, à l’échelle annuelle, un léger recul (-0,5 %) devrait être enregistré, en raison d’une pénurie de jeunes bovins dans certains pays (Italie et Espagne, notamment). In fine, la production 2024 devrait culminer à 6,37 mtéc (millions de tonnes équivalent carcasse).

Selon les experts européens, l’offre restreinte permet de soutenir les prix payés aux producteurs. « La modération des prix des aliments pour animaux et les prix élevés des carcasses devraient générer de meilleures marges pour les engraisseurs », ajoutent-ils.

En 2025, la tendance à la baisse de la production devrait se poursuivre (-1 %), en raison de la diminution de la taille des cheptels.

Malgré une offre limitée, les exportations ont augmenté au cours du premier semestre (+41.600 t ou +17 %). Le marché turc, déjà évoqué ci-dessus, est le principal moteur (+28.100 t) de cette croissance. S’y ajoutent l’Algérie, la Suisse et les Philippines. D’ici à la fin de l’année, les exportations européennes devraient bondir de 10 %, à 0,58 mtéc. Au cours de la même période, les exportations d’animaux vivants ont chuté de 16 %. Une perte de 12 % est attendue à l’échelle annuelle (2 % en 2025).

Du côté des importations de viande, une baisse de 2 % est avancée pour 2024 et de 1,5 % pour l’an prochain.

Enfin, les prix demeurant élevés, la consommation de viande bovine par habitant devrait diminuer légèrement pour atteindre 9,6 kg (-1,7 %) cette année. Le taux d’autosuffisance est, lui, évalué à 107 %.

Le porc recule dans les échanges internationaux

Au cours du premier semestre, la production de viande porcine a progressé de 1,7 %, tirée principalement par la Pologne, la Hongrie et l’Allemagne. L’augmentation de l’offre, combinée à une demande réduite, a entraîné une baisse des prix dès le mois de mai, même si la cotation moyenne est restée nettement supérieure à la moyenne quinquennale. « Les prix des aliments pour animaux et des porcelets ayant fléchi, les marges sont restées raisonnablement positives au cours du premier semestre de l’année », estiment les rapporteurs de la Commission européenne. Ils notent toutefois que la présence de la peste porcine africaine sur le territoire européen constitue un risque majeur.

Dans l’ensemble, une dépréciation de la production de 0,5 %, à 20,72 mtéc, est attendue pour 2024. Une tendance similaire est projetée pour l’année prochaine (-0,2 %, à 20,69 mtéc).

Les prix de la viande porcine étant supérieurs à la moyenne quinquennale, les exportations chancellent elles aussi. Ainsi, au premier semestre, une baisse significative de 6 % a été enregistrée. Avec un pic à -27 % pour la Chine ! Par ailleurs, la forte concurrence émanant du Brésil et des États-Unis a compliqué les exportations vers certains marchés a haute valeur ajoutée, comme le Japon et l’Australie. Des gains ont néanmoins été enregistrés sur certains autres secteurs (tels que les Philippines et le Vietnam) bien que ceux-ci soient à plus faible valeur ajoutée.

D’ici la fin de l’année, l’export européen de viande porcine pourrait s’affaiblir de 2,5 %, à 2,93 mtéc. Si l’écart de prix entre l’Europe et ses concurrents continue à se réduire, les exportations pourraient reprendre quelques couleurs. Néanmoins, les projections actuelles évoquent un nouveau recul pour 2025 (-2 %).

Du côté des importations, dont deux tiers proviennent du Royaume-Uni, un ralentissement global est annoncé (-1,5 % en 2024, -2 % en 2025).

Enfin, la consommation se montre stable, à 30,9 kg/personne. Le taux d’autosuffisance se maintient à 116 %, comme en 2023.

La volaille, en très bonne forme

La production de volaille au sein de l’Union européenne poursuit sur lancée, amorcée en 2023, et se montre donc en hausse. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : moindre incidence de la grippe aviaire H5N1, aliments financièrement plus abordables et prix favorables pour les éleveurs. Résultat : au cours du premier semestre, les abattages ont grimpé de 4,7 %. La production a augmenté dans presque tous les pays, et plus particulièrement en France et en Hongrie. D’ici fin décembre, la production devrait s’établir à 13,92 mtéc, soit une croissance soutenue de 4 %.

La progression serait plus faible pour l’année prochaine (+0,9 %). L’UE explique cela par une certaine stabilité observée au niveau de la demande mondiale ainsi que la concurrence des autres viandes. En outre, des risques en matière de grippe aviaire ne sont pas à exclure !

Les prix de la volaille ont augmenté régulièrement au cours du premier semestre. Ils restent supérieurs, sur les marchés européens, à 2.500 €/t.

Entre janvier et juin, les exportations ont nettement progressé (+11 %), en particulier vers le Royaume-Uni et la plupart des destinations en Afrique et en Asie. En revanche, elles ont diminué vers l’Ukraine. D’ici la fin de l’année, elles devraient croître de 3 % (à 1,88 mtéc) et pourraient se maintenir en 2025 si les débouchés traditionnels de l’UE ne flanchent pas. Les importations, elles, devraient reculer de 0,5 %.

L’augmentation de la disponibilité intérieure et l’image favorable dont jouit la volaille par rapport à d’autres protéines animales devraient entraîner une hausse de la consommation, à 25,1 kg/habitant (+3,5 %, soit +1 kg). En 2025, elle pourrait se stabiliser à 25,2 kg (+0,6 %).

Le taux d’autosuffisance culmine à 108 %.

Le poids de la situation sanitaire sur les ovins et caprins

Du côté des ovins et caprins, la production de viande a chuté de 7,4 % au cours du premier semestre, en raison du déclin structurel des troupeaux mais aussi des conditions météo défavorables. L’Espagne et la France ont été durement touchées (respectivement -10 % et -6 %). La situation sanitaire actuelle pourrait affecter davantage encore la disponibilité en animaux d’ici la fin de l’année. Dans l’ensemble, les experts de la Commission européenne s’attendent à un recul de la production de 5 %, à 0,51 mtéc. La tendance baissière se poursuivrait en 2025, mais plus légèrement (-1 %).

Côté commerce international, les exportations se sont écroulées de 14 %, en raison des prix relativement élevés enregistrés sur le Vieux Continent et de la baisse de la compétitivité européenne qui en découle. In fine, cela se traduirait par une chute de 10 % d’ici fin 2024. À condition que les prix baissent, les exportations pourraient redémarrer l’année prochaine (+2 %, selon les projections). Les importations pourraient, quant à elles, enregistrer un progrès de 2 %, tant en 2024 qu’en 2025.

La consommation de viande ovine devrait être impactée par la situation actuelle. En effet, bien qu’elle occupe une place favorable dans le panier des consommateurs en tant que produit saisonnier et traditionnel, la combinaison d’une moindre disponibilité et de prix élevés devrait se traduire en une légère baisse de la consommation, à 1,2 kg/habitant (-3,2 %). Le tout, avec un taux d’autosuffisance évalué à 88 %.

Jérémy Vandegoor

A lire aussi en Animaux

Pour la première fois, le bio wallon s’affiche en léger recul

Economie Si la tendance se dessinait depuis plusieurs mois déjà, les chiffres viennent le confirmer : pour la première fois depuis 2003, le nombre de fermes bio et la superficie qui leur est associée ont légèrement baissé en Wallonie. Cela témoigne de l’impact des crises successives qui ont pesé tant sur les producteurs que sur les consommateurs, ces derniers ayant moins acheté de produits bio en 2022 et 2023.
Voir plus d'articles

Trouvez un emploi dans le secteur agricole et horticole

Centre wallon de Recherches agronomiques - CRA-W

Luxembourg, Belgique

Postuler maintenant

Trouvez l'employé qui vous convient vraiment.

Publier une offre d'emploi
Voir toutes les offres d'emploi