Osons la jeunesse !

Le renouvellement des générations pose des défis majeurs. S’il est bien une phrase qui résonne, telle une antienne en ruralité, c’est bien celle-ci. Et que dire de son triste corollaire sur l’âge moyen de l’agriculteur européen, sans parler de l’Europe qui perd 1.000 exploitations agricoles chaque jour. Des constats qui sont autant de vieilles lunes aussi inexorables que la pluie ou le gris de Wallonie en hiver. Et si nous osions l’optimisme, et si nous refusions l’enlisement dans un prêt-à-penser qui verse systématiquement dans une triste fatalité ? Les raisons d’espérer existent et nous souhaitons croire en ce frémissement positif esquissé dès la fin de l’année dernière, lorsque le conseil de l’UE approuvait des conclusions intitulées « Fournir des perspectives glocales (globales et locales, ndlr) aux jeunes vivant dans les zones rurales et éloignées ». Ces conclusions appellent les États membres à intensifier leurs efforts pour moderniser les infrastructures numériques, diversifier les opportunités d’emploi dans des secteurs porteurs, comme l’agriculture durable ou l’adaptation au changement climatique, et promouvoir une participation plus importante des jeunes aux processus décisionnels locaux. Les Vingt-sept se sont engagés à faciliter la transmission intergénérationnelle en renforçant les soutiens aux jeunes agriculteurs et entrepreneurs, en les aidant à démarrer des activités agricoles, en encourageant la transmission des exploitations et en rendant l’agriculture plus attrayante, ainsi que la politique agricole commune. Parmi les autres engagements : fournir un accès à des infrastructures, des ressources, des programmes de formation. Et de souligner enfin qu’il est donc essentiel d’investir dans des technologies permettant d’économiser et d’améliorer la qualité du travail de la main-d’œuvre agricole.
La question de l’installation et du renouvellement des générations en agriculture constitue la pierre angulaire du travail du commissaire Christophe Hansen, qui dévoilera en février sa « Vision pour l’agriculture et l’alimentation ». Il l’a déjà fait savoir en ce début d’année lors de sa participation au premier Dialogue de la jeunesse. La semaine passée, neuf organisations représentant la jeunesse dans les secteurs de l’agriculture, de l’alimentation, des zones rurales et de l’environnement ont demandé, dans une déclaration commune, que leur voix soit mieux prise en compte dans le processus d’élaboration des politiques. Enfin, au moment où vous lisez ces lignes, se déroule à l’université de Namur un colloque organisé par le SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement. Son intitulé, « Lumière sur les jeunes agriculteurs, aperçu des constats et défis, analyse des statistiques récentes et des tendances émergentes concernant la nouvelle génération », porte les ferments d’une promesse. Celle de l’aube ? À défaut des bonnes feuilles du roman de Romain Gary, nous nous ferons écho de cette réunion dans un prochain numéro de votre Sillon Belge.