Un ambitieux chantier

Après les Assises wallonnes de la terre, convoquées en 2022 par Willy Borsus dans le but de mieux cerner l’évolution du foncier agricole dans notre région, c’est à un autre épineux dossier que s’attaque le Gouvernement wallon. Dans une interview donnée à nos confrères du journal Le Soir, la ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, a fait part de sa volonté de lancer des États généraux de la protection des cultures.
Le sujet est sensible. Entre les agriculteurs qui souhaitent, légitimement, disposer des moyens nécessaires à la protection de leurs cultures, et les associations et autres riverains qui s’inquiètent, à tort ou à raison selon les situations, de l’impact des produits de protection des plantes sur la santé ou l’environnement, le débat peut rapidement devenir explosif. Surtout si on saupoudre le tout d’une inutile opposition entre agriculture bio et conventionnelle, comme le font certains.
La ministre s’attaque à un « sacré morceau » et entend y consacrer le temps et les moyens nécessaires. « Arrêtons de poser des constats et prenons le temps de réunir tout le monde au sein de chaque filière pour faire un état des lieux des outils qui existent aujourd’hui et de ce qui manque pour avoir une boîte à outils suffisamment étoffée pour pouvoir assurer la protection des cultures sans compromettre la santé, l’environnement et la sécurité alimentaire », annonce-t-elle, toujours auprès de nos confrères.
Ce travail, Anne-Catherine Dalcq ne l’envisage pas seule. Et on ne peut que lui donner raison ! Les différents acteurs de la filière seront conviés, d’autant que tous sont confrontés à la même problématique et réalisent, année après année, des efforts mais constatent également que la disparition des matières actives s’accélère alors que (trop) peu d’alternatives voient le jour.
Sont donc attendus, pour des discussions pilotées par le Centre wallon de recherches agronomiques : les phytopharmaciens, les constructeurs et vendeurs de machines agricoles, les semenciers, les acteurs du bio et de l’agroécologie, les centres pilotes, les syndicats… Soit énormément de monde, mais avant tout et surtout de fins connaisseurs du milieu agricole, auxquels s’ajoutera, en toute logique, le ministre wallon de l’Environnement, Yves Coppieters.
On ne saurait qu’apprécier l’initiative. En faisant appel à l’expertise des acteurs de terrain, qui ne connaissent que trop bien les besoins et contraintes des agriculteurs, ces derniers devraient être rassurés. Et ce, alors qu’ils soulignent fréquemment que certaines mesures prises par l’administration sont déconnectées de leur quotidien. Faut-il y voir un clin d’œil de la ministre, se remémorant ses origines agricoles ?
L’enjeu est, toutefois, de taille : garantir aux agriculteurs des solutions viables et efficaces pour protéger leurs cultures, alors que certaines décisions relèvent directement de l’Union européenne, tout en répondant aux attentes sociétales en matière d’environnement et de santé publique.
Les travaux sont programmés de septembre à février et déboucheront sur un document de bonnes pratiques à adopter qui sera transmis à tous les agriculteurs. Que contiendra-t-il ? Satisfera-t-il les attentes de tout un chacun ? Réponse dans quelques mois !