Parmi les jeunes qui ont renseigné leur formation auprès de l’OPW, 36 % ont déclaré avoir suivi un enseignement secondaire qualifiant, 36 % des cours post-scolaires en agriculture (ex-cours B), 15 % ont effectué un baccalauréat, 9 % un master en orientation agricole.
« Parmi ceux qui se sont installés il y a moins de cinq ans, on enregistre une évolution à la hausse de l’ordre de 5 % des jeunes qui ont suivi des cours post-scolaires » a précisé Mme Noiret, ajoutant que « les femmes suivent en général plus de formations post-scolaires que leurs pendants masculins ».
Au niveau du statut social, les jeunes agriculteurs s’installent davantage que leurs aînés à titre principal, notamment dans les spéculations qui réclament le plus de travail d’astreinte, comme les bovins laitiers. C’est en grandes cultures (où les possibilités de déléguer sont plus nombreuses) et en bovins viandeux que l’on observe le plus d’installations à titre complémentaire. Une tendance qui se renforce dans le paysage des agriculteurs qui se sont installés il y a moins de cinq ans.
Plus d’hectares, plus de bovins
Les exploitations gérées par de jeunes agriculteurs, qui ont tendance à s’installer dans 53 % des cas en association, se déploient en moyenne sur 75 ha, abritent 210 bovins et dégagent une production brute standard (chiffre d’affaires estimé) de 258.871€.
Si elles sont en général plus grandes tant en superficie qu’en nombre de bovins que la moyenne wallonne, les chiffres de ses exploitations doivent être mis en regard de la main-d’œuvre plus importante (1,8 actif sur celles qui sont gérées par des jeunes contre 1,4 pour les autres).
Une grande majorité des jeunes agriculteurs a choisi le statut de « personne physique » ou « groupement de personnes physiques » tandis que 14,2 % des exploitations gérées par au moins un jeune se sont orientées vers celui « de personne morale ».
Ces exploitations détiennent 33 % du cheptel bovin total, 38 % des vaches laitières et 29 % des vaches viandeuses.
« Nous observons une hyper spécialisation en bovins puisque près de 91 % de ce cheptel se trouve dans les exploitations dédiées à cette spéculation et les exploitations de polyculture élevage » ponctue Aurélie Noiret.
Les bovins laitiers… et les poules pondeuses ont la cote
Les exploitations spécialisées en bovins (laitiers, viandeux ou combinant laitiers et viandeux) prédominent et représentent 49 % des exploitations avec des jeunes tandis qu’une exploitation sur quatre est en grandes cultures.
Pour rendre compte de l’évolution des tendances chez les jeunes par rapport à la globalité du secteur, la DAEA un introduit la notion de taux de renouvellement dans son étude qui correspond à la part des exploitations comportant au moins un jeune sur l’ensemble de chaque orientation technico-économique (OTE).
Lors de l’examen de la place des jeunes et de leurs exploitations au sein de chaque OTE, il ressort que c’est en grandes cultures que la part des jeunes est la moins importante. « Il s’agit d’exploitations où le prix de la terre est très élevé et qui sont plus difficilement cédées. C’est donc dans ce secteur que l’on rencontre le moins de jeunes agriculteurs » déroule la représentante de la DAEA.
Il est suivi de près par le secteur bovin viandeux qui fait face à une réalité économique plus difficile. A contrario, la spéculation bovine laitière, qui a connu une embellie au cours de ces dernières années, séduit davantage de jeunes.
D’autres spéculations remportent aussi l’adhésion des jeunes. C’est le cas de l’horticulture où une exploitation sur trois comporte un jeune. Dans le secteur ovin, on retrouve un jeune dans 29 % des exploitations, et dans… 43 % de celles qui font des poules pondeuses.
Cette Pac qui aide les jeunes
Les jeunes sont bénéficiaires d’aides de la Pac à hauteur d’un montant moyen de 34.140€, ce qui représente 30 % du premier pilier et 27,2 % des aides surfaciques du second pilier.
L’aide complémentaire au revenu pour les 100 premiers ha a été sollicitée par 23,7 % des exploitations gérées par des jeunes agriculteurs pour un montant moyen de 9.543 €.
Il faut savoir « qu’ils peuvent demander à en bénéficier dans les cinq années qui suivent leur installation, du moins pour autant qu’ils répondent à la définition des jeunes agriculteurs » souligne Aurélie Noiret qui nous apprend que 236 dossiers ont été octroyés dans le cadre des aides à l’installation depuis le 1er janvier 2023 pour un montant de 16 millions €, soit 70.000€ par dossier.
Le critère « jeune agriculteur » a été activé dans 78 % des dossiers de demandes d’aides à l’investissement, ce qui représente 84 % du budget octroyé aux exploitations comprenant au moins un jeune.
Pour les aides à l’investissement pour la diversification agricole, le chiffre se monte à 71 % des dossiers et concerne 86 % du budget pour ces exploitations. Enfin, pour les aides à l’investissement pour la transformation, seul un dossier ne concernait pas de jeune agriculteur.
Encourager et accompagner l’installation et la transmission
Parmi les exploitations occupant un jeune agriculteur, 40 % sont cogérées par des jeunes avec des agriculteurs âgés de 41 à 65 ans, 5 % en collaboration avec d’autres jeunes agriculteurs, et 8 % avec des personnes de plus de 65 ans. Ce type de gestion, qui s’inscrit dans une démarche de transmission, est très courante dans les exploitations spécialisées en bovins laitiers ou combinant bovins laitiers et viandeux.
La Wallonie compte actuellement 4.781 exploitations gérées par des agriculteurs âgés de 57 et plus, qui seront donc potentiellement à reprendre à l’horizon de dix ans. Elles sont principalement actives dans les spéculations dédiées aux grandes cultures suivies par les bovins viandeux.
Avec une SAU moyenne de 42ha, ces terres représentent en tout un peu plus de 200.000 hadu territoire wallon.
Si ces 4781 arrêtent pendant les 10 prochaines années, cela représentera 478 sorties alors qu’il y a eu 260 entrées par an dans le secteur agricole en moyenne ces cinq dernières années. Des chiffres qui montrent toute l’importance d’accompagner l’installation des jeunes et la transmission des exploitations entre les générations afin de ralentir la chute de leur nombre en Wallonie.
Réflexion sur le bail à ferme
La ministre Anne-Catherine Dalcq n’a pas dit autre chose lors de son intervention au cours de laquelle elle a insisté sur la notion d’accès à la terre et appelé à s’emparer du dossier relatif au foncier agricole. Et de rappeler qu’aujourd’hui deux tiers des terres cultivées en Wallonie sont en location.
« On constate une diminution du nombre de baux, c’est pour cette raison qu’il faut mener une réflexion afin que les propriétaires continuent à en conclure » a insisté la responsable libérale qui a rebondi sur l’importance des aides à l’installation aussi hors cadre familial.
« Il faut permettre aux personnes qui ont la vocation et la passion de l’agriculture de leur mettre le pied à l’étrier » a-t-elle développé en appelant de ses vœux une autre réflexion globale quant aux capitaux, aux mesures relatives à l’installation, aux investissements, à la question de l’agriculteur actif.
Un an presque jour pour jour après les manifestations qui ont déferlé dans les rues de la capitale, Anne-Catherine Dalcq a évoqué la question « fondamentale » du revenu mais aussi du prix juste pour les productions agricoles. Et d’évoquer, parmi les leviers pour améliorer ces deux points, la concertation chaîne au niveau fédéral ou encore la question de la multiplication des labels qui perturbent plus qu’ils n’informent les consommateurs.
La libérale s’est référée à la déclaration de politique régionale dont elle a pointé la volonté de mettre en place des repères forts permettant aux consommateurs de reconnaître au premier coup d’œil les produits issus l’agriculture familiale wallonne et donc les producteurs qu’ils ont si bien soutenus début 2024.
Marie-France Vienne