Une entreprise familiale ancrée dans la culture de betteraves
Dans la logistique du transport des betteraves, chaque acteur a un rôle précis. Agriculteurs, entrepreneurs, transporteurs et sucrerie : chacun contribue au complexe édifice logistique qu’est la campagne betteravière. Partons à la rencontre de l’entreprise agricole Fromont-Menu à Estinnes, qui sous-traite le chargement des tas de betteraves.

Accueilli par Thierry Menu mais très vite rejoint par le frère Olivier, l’oncle Michel, le cousin Vincent et puis les fils Maxence, Florentin et Amandin, c’est au siège de l’entreprise qu’a lieu la rencontre. Les murs ornés de miniatures d’engins agricoles, on comprend très vite que la mécanique et l’agriculture coule dans leurs veines.
L’entreprise Fromont – Menu, originaire d’Estinnes, dans le Hainaut, est une affaire familiale de travaux agricoles depuis quatre générations. Tout a débuté avec Maxime, le grand-père, qui s’est lancé dans l’entrepreneuriat avec une moissonneuse. Au fil des années, la boîte s’est agrandie avec l’arrivée des générations suivantes, en se spécialisant dans les cultures de céréales et de betterave.
Un rôle bien défini dans la chaîne logistique
«Nous avons commencé le chargement des betteraves en 1992, avec des grues avant de passer à l’avaleuse. Nous faisons de la sous-traitance et répondons aux demandes de l’agronome», explique Thierry. La Raffinerie Tirlemontoise (RT), par le biais de ses agronomes, orchestre la gestion du chargement et du transport des betteraves depuis le champ jusqu’à l’usine. «Nous sommes directement en contact avec l’agronome qui nous transmet les plannings et nous nous chargeons seulement du chargement».
Le transport par camions est confié à des équipes de chauffeurs travaillant sous contrat avec la sucrerie. En général, ces équipes sont les mêmes d’années en années. Les relations avec les transporteurs sont directement établies par l’usine qui définit également les horaires et les itinéraires en fonction des volumes à charger.
«Nous chargeons même en France»
«Notre secteur varie selon les années suivant la quantité de racines à charger», continue Thierry. En fonction du nombre d’hectares et donc du tonnage de betteraves, les agronomes de la RT répartissent et définissent un secteur par avaleuse, en tenant compte du temps de travail de chaque machine. Certaines travaillent 18h par jour tandis que d’autres chargent 24h sur 24.
La répartition des chargements se fait de manière équilibrée, dans le but de terminer la campagne au même moment. Si un site voit son volume de betteraves augmenter, un ajustement est réalisé, déplaçant des ressources du secteur plus chargé vers un secteur aux alentours. «Notre secteur peut s’étendre de Fontaine-Valmont à Seneffe. Nous chargeons également jusque Roisin et en France, du côté de Wargnies-le-Grand».
Travailler en continu
Dans le cas de l’entreprise Fromont-Menu, l’avaleuse fonctionne en continu grâce à un roulement de chauffeurs. Cette manière de travailler assure le chargement des betteraves sans interruption. Le personnel travaille par pause de 12h pour maintenir le flux, avec des chauffeurs de jour et de nuit ainsi que des périodes de récupération adaptées, en respect de la législation. «Nous avons aussi généralement une pause de jour le dimanche, de 5h du matin à 18 ou 19h». D’autres interruptions sont également programmées durant la semaine pour permettre l’entretien de l’avaleuse, le ravitaillement en carburant, etc.
Une campagne compliquée
Malgré une bonne planification des chargements, des imprévus surviennent toujours : pannes, conditions météorologiques défavorables ou retards à l’usine. «Cette année a vraiment été en dents de scie et n’est pas une référence concernant l’organisation des chargements», précise Thierry. L’avaleuse a été à l’arrêt à de nombreuses reprises.
«Notre secteur peut s’étendre de Fontaine-Valmont à Seneffe, en passant par Roisin et la France, du côté de Wargnies-le-Grand»
«Nous avons parfois été stoppé trois jours de suite, ce qui correspond à six pauses. Les chauffeurs de jours ont facilement été redirigés vers d’autres activités comme l’entretien des machines mais pour ceux de nuit, c’était plus compliqué». La campagne betteravière a été particulièrement longue. «Nous avons commencé fin septembre et terminé le 6 février», ajoute Olivier.
Système de rémunération pluriannuel
Le paiement des prestations de chargement repose sur un contrat de cinq ans à la tonne nette. Lors du chargement du tas de betterave, l’avaleuse retire une première partie de la terre présente dans le tas. Cette terre reste au champ.
À la sucrerie, les camions sont pesés et échantillonnés pour évaluer la tare, le pourcentage de terre chargée. La tare est donc soustraite du tonnage du chargement. Seule la betterave effectivement livrée est facturée.
Concernant les critères de qualité de la betterave, comme la richesse, l’agriculteur est le seul à profiter de bonifications ou réfractions
«On essaie toujours d’y croire»
Quand le sujet de l’avenir de la betterave arrive sur le tapis, Thierry s’arrête et prend le temps de construire sa réponse. «Que peut-on dire ? On essaie toujours d’y croire… Cette année ne sera pas extraordinaire. Mauvais rendement, mauvaise richesse, bas prix… Depuis quelques temps, ce n’est pas très euphorique». Il poursuit : «On ne veut pas être négatif, mais il faut être réaliste. Actuellement, la betterave n’est pas la culture qui est la plus attirante ou la plus rentable. Mais ce n’est pas pour cette raison que nous allons arrêter le chargement et les services de plantation et d’arrachage».