Pas d’avenir sans transmission

Dans « Le Cheval d’orgueil », Pierre Jakez Hélias évoquait la terre comme « une vieille amie, une amie fidèle, qui ne vous trahit jamais si vous la respectez ». Pour cet écrivain, conteur de la ruralité bretonne du début du siècle dernier, « c’est dans ses bras que l’on apprend tout ». C’était avant que l’enseignement, ce chant de l’enfance, cette caresse du monde, cet éveil du regard, ne prenne son essor pour préparer les agriculteurs de demain.
Que ce temps semble lointain, où l’apprentissage agricole était souvent l’affaire d’associations locales, de groupes d’agriculteurs ou des agriculteurs eux-mêmes, dans une logique essentiellement pratique, proche du terrain. Puis vint, dans les années 1980 et 1990, le temps des remises en question : les pratiques intensives furent interrogées, et les préoccupations environnementales commencèrent à s’imposer avec force. L’enseignement agricole en Wallonie n’a cessé, depuis, de se transformer. Il s’est enrichi de pratiques plus respectueuses de l’environnement, intégrant la formation à l’agriculture biologique, à la gestion durable des sols, et à la préservation de la biodiversité. Les écoles agricoles ont ainsi élargi leur mission : préparer des professionnels à exceller dans les domaines de l’agroécologie et de l’agriculture durable. À partir des années 2000, il a fallu répondre aux défis de la transition écologique, de l’innovation technologique, et de l’émergence de nouveaux modèles agricoles. L’ambition est désormais claire, il s’agit de former des femmes et des hommes capables de conjuguer excellence technique et responsabilité environnementale.
Au fil de ces dernières semaines, nous sommes allés à la rencontre d’enseignants passionnés. Tous nous ont partagé leur vision, leurs méthodes, et leur engagement : transmettre aux futurs agriculteurs bien plus que des savoir-faire, mais aussi une conscience éthique, sociale et économique. Leur message est clair, il s’agit de préserver l’agriculture familiale, sensibiliser les élèves à une gestion raisonnée des ressources naturelles, et au respect du bien-être animal. Les élèves d’aujourd’hui seront les professionnels de l’agriculture de demain. Sur leurs champs, dans leur bureau, sur leur tracteur, dans leurs étables, ce seront plus que jamais des femmes et des hommes multi-casquettes, à la fois producteurs, entrepreneurs responsables, gestionnaires, innovateurs, communicants, et souvent même, à leur tour, pédagogues.
S’il n’y a pas de sagesse sans mémoire, il n’y a pas non plus d’avenir sans transmission. C’est le message que nous souhaitons faire passer dans le dossier « enseignement » que nous vous invitons à découvrir en pages intérieures. Bonne lecture !