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Un capital à préserver

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Tous les agriculteurs, ou presque, le confirmeront : le bien le plus précieux d’une ferme, c’est son sol. Non pas dans le sens foncier du terme, mais bien d’un point de vue agronomique. Sa fertilité, sa capacité à retenir l’eau, sa propension à sécher, sa texture, sa portance, sa teneur en carbone… influencent leur travail, du semis à la récolte. Sans sol, pas de céréale, pas de betterave, pas de fourrage… Sans sol, pas d’agriculture !

Les événements de ces derniers mois ont rappelé combien la terre était bien plus qu’un simple outil de production. La saison de récolte automnale, rythmée par les pluies continues qui se sont abattues sur notre pays, a vu les arracheuses rejoindre tardivement les parcelles agricoles, parfois dans des conditions déplorables. En témoigne l’état des parcelles : traces de roues, ornières profondes, compaction…

Après s’être longuement posé la question de savoir s’il serait possible, ou non, de récolter, voilà qu’un autre problème naissait : comment récupérer une structure de sol passablement correcte avant l’implantation des cultures suivantes. Une telle inquiétude confirme que le sol constitue bien plus qu’un simple support pour les végétaux.

Les pluies torrentielles qui se sont abattues ce week-end à la frontière entre le Brabant wallon et la province de Namur constituent un rappel supplémentaire. L’eau, tombée en quantité, a dévalé les parcelles agricoles, emportant avec elle une part de précieuse terre fertile, riche en humus, la redéposant dans les maisons. Une érosion désastreuse, pour les citoyens ayant vu leur habitation inondée mais aussi pour les fermiers.

Tant les agriculteurs et entrepreneurs de travaux agricoles que les autorités sont conscients de l’importance de préserver le capital « sol » de l’érosion et de la compaction. Diverses initiatives en témoignent au quotidien. Du côté des pratiques agricoles et des équipements choisis tout d’abord : implantation de couverts protégeant les parcelles des pluies battantes, apports de matière organique, monte de pneus VF et IF, voire de chenilles, sur les tracteurs et autres engins (lire à ce sujet notre dossier en pages 25 à 30), recours au cloisonnement des inter-buttes en pommes de terre, adoption de techniques culturales simplifiées…

En ce qui concerne l’administration et ses différents services, recensons la mise en place, voici plusieurs années, de la cellule Giser dédiée notamment à la lutte préventive contre l’érosion. S’y ajoute, depuis quelques semaines, le développement d’un indice de qualité des sols wallons et la mise en route de la nouvelle mesure agro-environnementale et climatique « sol ». Enfin, dernière action en date, l’asbl Natagriwal s’est vu confier pour mission de développer un service de conseil en protection des sols contre l’érosion, au service des agriculteurs (lire en page 12).

C’est indéniable, ce bien précieux est au centre de toutes les attentions et ce, à juste titre. Au-delà d’être le pilier de notre agriculture, le sol est également le garant de notre sécurité alimentaire et un acteur clé dans la lutte contre le changement climatique. Investir dans la préservation des sols, comme évoqué ci-dessus, n’est pas seulement une question d’agriculture, mais aussi de responsabilité envers les mangeurs d’aujourd’hui et de demain. Cela, les cultivateurs belges l’ont bien compris et agissent, au quotidien, en véritables gardiens de la terre.

Jérémy Vandegoor

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