Abeilles en danger!

Le 20 mai, à l’occasion de la journée mondiale des abeilles, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) a dévoilé les résultats de sa dernière enquête sur la mortalité des abeilles. Avec des résultats peu réjouissants : 27,2 % de ces insectes n’ont pas survécu au cours de la période 2022-2023, contre 21,8 % pour 2021-2022. La mortalité est donc en hausse pour la seconde année consécutive et atteint même son niveau le plus élevé depuis 2016-2017, où elle culminait à 29,3 %.
Plusieurs pistes expliquent ces chiffres. Celle des parasites et maladies est développée par l’Afsca, qui s’intéresse particulièrement à la présence du varroa et de la loque européenne dans les ruches.
Pour rappel, Varroa destructor est un acarien originaire d’Asie qui, en parasitant les adultes, les larves et les nymphes, cause d’importants dégâts aux colonies d’abeilles. Pour tenter de vivre avec le parasite, des traitements chimiques et bio-techniques, complémentaires, existent et ont un impact plus ou moins important sur sa croissance.
La loque européenne est, quant à elle, causée par la bactérie Melissococcus plutonius. Celle-ci s’attaque aux jeunes larves, mais aussi aux abeilles elles-mêmes. Lorsque la maladie est détectée, l’Afsca prend des mesures pour éviter que d’autres ruches ne soient infectées. Ce qui implique la destruction de la colonie concernée.
À ces deux exemples, s’ajoutent bien d’autres menaces. Citons, dans un premier lieu, le frelon asiatique. Depuis environ trois ans, sa présence se fait fortement ressentir par les apiculteurs amateurs et professionnels. Un plan de lutte a d’ailleurs vu le jour, à l’initiative des autorités régionales wallonnes. Sous l’égide du Centre wallon de recherches agronomiques et du Centre apicole de recherche et d’information, il repose sur plusieurs actions phares que sont le piégeage des reines fondatrices au printemps, la protection des ruchers et la neutralisation des nids. Malgré ces mesures, l’impact de ce nuisible ne peut être réduit à néant…
Les changements climatiques influencent, eux aussi, la santé des abeilles. Automne doux et printemps froid et pluvieux conditionnent la vie des colonies. Le premier les fait hiverner plus tardivement, ce qui se traduit par un épuisement des ressources de la ruche, tandis que le second retarde leur sortie. Ces changements impactent également la floraison et, par conséquent, l’alimentation des pollinisateurs.
Enfin, le recours aux pesticides peut aussi impacter la vie des abeilles. On ne répétera jamais assez l’importance de traiter en dehors des heures de pollinisation, notamment en colza, culture ô combien attractive.
Les causes de mortalité des abeilles sont donc multiples. Si l’une d’elle ne doit pas prendre le pas sur les autres, la responsabilité de tout un chacun ne doit pas, non plus, être occultée. Agriculteurs, apiculteurs, contrôleurs de l’Afsca… Tout le monde a un rôle à jouer dans la préservation de ces insectes, dont l’importance n’est plus à démontrer. Y compris les citoyens qui sont invités à planter des fleurs mellifères dans leur jardin, à conserver un carré de pelouse non tondu, à prévoir des bols d’eau avec des cailloux pour l’abreuvement ou encore à acheter leur miel chez des apiculteurs locaux, en guise de soutien, plutôt qu’un produit aux origines incertaines…