La durabilité de la filière betterave est-elle l’affaire de tous?

Cette paperasse supplémentaire est « toute simple » : exemple, quand vous choisissez la mesure 5, il faut aussi prendre la mesure 4… et la mesure 6 pour confirmer… merci de remplir et renvoyer à l’adresse mail… ou en ligne pour encoder… Notre qualité de vie ne serait-elle déjà pas suffisamment polluée par le travail administratif ?
Nous avions aussi manifesté dans le but de bénéficier de prix rémunérateurs plutôt que de subventions. Nous ne devons pas avoir été entendus car plutôt que d’augmenter le prix de la betterave ou de la chicorée, la RT propose des primes pour des bandes fleuries (que nous devrons semer nous-mêmes)… Aux 35 cents par m², peuvent s’ajouter 50 € par ici, 200 € par là à condition qu’on veuille bien entrer dans un petit jeu tellement rentable pour les sucriers.
Ne soyons pas naïfs, les contraintes que nous sommes libres d’accepter aujourd’hui risquent d’être obligatoires demain lors de la signature du contrat de betteraves. La liberté d’accepter est toute relative car, en nous proposant 4 €/T via l’adhésion à la greencard, on nous oblige indirectement à accepter le système pour assurer notre rentabilité !
L’Europe demande aussi aux usines de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Habilement, la RT se joint à nous pour que, grâce à nos efforts dans la filière sucre, leur usine puisse paraitre plus respectueuse de l’environnement.
Conscient de tout ce que nous avons déjà fait (investissement en matériel électronique, plantations de haies, d’engrais verts à couverture longue, de tournières…) le Parlement Européen a tempéré ses exigences envers les agriculteurs et voici que la RT rajoute ses propres mesures. On peut se demander si c’est pour sauver la planète ou pour nous amener à cultiver selon l’intérêt financier des sucriers.
Selon eux, il faut encore « réduire l’utilisation d’azote minéral dont la production est une source importante de GES ». Cette vérité est « mensongère » car on oublie de dire que cet azote, favorisant la photosynthèse, permet aux plantes de capter ainsi x fois la quantité de CO2 émis lors de la fabrication de cet engrais. Concernant la quantité d’azote appliquée, nous devons être proches du minimum car elle a été divisée par trois en une trentaine d’années selon le graphique ci-contre de l’Irbab.
« Contrairement aux idées reçues, c’est grâce au savoir faire des agriculteurs que les sols ont gagné en fertilité naturelle ce qui a permis aussi de diminuer l’apport d’azote.(Jmp) » L’agriculteur vise à produire le maximum de sucre à l’hectare tandis que les industriels souhaitent une betterave la plus riche possible, ce qui leur permet une meilleure extractabilité tout en travaillant moins de tonnage.
Ils prônent à nouveau de mettre l’azote le long de la ligne alors que cela a déjà été testé autrefois avec des échecs dans les terres en dévers. Il est difficile de comprendre que concentrer l’azote d’un seul côté de la ligne en période de germination soit bénéfique.
Si La RT était si préoccupée par les émissions de GES, expliquez-moi pourquoi voudrait-elle importer plusieurs milliers de tonnes de sucre de canne d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Inde ? Pourquoi devrions-nous nous couper en quatre afin de diminuer encore et encore le CO2 que nous pourrions émettre alors que le transport pour amener le sucre de canne à Wanze, produira des milliers de tonnes de GES ? Voilà un bel exemple de l’adage : « Faites ce que je vous dis mais ne faites pas ce que je fais »
Quelle aberration environnementale et quelle concurrence pour nous ! Les financiers de la RT ne sont-ils pas au courant que tous les partis politiques ont voulu revoir les accords du Mercosur ? Importer et travailler ici du sucre de canne venu du bout du monde est non seulement une aberration économique pour nous mais un gâchis environnemental pour tous.
« La surcharge administrative, l’une des trois principales causes de faillite », affirme Pieter Timmermans, Pdg de la Feb.
Pour plaire à l’Europe, la RT prône la réduction de produits de protection des plantes en oubliant qu’une centaine de matières actives ont déjà été supprimées avec les conséquences que l’on connaît. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait un doctorat pour comprendre qu’une betterave atteinte de cercosporiose ou couverte d’oïdium aura difficile de capter un maximum de CO2. Le mieux est l’ennemi du bien.
Nous ne sommes pas parfaits mais quand on voit ce qui se fait sous d’autres continents, nous sommes de bons élèves. Pour vous en convaincre, voyez l’illustration de cet avion faisant le plein de Fusilade pour pulvériser avant récolte le champ voisin dans le but d’homogénéiser la maturité de la canne à sucre. Bonjour la pollution, bonjour la dérive derrière les hélices et bonjour les résidus.
Si on souhaite plus de sucre ou plus de local, ne fallait-il pas plutôt soutenir le projet de la CoBT à Seneffe que d’importer du sucre.
Si cela ne suffisait pas, c’est en partie avec notre argent (les actions Sopabete) que la RT investit pour pouvoir travailler le sucre de canne.
À chacun son boulot, nous ne vous proposons pas de vous « aider » à cristalliser le sucre. Quant à vous, soyez plus attentifs aux remarques de nos représentants et laissez nous cultiver au mieux car on peut se demander si, en suivant vos recommandations pas toujours fondées, nous resterons les meilleurs betteraviers de la planète.
Messieurs les industriels, vous savez qu’en grand prix, il faut très rapidement rectifier la trajectoire pour éviter le crash.
En résumé, comme d’autres, j’en ai marre qu’on me dicte, pas souvent à bon escient, ce que je dois faire. Cela affecte gravement la performance, la passion et la beauté de notre métier.
, Meux