La météo dicte le cap… Mais lequel?

En ce mois de juin, tant en Wallonie qu’en Flandre, les plateformes expérimentales en céréales accueillent les agriculteurs en nombre. Ces incontournables visites – organisées à l’initiative des centres pilotes, des centres de recherche provinciaux et du Centre wallon de recherches agronomiques, mais aussi sous l’égide du négoce – permettent aux visiteurs d’observer le comportement de variétés bien connues mais aussi de nouveautés qui seront disponibles pour la première fois à l’occasion des semis 2024.
Dans le contexte de cette année, marquée par un automne exécrable retardant les emblavements de céréales, surtout après pommes de terre, chicorées et betteraves, les questions en matière de choix variétal sont nombreuses. Et ce, d’autant que le printemps, du même acabit, a amené son lot de maladies fongiques. Un problème dont se seraient bien passés les cultivateurs, faisant déjà face à d’importants retards en matière de semis de betteraves et maïs et de plantations de pommes de terre.
Ces périodes de précipitations excessives, de plus en plus longues et fréquentes, s’enchaînent mais succèdent également à des années très sèches dont on croyait pourtant qu’elles deviendraient la norme. Les changements climatiques, à l’importance et aux conséquences irréfutables, obligent les agriculteurs à adapter leurs pratiques et choix variétaux. Ils rappellent également combien les produits de protection des plantes peuvent être salutaires, employés à bon escient et sur base d’observations au champ et d’avertissements.
Pour en revenir aux variétés elles-mêmes, la formule consacrée « Observer aujourd’hui pour les semis de demain » n’est plus aussi évidente qu’il n’y paraît. Observer aujourd’hui ne pose aucun problème… Mais qu’en est-il des semis d’un lendemain sur lequel planent de nombreux points d’interrogation… Faut-il s’attendre à une campagne excessivement chaude et à un considérable déficit de précipitations, auquel cas il conviendra d’opter pour des variétés résistantes à la sécheresse ? Ou, au contraire, l’année sera-t-elle singulièrement humide, impliquant le semis de céréales particulièrement robustes face au cocktail de maladies fongiques rencontré en pareille situation ?
Ces paramètres, cruciaux pour réaliser le meilleur choix possible, demeurent inconnus au moment de commander les précieuses semences… Le travail des sélectionneurs et obtenteurs s’en trouve également compliqué : comment déterminer le cap à suivre lorsque l’on sait que la mise sur le marché d’une nouvelle variété peut prendre jusqu’à dix ans ? Une telle situation plonge le monde agricole et l’ensemble de ses acteurs dans une incertitude dont il semble de plus en plus difficile de s’extraire, malgré la volonté d’adaptation dont fait preuve tout un chacun.