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L’agriculture à nouveau à l’agenda européen

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Les Vingt-Sept ont adopté, voici quelques jours, l’agenda stratégique de l’UE, lequel est publié tous les cinq ans. Le document vise à synthétiser des orientations envisagées pour le futur de l’Union et à donner un cap aux institutions pour les initiatives et actions les plus urgentes pour une Europe prospère et résiliente face aux défis actuels et à venir.

Face à une nouvelle réalité géopolitique, le programme stratégique contribuera à rendre l’UE plus souveraine et mieux équipée. Il repose sur les trois piliers que sont une Europe libre et démocratique, forte et sûre, prospère et compétitive. La sécurité alimentaire est pressentie comme un enjeu central des cinq prochaines années avec un rôle important à jouer au sein de la Pac.« Assurer notre sécurité alimentaire grâce à un secteur agricole dynamique » peut-on ainsi lire dans un des points mentionnés dans le document. La problématique de la compétitivité semble donc être la notion qui sera au cœur de l’action du futur exécutif européen. En témoigne la volonté de voir la position des agriculteurs se renforcer au sein de la chaîne d’approvisionnement alimentaire mais aussi la mention dans le texte de la défense « de communautés rurales dynamiques ».

Ces éléments participent à un clair changement de langage par rapport au même programme d’il y a cinq ans. La durabilité du secteur agroalimentaire ainsi que sa transition vers des méthodes qui protègent l’environnement ne sont pas mentionnées dans le document, ainsi qu’on pouvait s’y attendre au vu des récentes et nombreuses manifestations menées partout en Europe par les agriculteurs, lesquelles ont fortement impacté les décisions de la commission ces derniers mois. En 2019, l’agenda stratégique visait à « promouvoir une agriculture durable », matérialisée par la présentation du Pacte Vert et de ses deux stratégies « De la fourche à la fourchette » et « Biodiversité ». Depuis, la crise agricole du début de l’année 2024 et la remise en cause d’une partie du Pacte Vert sont passées par là. On notera aussi un changement notable en matière de commerce international. Le document évoque dorénavant une politique « ambitieuse, solide, ouverte et durable » afin de conclure « des accords commerciaux équitables ». La notion de réciprocité, centrale dans le discours des partisans des mesures miroirs, n’y est donc plus explicitement mentionnée, contrairement à 2019.

L’agriculture est donc clairement revenue au cœur des enjeux européens, aussi au sein du nouveau parlement. Nous apprenions il y a quelques jours que le PPE a adopté ses priorités pour cette nouvelle mandature qui font la part belle au secteur agricole. Il plaide notamment pour moins de bureaucratie dans la future Pac. Le principal groupe politique du parlement souhaite aussi une révision de la directive sur les pratiques commerciales déloyales et une modification ciblée du règlement sur l’organisation commune des marchés (OCM) afin d’améliorer la rémunération des agriculteurs.

Marie-France Vienne

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