Quand la Foire de Libramont devient un concerto des quatre saisons

Ni la pluie, ni la chaleur n’auront découragé les visiteurs, témoignant que la Foire de Libramont est un incontournable du paysage agricole belge. Malgré une météo incertaine dès l’ouverture des portes, le 26 juillet, le public a répondu présent. Rapidement, chacun a gagné ses lieux de prédilections : les concours pour les uns, le grand ring pour d’autres ou encore l’Ardenne Joyeuse pour les plus gourmands.

Période post-électorale oblige, une partie du nouveau gouvernement wallon était également de sortie, aux côtés des agriculteurs et consommateurs. La ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, et le Ministre-président, Adrien Dolimont, n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler combien « les agriculteurs sont les partenaires du gouvernement ». Et ce dernier de préciser : « Lorsque l’on parle d’agriculture, trois mots-clés doivent être sur toutes les lèvres : évaluer, écouter et simplifier. En matière de simplification administrative, le gouvernement wallon demeure à l’écoute ».

Les syndicats ne manqueront pas de se montrer particulièrement attentifs sur ce point, eux qui en font une de leurs principales revendications.

Un samedi hivernal

Après cette première journée automnale, les visiteurs sont entrés de plain-pied dans l’hiver. Rarement, un jour de foire aura été aussi pluvieux. Sans que cela n’entame l’enthousiasme ! De l’aveu de plusieurs exposants, les contacts professionnels ont été très bons, tant le vendredi que le samedi. Certains agriculteurs et entrepreneurs avaient anticipé leur visite afin de profiter de la météo favorable des jours suivants pour amorcer la moisson ou poursuivre les travaux de pulvérisation.

Sur les rings des concours, transformés par endroits en véritable bain de boue, la bonne humeur régnait. Les animaux défilaient à un rythme soutenu, tandis que les pantalons des éleveurs se couvraient de boue, mais le public était présent. On notera une moindre participation pour les concours ovins, en raison de la météo déplorable mais aussi des risques liés à la fièvre catarrhale ovine. Du côté des bovins, la pluie n’a pas entamé la passion des éleveurs. Les effusions de joie étaient au rendez-vous, à l’annonce des champions !

« Aucun événement n’a été annulé, malgré la pluie, tombée en quantité », a constaté avec soulagement Natacha Perat, administratrice déléguée de Libramont Coopéralia. Seul le Mecanic Show a dû être adapté. Afin de préserver l’état du grand ring pour les spectacles suivants, les machines n’ont pu y accéder. C’est donc sur base de vidéos diffusées sur grand écran que Nicolas Higuet, président du jury de sélection, a commenté les différents matériels mis à l’honneur.

Du côté du Mecanic Show toujours, notons l’absence du tracteur 100 % électrique MK-V du constructeur américain Monarch. Ce dernier se justifie par une réorganisation stratégique. On n’en saura pas plus…

On aurait pu croire que la flamme s’éteindrait une fois les visiteurs et exposants arrivés sur les parkings, où de nombreuses voitures étaient embourbées. Que du contraire… Aucune effusion de joie, bien sûr, mais la bonne humeur des étudiants présents pour gérer la situation et la disponibilité des tracteurs a permis de gérer cette situation avec positivisme. Pour l’anecdote, plusieurs chevaux de trait ont aussi permis de tirer les conducteurs de cette mauvaise situation. Preuve, encore une fois, de la complémentarité entre l’animal et la machine.

Un visitorat en léger recul

Les dimanche et lundi ont été caractérisés par un retour à la normale, tant du côté de la météo (une journée printanière suivie d’une journée estivale) que des parkings, rendus à nouveau praticables. Le concours des chevaux de trait, organisé le 28 juillet a néanmoins dû être adapté. Les animaux se sont présentés à l’arrêt et au pas, et non au trot. Aucun risque n’a été pris vu l’état des rings.

Ce même dimanche, une journée dédiée à la viticulture était organisée. Elle a rassemblé plusieurs vignerons autour, notamment, d’Eric Boschman, sommelier et ambassadeur des produits wallons. Au rang des autres nouveautés, le pôle viti-vinicole, justement, a rencontré un énorme succès selon les organisateurs. Il en va de même du pôle innovation, robotique et smart farming.

In fine, ce cru 2024 a accueilli 192.535 personnes, un chiffre en baisse de 3,36 % par rapport à l’année dernière. Outre la météo à Libramont même, ce léger recul s’explique par le beau temps observé au nord du pays : moins de visiteurs flamands ont rejoint la foire. Jean-François Piérard, président de l’événement, se montre néanmoins très satisfait de cette édition, qu’il qualifie de « très réussie ».

Deux jours en forêt de Bertrix

Après quatre jours in situ, la Foire s’est délocalisée en forêt de Bertrix pour la 20e  édition de Demo Forest. Sur un circuit de 5 km, nombreuses ont été les démonstrations à attirer les professionnels de la filière mais aussi le grand public parti à la découverte d’un secteur qu’il connaît peu bien qu’il soit un grand pourvoyeur d’emplois.

L’affluence était sans conteste au rendez-vous le premier jour mais en léger recul le second. Les concours de débardage, maniement du cheval et bûcheronnage ont néanmoins réuni les foules. De même que les nombreuses autres activités mises en place par les exposants (quiz, grimpe dans les arbres…) L’occasion pour tout un chacun d’en savoir plus sur la forêt qui nous entoure et sa multifonctionnalité.

Demo Forest a attiré 36.843 visiteurs, portant le total des deux événements à 229.378 personnes. Un résultat très similaire à celui enregistré voici deux ans et qui satisfait Jean-François Piérard.

La prochaine édition de la Foire de Libramont se tiendra du 25 au 28 juillet 2025. Demo Forest fera son retour en 2026, toujours en forêt de Bertrix.

Jérémy Vandegoor