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Scanning du sol et hétérogénéité parcellaire (2/2): une technique d’avenir? «J’en suis convaincu!»

À Ittre, Christophe Jolly est lui aussi adepte du scanning du sol mais fait appel à une autre technique : l’Interra Scan, de Syngenta. Convaincu de l’utilité de cette nouvelle technologie, il pointe néanmoins quelques freins qu’il conviendra de lever pour permettre son utilisation à plus grande échelle.

Temps de lecture : 4 min

La Ferme du Pré mêle agriculture de conservation des sols et bio. D’un côté, on évite de retourner la terre et de l’autre, on y est contraint pour maîtriser les adventices.

Sur place, la palette de productions végétales est impressionnante : froment, escourgeon, orge de printemps, mélange avoine-féverole, mélange avoine-lentille, luzerne, pois, haricots, oignons, carottes, chicorée, épeautre et maïs… Et pour occuper le temps libre, Christophe Jolly produit des fraises ! Tout cela sur 150 ha, avec quatre salariés.

Pour Christophe Jolly, une technologie comme celle-ci «permettra de diminuer sérieusement les coûts des intrants mais aussi d’utiliser ceux-ci de façon optimale».
Pour Christophe Jolly, une technologie comme celle-ci «permettra de diminuer sérieusement les coûts des intrants mais aussi d’utiliser ceux-ci de façon optimale».

Comment est né votre intérêt pour le scanning du sol ?

Ma ferme fait partie d’un réseau dans lequel Syngenta développe et présente des nouveaux produits ou services pour ses clients. Cette société ayant développé l’Interra Scan, qui réalise la cartographie du sol en haute définition sur base de mesures des rayons gamma, j’ai la possibilité de le tester dans mes parcelles depuis 2022.

J’ai ainsi appréhendé et mieux compris la variabilité intra-parcellaire, ce que je percevais de façon intuitive sans mettre le doigt dessus.

Avec Interra Scan, il est possible d’obtenir des cartes précises de 27 paramètres différents du sol : le potassium, le pH, la matière organique, la texture, la structure, l’eau disponible… Mes terres, comme souvent dans la région, sont sablo-limoneuses avec des taches de sable et quelques bosses plus argileuses. Comme le savent tous les agriculteurs, il n’est pas pertinent d’apporter beaucoup d’engrais ou d’amendement dans ces taches sablonneuses. Cartographier ces endroits est très important pour ne pas gaspiller ces intrants qui seront lessivés dans le sable.

Monté sur l’attache-remorque, l’Interra Scan  collecte 800 mesures à l’hectare.
Monté sur l’attache-remorque, l’Interra Scan collecte 800 mesures à l’hectare.

Comment fonctionnent le scanner et la traduction en cartes des données récoltées ?

Une fois la moisson achevée, l’équipe de Syngenta passe l’Interra Scan sur la parcelle tous les 10 m, sur les chaumes ou sur un couvert. Cela se fait avec un véhicule tout-terrain équipé du scanner monté sur l’attache-remorque et relié à un ordinateur qui enregistre toutes les données, au rythme de 800 mesures à l’hectare. Avec l’avantage que l’opération n’est pas invasive car le capteur reste à 60 cm de hauteur du sol.

En parallèle, plusieurs échantillons sont prélevés à des endroits définis par le système. Après analyse, ils permettront de calibrer les mesures nécessaires à l’établissement des cartes. Celles-ci seront visibles sur une application accessible à l’agriculteur grâce à un code d’accès.

Interra Scan a été utilisé chez moi pendant deux ans et est dorénavant disponible partout en Wallonie.

Quel est votre premier ressenti après deux

années d’utilisation ?

J’ai vraiment découvert la variabilité de mes parcelles avec, notamment, des variations de pH entre 5 et 8. J’ai aussi pu voir les contours précis des taches de sable dont je suspectais l’existence avant l’établissement des cartes.

J’ai pu faire des essais de modulation de certains amendements en me penchant moi-même sur la carte du pH… Mais il faut se faire aider par un conseiller spécialisé et disposer du matériel permettant de moduler la dose, ce qui n’est pas encore le cas chez moi. Une solution serait d’utiliser les services d’un entrepreneur agricole équipé du matériel ad hoc lorsque le mien sera amorti.

Il existe donc certains freins m’empêchant d’avancer dans l’utilisation des données du scanner. Premièrement, le manque de temps et de conseil adéquat pour la traduction des observations en cartes d’application pour les traitements modulés comme le semis, la fertilisation, la pulvérisation… Par ailleurs, mon matériel n’est pas encore capable de faire la modulation et il faut faire circuler les données entre les différents maillons de la chaîne jusqu’à l’application au champ. Enfin, la formation et l’expérience de l’opérateur qui fera le traitement modulé à partir de la carte d’application sont cruciales.

Cela demeure, malgré tout, une technique d’avenir ?

J’en suis vraiment convaincu ! Dès que les freins mentionnés seront levés, la gestion de l’exploitation à partir de ces données permettra de diminuer sérieusement les coûts des intrants mais aussi d’utiliser ceux-ci de façon optimale. Cela augmentera sans doute la productivité des cultures tout en respectant mieux l’environnement.

Maurice Malpas

WalDigiFarm

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