Le secteur de l’élevage en marche !

Jusqu’à il y a peu, il fallait encore être (très) courageux pour défendre l’élevage décrié à qui mieux mieux, violemment remis en cause, pire, fléché par des attaques aussi absurdes qu’infondées.
Un comble pour un secteur clef de notre agriculture européenne. Ils sont pourtant très nombreux, ceux jettent l’opprobre sur les bovins qui pâturent dans les réservoirs de biodiversité qu’on appelle prairies, s’abritent à l’ombre des haies aux pieds desquelles les perdrix sont nichées, entretiennent les zones humides. Le vent pourrait toutefois tourner, ou, pour rester dans la métaphore agricole, les mouches pourraient bien changer d’âne. Et, contre toute attente, le changement de cap pourrait carrément venir de la capitainerie européenne. Faisons un petit saut de quelques semaines en arrière. Le 4 septembre dernier, Ursula von der Leyen s’est vue remettre le rapport sur l’avenir de l’agriculture en Europe, lequel préconise un changement d’approche de l’UE en matière de politique alimentaire, dont l’élevage est une composante. Il intervient surtout alors que la mise en œuvre de la stratégie « De la fourche à la fourchette » est au point mort et que la colère des agriculteurs couve toujours sous la cendre. Parmi ses dix principes directeurs, le document reconnaît l’importance stratégique de la production alimentaire et agricole dans le contexte géopolitique actuel et en tant que composante essentielle de la sécurité européenne. Atteinte par un éclair de lucidité, la présidente de la commission s’est soudainement rendu compte « qu’il n’y a guère de secteurs plus importants pour notre continent que l’agriculture ». Il faut dire que l’Allemande, accusée ces cinq dernières années de privilégier le Pacte Vert au détriment des intérêts des agriculteurs européens, a été tancée sur le sujet par sa propre famille politique (la CDU-CSU).
La semaine dernière, le secteur de l’élevage faisait l’objet d’une grande table ronde au sein même du parlement européen. Ce rendez-vous initié et animé par Benoît Cassart, a rassemblé acteurs de terrains et scientifiques pour évoquer les défis à relever afin d’assurer sa viabilité économique tout en s’adaptant aux exigences sociétales et environnementales croissantes. Faut-il encore rappeler que le secteur de l’élevage est actuellement au bord de la rupture et en décrochage ? Et, quoi qu’on en dise, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la planète ! Depuis les années 90 nous avons perdu 10 millions d’ha de SAU dont 5 millions de prairies permanentes. Or, les sols de celles qui sont consacrées à l’élevage stockent environ 85 t de carbone/ha. L’enjeu du nouveau mandat européen sera d’ouvrir une nouvelle page de la transition en créant des politiques incitatives, d’accompagnement et de relance de ce secteur et de ses productions plutôt que de baisse et de réduction de la voilure. En attendant, la constitution prochaine d’un intergroupe « Élevage » au sein de la commission de l’Agriculture du parlement devrait impulser une nouvelle dynamique à un secteur qui s’inscrit clairement dans une trajectoire de décarbonation des économies.