Des cultures intermédiaires

pour assainir les parcelles maraîchères

En couvrant le sol lors des périodes sans production, plusieurs fonctions sont remplies simultanément. Les avantages compensent largement le coût de l’implantation. L’emploi des cultures intermédiaires permet de rencontrer les souhaits de bonne gestion économique et environnementale.

Les espèces seront choisies aussi en tenant compte de la durée attendue de la période de végétation. Le choix sera aussi guidé par le coût des semences et par les possibilités de destruction avec les outils disponibles à la ferme.

Retenir l’azote et d’autres éléments

L’azote comme d’autres éléments minéraux captés pour la constitution de la charpente végétale sont mobilisés par la culture intermédiaire. Ils seront restitués lors de la minéralisation de cette masse sous des formes rapidement assimilables pour les cultures suivantes. Notons que les cultures intermédiaires détruites alors que la masse n’est pas encore lignifiée restituent l’azote plus rapidement.

Les quantités d’azote retenu varient fortement d’une situation à l’autre, bien évidemment. Retenons cependant la fourchette de 30 à 70 unités d’azote selon la nature et le développement de la masse végétale.

En cas de lignification, les débris végétaux seront plus riches en carbone. Leur décomposition mobilisera de l’azote du sol avec une crainte de faim d’azote de la culture suivante, comme l’effet paille après céréales dans les rotations de grandes cultures. Pour les cultures maraîchères, ce point est important. La plupart des cultures se développent rapidement et ont besoin d’éléments très disponibles.

Nous préférons donc le plus souvent des cultures intermédiaires détruites et incorporées au sol ou mises en paillage alors qu’elles sont peu lignifiées et encore physiologiquement jeunes.

Maîtriser l’enherbement

Les adventices sont étouffées par la masse végétale des cultures intermédiaires. Celles-ci diminuent le niveau d’enherbement des terres par leur présence. Mais d’un autre côté, leur présence empêche les travaux superficiels permettant les faux-semis. D’autre part, il faut empêcher la culture intermédiaire de produire des semences qui saliraient la parcelle pour les cultures suivantes.

Cette fonction de maîtrise de l’enherbement est essentielle en maraîchage. Une couverture efficace et rapide permet de lutter contre des adventices comme les galinsoges, fréquentes en maraîchage.

Si nous en avons le temps, nous pouvons encore faire un faux-semis quelques jours avant l’implantation des cultures intermédiaires.

Protéger de la battance

Les cultures intermédiaires protègent les sols. Elles limitent l’érosion tant vis-à-vis de la battance que du ruissellement. C’est vrai pour toutes les parcelles, en grandes cultures comme en maraîchage.

Améliorer la structure du sol

Les racines améliorent la structure par leur action physique de pénétration dans le sol. Les enracinements fasciculés, comme celui des Poacées (Graminées) et pivotants, comme celui des radis et moutardes sont performants. Leur importance est particulière pour les fermes pratiquant le non-labour.

L’effet des enracinements puissants ne remplace pas les pratiques culturales décompactant le sol. Il les complète.

Et son activité biologique

La masse végétale se décompose en matières organiques favorables à l’activité biologique du sol. Avec de fortes variations, nous pouvons retenir qu’une production de 2 à 3 t de matière sèche de la culture intermédiaire intervient de manière significative dans la mobilisation en vue de la remise à disposition de grandes quantités d’éléments fertilisants.

La faune auxiliaire du sol est également stimulée.

Améliorer l’état sanitaire de la parcelle

Les cultures intermédiaires peuvent rompre le cycle de parasites et influencer favorablement la culture suivante. Le choix des espèces détermine ce facteur.

Les crucifères anti-nématodes sont connues pour les nématodes de la betterave, mais pour d’autres espèces de nématodes, l’efficacité n’est pas toujours révélée. Il est difficile d’en tenir compte en maraîchage.

Favoriser la biodiversité

L’interculture augmente la biodiversité par sa présence et surtout par le refuge et l’alimentation offerte aux insectes et à la petite faune. Elle est un complément aux éléments du voisinage des parcelles dont il fut question dans Le Sillon Belge du 13 août dernier. Des recherches européennes et notamment françaises en démontrent l’intérêt notamment en favorisant les insectes pollinisateurs et les carabes auxiliaires. Les avantages sont donc larges.

Les mélanges d’espèces pour la constitution des cultures intermédiaires augmentent aussi la biodiversité.

Donner une impression positive

C’est un facteur subjectif. Mais garder un aspect vert à certaines parcelles du champ maraîcher donne une impression positive. C’est important pour les fermes qui pratiquent la vente directe sur leur propre site.

L’implantation des cultures intermédiaires

Le semis se fera à la volée ou au semoir, selon la forme, la taille des parcelles mais aussi suivant les espèces choisies. Les semoirs maraîchers conviennent pour la plupart des semis de cultures intermédiaires.

Pour les cas où les dimensions de semences diffèrent fortement dans un mélange, il est plus aisé de semer en deux ou plusieurs phases.

Pour les parcelles cultivées sur ados ou billons, nous pouvons opter pour le semis intégral de la surface ou seulement de la surface cultivée nette.

Et leur destruction

Le plus souvent, la culture intermédiaire est détruite mécaniquement, thermiquement par le gel ou chimiquement. La destruction se fera de préférence lorsque le couvert n’est pas encore lignifié, avant la pleine floraison et en tout cas avant la production de semences viables.

Les outils animés (herses à axes horizontaux, par exemple) courants en maraîchage conviennent bien pour la plupart des destructions de cultures intermédiaires. La limite d’emploi sera déterminée par la portance du sol en cas de fortes pluies d’automne.

F.

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