La génétique,
clé pour accroître
les surfaces « Strube »
Strube amorce son redéploiement en Belgique et entend
occuper davantage le paysage betteravier national. Pour
ce faire, le semencier mise sur deux axes : la promotion de
ses variétés, tant en Wallonie qu’en Flandre, et sa génétique.
En la matière, ST Rotterdam constitue son fer de lance pour
la saison 2025, en raison de sa tolérance à la jaunisse et au nématode, de son comportement face à la cercosporiose
et de sa résilience en situation de stress hydrique.
Semencier allemand spécialisé dans la betterave sucrière, Strube a connu plusieurs changements d’envergure ces dernières années. En 2018, l’entreprise a, en effet, été rachetée à hauteur de 60 % par le groupe français Deleplanque, en association avec Suet pour le solde. Au printemps de cette année, Deleplanque communiquait avoir conclu un accord avec son partenaire en vue d’une reprise à 100 %. Avant un nouveau coup de théâtre en septembre dernier, avec l’annonce de l’acquisition du semencier français par son confrère Ragt, ce dernier mettant par la même occasion la main sur le spécialiste allemand de la betterave.
Plus près de nous, la firme est active sur le territoire belge depuis la fin des années 1980, période durant laquelle les semences étaient distribuées par Francis Pype. Par la suite, Bruno De Wulf a incarné la marque durant de nombreuses années, avant de passer le relais à Colette Mehauden. Enfin, et indépendamment des rachats successifs évoqués, c’est François-Xavier Gillot qui est à la tête de l’entité belge depuis septembre dernier.
Un réseau de promoteurs…
Aujourd’hui, Strube Belgium s’adjuge 5 à 7 % de la surface betteravière nationale, mais souhaite grandir. L’objectif, pour la campagne à venir, est d’écouler 10.000 unités de semences, contre 3.000 actuellement. « Outre la hausse de nos parts de marché, notre ambition est de permettre aux planteurs de diversifier leur génétique », commente François-Xavier Gillot. Pour ce faire, il entend se baser sur un réseau de promoteurs, mais aussi sur un assortiment variétal en partie renouvelé, dont ST Rotterdam est le fer de lance.
« Le réseau en question s’étendra tant en Wallonie qu’en Flandre. Il doit permettre de faire la promotion de nos variétés, mais aussi de renforcer notre présence et notre image auprès des planteurs », ajoute-t-il. L’opération ne constitue pas un « one-shot ». Elle s’inscrira dans la durée, afin de maintenir les contacts avec le terrain.
… et cinq variétés
Du côté du portefeuille variétal, cinq propositions sont faites aux planteurs. Un chiffre qui peut paraître faible, mais qui traduit la volonté qu’a le semencier de commercialiser les variétés les plus adaptées au terroir belge et aux problématiques rencontrées.
En présence de rhizoctone brun, maladie de plus en plus rencontrée en Flandre et dans le Hainaut, la firme s’appuie sur la variété Gérard. ST Amsterdam, elle, sera plantée en situation « rhizomanie ».
Dans les terres touchées par le nématode, trois possibilités existent : Brel, Twain et ST Rotterdam. « Cette dernière affiche la particularité d’être tolérante à la jaunisse, tout en montrant une très bonne productivité, en terrain infecté mais aussi en parcelle saine. Elle se comporte très bien en cas de stress hydrique ou en présence de rouille. »
Elle manifeste également un très bon comportement face à la cercosporiose, maladie dont on observe une véritable explosion ces deux dernières saisons. « Plus une variété combine de tolérances, plus son profil face à cette maladie est bon, ce qui est le cas de ST Rotterdam », commente encore M. Gillot. De plus, le feuillage de cette variété se montre moins exubérant, ce qui ralentit la propagation du pathogène dans la parcelle. Une caractéristique partagée avec ST Amsterdam.
Répondre aux problèmes rencontrés
Face à la cercosporiose, outre les bénéfices que procure la résistance à d’autres pathogènes, le semencier mise sur la multigénie. « Nous effectuons des croisements de variétés plus ou moins tolérantes pour mettre sur pied une protection multigénique solide. In fine, le pathogène est toujours présent mais a moins de chance de contourner la tolérance. Les betteraves présentent ainsi un meilleur comportement face à la maladie. » Un travail qu’il convient de mener sans pénaliser le rendement ou la richesse.
Les recherches conduites par le semencier ne se limitent toutefois par à la cercosporiose, ce que confirme François-Xavier Gillot. « La lutte contre la jaunisse demeure un axe important, d’autant que l’on ne s’attend à aucun retour en arrière en ce qui concerne le recours aux néonicotinoïdes. »
Un important travail est diligenté sur le syndrome des basses richesses (SBR) et sur les situations à forte pression rhizomanie (FPR). « Les recherches sont menées en France, au sein de la station d’Estrées située à 150 km de la frontière belge. Si, dans un futur proche, l’un de ces phénomènes venait à prendre de l’ampleur en Belgique, nous sommes en mesure de proposer une génétique adéquate aux planteurs. »
Du côté des stress abiotiques, la résistance au stress hydrique est un point d’attention crucial. « Exceptées ces deux dernières campagnes, particulièrement humides, on constate que les printemps et débuts d’été sont de plus en plus secs. Notre génétique s’attelle à répondre à ce constat. Nos variétés expriment d’ailleurs mieux leur potentiel en conditions sèches. » Cela signifie-t-il que les situations humides leur sont défavorables ? « ST Rotterdam, notre plus grosse nouveauté, tire son épingle du jeu même en pareille situation. Cela nous a été confirmé par son comportement durant les printemps 2023 et 2024. »
Cela illustre la volonté du semencier de poursuivre et accroître ses investissements en recherche et développement, un pôle auquel Ragt, nouveau propriétaire de Strube, accorde une grande importance. Avec un objectif : répondre aux problèmes actuels, mais aussi à venir, de la filière betteravière.
Jérémy Vandegoor