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Changement climatique: attention au stress thermique

Face aux changements de températures, nous n’avons pas tous le même ressenti. Ainsi, si nous avons tendance à nous protéger un maximum du froid, pour les bovins, c’est lorsqu’il fait chaud qu’il faut être particulièrement vigilant. A partir de 21 degrés déjà, les vaches peuvent être sujettes à un stress lié à la chaleur. Il est donc primordial d’adapter au mieux leurs conditions de vie.

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Les fluctuations brutales de températures font désormais partie de notre quotidien… Dans ce contexte de fréquence accrue des phénomènes climatiques extrêmes, il est nécessaire pour le monde agricole de s’adapter, et de faire preuve de flexibilité. C’est déjà le cas au niveau des cultures, puisque comme le note Damien Rosillon, du Centre wallon de recherches agronomiques (Cra-w) il y a eu une modification du calendrier. Ainsi, en moyenne, en Belgique, on récolte le blé 20 jours plus tôt qu’auparavant, cela passe à un mois pour les betteraves.

Au niveau des élevages bovins, aussi, les exploitations vont devoir relever de nouveaux défis, comme la pointé la journée d’étude organisée par l’Aredb et le comice d’Ourthe Amblève en collaboration avec le Spw ARNE et Elevéo sur le thème : « Comment améliorer la résilience de nos exploitations agricoles face au changement climatique ? »

Ces animaux, particulièrement vulnérables aux hausses de températures, risquent, en effet, d’être de plus en plus sujets au stress thermique. Un terme utilisé lorsque la chaleur accumulée n’est pas compensée par la déperdition de celle-ci par la vache. Sa température corporelle va alors augmenter, et le bovin se retrouvera dans un état préoccupant. « La vache ne transpire pas beaucoup et évacue difficilement la chaleur alors qu’elle en produit beaucoup à cause de la fermentation dans son rumen, qui agit comme une chaudière », indique d’ailleurs Isabelle Dufrasne, directrice du Centre des technologies agronomiques de Strée.

Par ailleurs, cette tolérance à la chaleur n’est pas similaire d’une bête à l’autre. Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Citons, par exemple, sa race, son état de santé, son niveau de production laitière, ou encore son stade physiologique. Une vache en fin de gestation ou en début de lactation sera, ainsi, plus sensible.

On ne le répetera jamais assez, et pourtant il s’agit d’une erreur encore trop fréquente :  ces animaux ont besoin d’une eau en quantité et qualité suffisantes.
On ne le répetera jamais assez, et pourtant il s’agit d’une erreur encore trop fréquente : ces animaux ont besoin d’une eau en quantité et qualité suffisantes. - Thierry RYO - stock.adobe.com

Prêter attention aux variations de comportement

Les répercussions du stress thermique sur les bovins sont multiples et affectent notamment leur comportement, en fonction de la durée et de l’intensité de celui-ci. L’animal pourra choisir de limiter ses mouvements et ira moins s’abreuver, surtout si le point d’eau est situé loin des zones ombragées (plus d’informations page 18)

Toujours au niveau de son comportement, il y aura une augmentation du nombre de vaches debout. « Par exemple, l’éleveur pourra compter le nombre de vaches couchées une heure après la traite, soit le moment de la journée durant lequel beaucoup d’entre elles sont dans cette position ».

Sur le plan physiologique, les experts pointent également divers changements qui peuvent impacter la conduite d’élevage. C’est notamment le cas de modifications hormonales causées par des températures plus élevées. Ce phénomène peut évidemment nuire au succès des inséminations.

Risques de boiteries et de mammites

Dans cet état, l’animal aura son cœur qui battra plus rapidement, avec une respiration accélérée. Le stress thermique affecte aussi de manière significative la rumination, essentielle pour une digestion efficace chez les vaches.

Et comme les bovins en stress thermique mangent moins, cela peut entraîner un manque de glucose. Pour pallier ce déficit, l’animal commence à puiser dans ses réserves corporelles, un processus qui peut exacerber l’acétonémie. De plus, cette diminution de l’ingestion va diminuer l’immunité de l’animal, le rendant plus vulnérable à diverses maladies. L’éleveur pourrait faire face à une hausse des mammites cliniques, tandis que les vaches, plus souvent debout, pourraient souffrir de boiteries.

Des impacts sur la productivité et la qualité

Vous l’aurez donc compris, le stress thermique affecte le bien-être du troupeau, et par conséquent la rentabilité de l’exploitation. Ainsi, la production laitière sera moindre pour les vaches en lactation ainsi que pour les futures lactations des vaches taries. Cette production diminuera aussi du côté des filles et petites filles des vaches gestantes ayant subi un stress thermique.

Au niveau de la qualité de lait, à présent, on notera une diminution du taux protéique, une baisse des caséines, des minéraux et du lactose. Les acides gras seront modifiés, tandis que les taux cellulaires seront en augmentation. En outre, le colostrum sera de moins bonne qualité, ce qui nuira à la bonne santé du veau.

Adapter la ration

Avec le réchauffement climatique, des épisodes de fortes chaleurs sont donc de plus en plus à craindre. Dès lors, quelles mesures peut-on mettre en place pour y faire face ? Comme dit précédemment, un bon apport en eau est primordial. En outre, des adaptations pourront éventuellement être réalisées au sein du bâtiment d’élevage (voir notre article à ce propos).

Au niveau de la ration, elle doit rester appétente, et protégée du soleil. On peut aussi apporter des compléments dans la nourriture ou encore ajouter de l’eau dans la mélangeuse (environ 4 l par vache). « Comme il y a moins d’ingestion, on conseille aussi de concentrer la ration, de la densifier en énergie et en protéines, tout en gardant une certaine proportion de fourrage », explique Isabelle Dufrasne. Dans ce fourrage, les fibres devront être courtes pour faciliter la digestion tout en maintenant la rumination. Concernant les matières grasses, il ne faut pas en mettre de trop (maximum 6 %). La ration pourra aussi être ajustée en matières de minéraux et vitamines, et ce afin de compenser les pertes liées à l’urine et la transpiration. Ainsi, en période de stress thermiques, il peut être, par exemple, intéressant d’apporter de la vitamine C.

Faire preuve de flexibilité

Bref, une des clés du succès est de savoir faire preuve de flexibilité, en fonction des aléas météorologiques et de l’état du troupeau.

Par exemple, comme le note Daniel Jacquet, conseiller technico-économique pour Elevéo, il est pertinent d’évaluer les moments de la journée durant lesquelles les vaches sont mieux, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Si le choix se porte sur la prairie, il ne faut jamais faire l’impasse sur l’abri, essentiel pour qu’elles puissent se protéger du soleil. Dès lors, que ce soit dehors ou dedans, des solutions existent. Il n’y a plus qu’à mettre des œufs à sainte Claire pour espérer que les températures à venir restent confortables tant pour les éleveurs que pour leurs animaux.

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