L’inflation fait grimper les dépenses en produits bio
En 2023, les dépenses des ménages wallons en produits bio ont bondi de 10 %, par rapport à 2022, en dépit d’une baisse des volumes écoulés. A l’échelle nationale, par contre, tant les dépenses que les volumes écoulés s’affichent en progression, de même que la part de marché dévolue aux circuits courts.


Outre un panorama précis du paysage agricole bio wallon dressé par Biowallonie, l’Observatoire de la consommation, hébergé au sein de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité, livre un état des lieux des achats en magasins et de la consommation de produits bio en Wallonie et en Belgique.
1,15 milliard d’euros dépensés
Les dépenses totales des ménages belges pour les produits alimentaires bio s’élevaient à 1,15 milliard d’euros l’année dernière. Il s’agit là d’un bond fulgurant de 20,7 % par rapport à 2022. Au sud du pays, ce montant culmine à 457 millions, en hausse de 9,9 % (figure 1). Cette situation s’explique principalement par l’inflation, plutôt que par une progression des volumes achetés.
En effet, en la matière, la baisse amorcée depuis quelques années se poursuit, avec un volume total en produits alimentaires bio de 64.657,3 t (hors œufs et produits de boulangerie) achetées en 2023 en Wallonie (- 5,2 % par rapport à 2022). A contrario, les volumes écoulés à l’échelle nationale progressent de 4,2 % et atteignent 163.731,7 t.
Une analyse sur base géographique montre que la Flandre est devenue, en 2023, la première région belge en termes de dépenses en produits alimentaires bio. La Wallonie, habituée à la plus haute marche du podium, cède donc sa place. Cette augmentation de la part flamande est observée depuis 2020, déjà (figure 2).
Par ailleurs, l’Observatoire constate que 98,4 % des ménages wallons ont acheté au minimum une fois un produit alimentaire bio au cours de l’année 2023. En 2022, ce chiffre s’élevait à 98,7 %. On peut donc parler de stabilité !
283 €, en moyenne, par ménage wallon
Parmi les ménages wallons ayant consommé bio en 2023, 20,6 % sont à l’origine de 64,7 % des dépenses en produits bio ; ce sont les consommateurs réguliers. 30,9 % (consommateurs occasionnels) représentent 28,1 % des dépenses bio tant que les 48,5 % de consommateurs restants (consommateurs exceptionnels) endossent 7,2 % des dépenses bio.
L’année dernière, les ménages wallons ont dépensé en moyenne 282,90€ en produits bio (+9,5 %). Ce montant grimpe à 890,20€ (+5,7 %) pour les consommateurs réguliers, soit une moyenne de 74,18€ par mois. Les consommateurs occasionnels ont déboursé 257,60€ (21,47€/mois en moyenne) tandis que les consommateurs exceptionnels limitent leurs dépenses à 41,70€ par an (3,48€/mois).
La fréquence d’achat de produits bio est, quant à elle, stable en Wallonie. Elle s’élève à 32 actes d’achats, malgré de grandes disparités entre les groupes d’acheteurs. Les consommateurs réguliers ont acheté des produits bio 84 fois par an. Les consommateurs occasionnels et exceptionnels ont respectivement réalisé 33 et 9 actes d’achats en 2023.
L’Observatoire de la consommation livre également une comparaison par habitant. On y apprend que le Wallon dépense davantage en produits bio que le Belge. Le premier leur a consacré, en moyenne, 125,70 €, soit 10,60 € de plus qu’en 2022 (+9,2 %). Le second a, quant à lui, déboursé 101,30€ contre 84,30€ un an plus tôt (+17€, soit + 20,2 %). Le Bruxellois demeure, néanmoins, un plus gros consommateur étant donné qu’il a dépensé, en moyenne, 134,90 € (+ 14,10 €, soit + 11,7 %).
La grande distribution cède du terrain au profit des circuits courts
En 2023, les supermarchés étaient, une nouvelle fois, les lieux en Wallonie où les dépenses en produits alimentaires bio sont les plus importantes (37,2 % de la part totale des ventes en produits bio), suivi par les magasins bio (17,6 %). À eux deux, ils couvrent plus de la moitié des dépenses enregistrées. La catégorie « Autres » (magasins de proximité, achats transfrontaliers…) complète le podium, avec 11,6 %. Les boucheries et les hard discount (tels que Lidl et Aldi) sont respectivement en quatrième et cinquième positions, avec respectivement 7,1 % et 6,2 % des dépenses totales en produits bio (figure 3).
Si l’on s’intéresse à l’évolution par canal de distribution, on constate que les magasins bio, qui ont atteint un pic en 2020 (30,9 %), voient leur part de marché s’éroder depuis. De même, les supermarchés, les hypermarchés et achat en ligne reculent également. Ces baisses, selon l’Observatoire de la consommation, se font aux bénéfices des boucheries, des magasins spécialisés, des boulangeries, des fermes et du hard discount.
Un focus sur les grandes et moyennes surfaces (y compris les hard discount) révèle que leur part de marché s’élevait à 48,3 % en 2023, contre 52,1 % en 2022. Si ces chiffres demeurent importants, ils ont tendance à baisser, aux bénéfices des circuits courts.