Écologisme: un chardon pour les uns, du charbon pour les autres…
Comme c’est curieux, les évènements s’enchaînent et chacun en retient ce qui lui convient.

Ainsi, un collège d’experts (en fait Canopéa, un nouveau nom pour Inter-Environnement-Wallonie) remettait, il y a peu, le prix du « Chardon » au plus mauvais acteur environnemental de Wallonie. Et le nominé n’est autre que la Fédération wallonne de l’agriculture, autrement dit, à travers elle, le monde agricole.
Trois lectures sont possibles :
Dans Pleinchamp, la présidente Marianne Streel y voit une reconnaissance flatteuse pour le travail du syndicat en vue de corriger les excès et dérives des réglementations.
Pour le citoyen bobo ordinaire, ce serait, d’une part, la preuve qu’un agriculteur serait toujours un pollueur et, d’autre part, que l’agri-bashing permet de lutter contre les forces du mal.
Enfin, troisième hypothèse, les experts sont complètement déconnectés des réalités et s’imaginent que les agriculteurs sont sortis manifester… peut-être parce qu’ils s’ennuyaient dans leurs fermes.
Quelques jours plus tard, lors des élections, la population tout entière décernait à Écolo le prix du plus grand perdant. La moitié de son électorat lui a retiré sa confiance alors que, paradoxalement, tout le monde aime la nature et adhère globalement à l’écologie, cette science qui concerne « les interactions des êtres vivants dans leur environnement ».
Les agriculteurs, plus que d’autres, sont dans l’écologie tous les jours : travailler le sol le mieux possible pour qu’il nourrisse les plantes et les bêtes qui, elles-mêmes, nourrissent le monde. Apparemment, les experts ne s’en rendent pas bien compte.
Les partenaires d’Écolo ont pourtant joué le jeu : c’est le cas des libéraux qui ont répondu présents pour mettre en place les mesures qu’ils souhaitaient. Ainsi, par exemple, les voitures électriques en contrepartie d’une défiscalisation. Les socialistes aussi ont été de leur côté pour générer des budgets à charge de l’État en vue de donner corps à pas mal de leurs idées.
Et ces idées, comment les resituer dans le fil du temps ? Il y a cinquante ans, l’écologisme s’est construit sur deux axes : en réaction à l’intensification de l’agriculture, avec le bio, et dans le pacifisme politique, avec le « Nucléaire, non merci ».
Depuis, le monde a changé. L’agriculture fut poussée à produire toujours plus en quantité, puis à s’aligner sur les prix mondiaux et, enfin, à intégrer de plus en plus de paramètres environnementaux. L’agriculture se raisonne désormais avec cinquante nuances d’agroécologie, mais les clichés perdurent dans certains milieux. Curieusement, des normes différentes à l’importation laissent indifférent. De même, ajouter des règlements aux règlements à ses limites quand on travaille dans un milieu précisément naturel.
En cinquante ans, la croissance mondiale a explosé, démographiquement, économiquement et celle-ci est alimentée par de l’énergie fossile qui laisse des traces dans l’atmosphère, causant le réchauffement climatique. C’est devenu le grand défi du monde actuel que l’on résume en un mot : transition énergétique.
Et là, il faut admettre que ce n’est pas le charbon mais le nucléaire qui fait partie des solutions. L’agriculture aussi puisque, corrélée à la forêt, elle est pratiquement la seule à capter l’excès de CO2 envoyé dans l’air pour le mixer temporairement à l’organique qu’elle produit.
Ce nouveau défi est planétaire. Il met en porte à faux tout un dogmatisme lié à l’écologisme du début. Puissent les experts de l’écologie se ressaisir, intégrer toute cette évolution mondiale, se méfier du radicalisme et accompagner l’agriculture au lieu de la plomber.