Le Blanc Bleu-Belge: un atout pour répondre aux défis climatiques!
Le Blanc-Belge est-il notre meilleur allié pour atteindre les objectifs environnementaux actuels et futurs ? La réponse est oui, si l’on en croit les résultats prometteurs du projet « Blanc-Bleu Vert ». Cette étude prouve qu’en misant sur différents facteurs, comme la génétique, le croisement viandeux-laitier, ou encore l’alimentation des bêtes, cette race possède tous les atouts pour s’ancrer dans une production toujours plus durable.

Reconnu pour sa haute proportion de viande dans la carcasse et son efficacité alimentaire incomparable (4,5 kg d’aliments pour produire 1 kg de poids vif), les qualités du Blanc-Bleu Belge ne sont plus à démontrer. Des particularités qui lui ont permis d’acquérir ses lettres de noblesse tant en Wallonie, qu’aux quatre coins du monde. Mais si cette race jouit d’une renommée internationale, à présent, une nouvelle mission l’attend. Démographique, d’abord, avec une population mondiale estimée à 10 milliards d’habitants couplée à une augmentation de 20 % de la consommation de viande à l’horizon 2050.
Environnementale, ensuite, notamment à travers les objectifs fixés par le Green Deal. D’ici 2030, la production de gaz à effet de serre doit, en effet, diminuer de 55 % en Europe. Pour le secteur agricole belge, c’est 47 %. Un enjeu de taille pour lequel nous pourrons compter sur nos bovins belge. C’est en tout cas, ce que prouvent les résultats de « Blanc-Bleu Vert ». Menée sur quatre ans, le but de cette étude est de réduire l’empreinte environnementale de la production de viande bovine de cette race. Elle se concentre ainsi sur différents aspects : les émissions de méthane, l’empreinte CO₂, mais également la compétition pouvant exister entre l’accès aux ressources pour l’alimentation animale et humaine.
Co-financé par Inovéo, Proxani (une entreprise spécialisée dans l’alimentation), et par la Région wallonne, ce projet bénéficie des expertises scientifiques du Centre wallon de recherches agronomiques et de l’Université de Liège. Ensemble, ils ont prouvé qu’en activant différents leviers, des changements impressionnants peuvent d’ores et déjà être réalisés.
Une diminution de 32 % de méthane avec le lin !
Après deux ans de travail, l’équipe a ainsi montré les résultats dits « spectaculaires » des essais alimentaires menés à Ath, Gembloux et Libramont. Les animaux choisis ? Des taurillons Blanc-Bleu Belge, évidemment, et des croisés Holstein. Ces derniers ont reçu dans leur ration des acides gras provenant de graines de colza et de lin extrudées, traitées pour être plus digestibles. Durant la période de test, les émissions de méthane des bovins ont été mesurées à l’aide d’un greenfeed, une machine installée près de la mangeoire qui absorbe l’air expiré par les animaux pendant qu’ils se nourrissent. Les tests ont montré une réduction de méthane plus que significative. 23 % pour le colza et, encore plus impressionnants… 32 % pour le lin ! Et ce, sans affecter la croissance des bovins puisque les pesées ont démontré que leur poids et donc leur rentabilité économique, sont restés tout à fait satisfaisants.
Miser sur la génétique et les croisements
Si grâce à l’alimentation, les experts ont déjà obtenu des effets immédiats, d’autres solutions ont aussi été étudiées. Par exemple, la génétique permet de sélectionner des animaux les plus aptes à transformer leur nourriture sans émettre beaucoup de méthane. Un aspect à envisager sur le long terme pour obtenir les bovins les plus efficients.
Par ailleurs, si ces différents tests ont été réalisés sur des Blanc-Bleu Belges et des croisés Holstein, ce n’est pas anodin. Ce croisement viandeux-laitier semble être une piste efficace pour répondre à ces questions climatiques sans pour autant faire l’impasse sur le rendement. Didier Stilmant, du Cra-w, explique : « Pour les taurillons, la mère est aussi à prendre en compte. La vache va mettre bas et, si nous sommes dans un troupeau laitier, contrairement à un allaitant, elle donnera du lait en plus de son veau. Son impact sera donc réparti entre la production viandeuse et laitière ». De cette manière, l’empreinte environnementale de la viande pourrait être réduite d’environ 30 %. De plus, en intégrant de la génétique Blanc-Bleu Belge sur une race laitière, une augmentation de 8 % du poids-carcasse peut être obtenue.
Si « Blanc-Bleu Vert » se clôtura en 2026, l’équipe salue déjà « ces avancées particulièrement significatives et pertinentes. Elles contribueront à atteindre les objectifs du Green Deal, sans rajout de contraintes supplémentaires pour les éleveurs si ce n’est une adaptation de l’alimentation de leur bétail et un choix judicieux de géniteurs mobilisés ».