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Aux côtés de ses produits phares, Bayer CropScience déploie ses nouveautés

Mi-juin, parallèlement à ses fers de lance, Bayer CropScience exposait sur sa plateforme démonstrative plusieurs agréations récentes ainsi qu’une nouveauté. Au rang des premières, figurent le biofongicide Serenade Aso (protection contre le rhizoctone brun) et l’insecticide Sivanto Prime (lutte contre les pucerons), tous deux utilisés en pomme de terre. L’innovation, elle, se nomme Propulse. Il s’agit d’un nouveau fongicide protégeant les parcelles betteravières de la cercosporiose.

Temps de lecture : 7 min

Comme de coutume, c’est à Houtain-le-Val (Genappe) que Bayer CropScience a installé sa plateforme démonstrative. Sur pas moins de 1,5 ha, Olivier Buyze, Advisory representative Agri, y détaille les plus-values des différents produits présents dans le catalogue du phytopharmacien, en fonction des problématiques rencontrées par les agriculteurs. Il passe également en revue les dernières innovations, dont la mise sur le marché est effective ou prochaine.

Désherbage des céréales : anticiper et combiner les leviers

La visite débute dans l’essai dédié au désherbage des céréales. En la matière, notre guide maintient sa stratégie déjà maintes fois évoquée : « Intervenir dès l’automne demeure le plus pertinent, afin de réussir cette opération, surtout en présence d’adventices résistantes à certains herbicides. Toutefois, lorsque l’on connaît un automne tel qu’en 2023, il n’y a pas d’autre choix que d’envisager des interventions printanières dans le planning de la ferme ».

Dans le schéma automnal, le Liberator (400 g/l flufenacet + 100 g/l diflufenican) est vu par le phytopharmacien comme la locomotive du traitement. On l’associera au Mateno Duo (500 g/l aclonifen + 100 g/l diflufenican) pour gagner en efficacité et limiter la pression exercée sur les matières actives. Tous deux sont agréés en froment, épeautre et escourgeon. Ils se montrent efficaces contre les dicotylées (coquelicots, gaillets, camomilles…) et présentent un spectre d’action anti-graminée (vulpins, jouets du vent, ray-grass…). « Tant le Liberator que le Mateno Duo peuvent être appliqués en pré- et en post-émergence. Cette flexibilité permet de traiter le même jour des parcelles présentant des stades différents », ajoute Olivier Buyze.

Les opérations printanières feront, quant à elles, intervenir un herbicide de la gamme Sigma, à base de mésosulfuron. Avec un conseil : traiter au moment opportun et à une dose adaptée à la situation rencontrée.

Notre hôte insiste ensuite sur l’importance de combiner outils agronomiques et leviers phytosanitaires. « La charrue fait partie de ces outils, car enfouir profondément les semences est aussi une manière de se prémunir des adventices. Certaines années, il faut donc accepter de labourer l’une ou l’autre parcelle. » Au même titre, un travail superficiel, de type faux semis, suivi de l’application d’un désherbant total, constitue une autre piste.

Le positionnement du T1, un paramètre crucial en céréales

Tant en escourgeon qu’en froment, les trois derniers étages foliaires sont essentiels dans l’élaboration du rendement. Sans eux, le remplissage de l’épi ne peut être optimal.

Dans ce cadre, les fongicides doivent protéger l’escourgeon face à l’helminthosporiose, la rouille naine, la rynchosporiose et la ramulariose. Une nouvelle fois, Bayer recommande un programme à deux traitements. En pratique, Fandango Pro (100 g/l prothioconazole + 50 g/l fluoxastrobine) est conseillé en T1, au stade 1er-2e  nœud. Il sera suivi, en T2, d’une co-formulation à large spectre et longue rémanence Xpro (prothioconazole et bixafen) au stade dernière feuille étalée – barbe pointante.

En froment, la saison en cours rapelle l’importance de commencer le programme fongicide avec un T1 à large spectre. Positionné autour du stade 2e  nœud, il protège la culture de la septoriose, de la rouille jaune et de la rouille brune. Olivier Buyze suggère une solution à base de prothioconazole, à savoir Input (160 g/l prothioconazole + 300 g/l spiroxamine).

Au-delà de la matière active, un essai riche d’enseignements était consacré au positionnement du T1. Deux parcelles traitées à quatre jours d’intervalle montrent des résultats bien différents : celle bénéficiant d’un T1 « précoce » s’affiche en meilleure forme que sa voisine, protégée « tardivement ». « L’expérience montre qu’un T1 appliqué préventivement, toujours aux alentours du stade 2e  nœud, est mieux valorisé par rapport à une application curative. Pour l’agriculteur, cela se traduit par un meilleur retour sur investissement. » Avec une difficulté toutefois : le positionnement optimal peut se jouer à un jour près.

Pour un même investissement, le bon positionnement du T1 en froment procure un meilleur retour sur investissement,  a mis en évidence Bayer.
Pour un même investissement, le bon positionnement du T1 en froment procure un meilleur retour sur investissement, a mis en évidence Bayer. - J.V.

Le T2 conserve son positionnement au stade épiaison. « Cependant, il n’est pas impossible qu’il faille intervenir plus tôt, lorsque le T1 est avancé de quelques jours, afin de maintenir un intervalle de temps correct entre les deux traitements. » Ici, la gamme Xpro est recommandée, comme en escourgeon. Elle allie rémanence jusqu’à la moisson, curativité en présence de rouille jaune et protection contre les fusarioses des épis.

Un nouveau fongicide en betterave sucrière

Dans l’essai dédié aux betteraves sucrières, Olivier Buyze s’attarde sur Propulse, un nouveau fongicide faisant son apparition dans le portfolio de Bayer. « La cercosporiose est devenue la maladie n°1 pour les planteurs. Et ce, d’autant que la plage d’attaque du pathogène s’élargit, que l’efficacité de certaines triazoles baisse et que des matières actives ne cessent de disparaître du marché. »

Pour répondre à cette problématique, Propulse associe deux matières actives complémentaires (125 g/l fluopyrame + 125 g/l prothioconazole) et met en œuvre de nouveaux modes d’action. Le phytopharmacien recommande de le positionner dès le T1, « vu sa force », afin de mieux valoriser le T2 effectué trois à quatre semaines plus tard.

À noter : ce produit n’est pas encore agréé mais fait l’objet d’une dérogation « 120 jours » à la demande de l’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave. On visera un traitement dès l’apparition des premiers symptômes à 1 l/ha (en programme) ou 1,2 l/ha (Propulse seul), minimum 21 jours d’intervalle entre deux passages et un délai avant récolte de 42 jours.

Face aux pucerons verts et noirs, vecteur de la jaunisse, le Movento 100SC (100 g/l spirotetramat) a bénéficié d’une nouvelle autorisation « 120 jours » cette année, pour maximum deux applications. « Les traitements insecticides doivent débuter dès le stade juvénile de la betterave et, surtout, dès que le seuil de traitement est atteint. Ici aussi, l’alternance des produits est de mise. »

Sous régime « Conviso One »

En matière de désherbage, toute nouvelle solution doit être protégée afin d’en assurer l’avenir. C’est notamment le cas du système Conviso One, reposant sur l’utilisation de l’herbicide éponyme et la plantation de variétés tolérantes aux sulfonylurées, dites Smart Conviso. « Protéger, cela signifie associer plusieurs matières actives. D’une part, afin d’éviter l’apparition de résistance, d’autre part, en vue d’éliminer les adventices qui présenteraient déjà un certain niveau de résistance. »

La combinaison suggérée par Bayer fait intervenir Betanal 1,25 l/ha + Tramat 0,3 l/ha + Convisio 0,5 l/ha + Actirob B 1 l/ha au stade 2 feuilles de la betterave puis, une seconde fois, au stade 4-6 feuilles. Lors de la deuxième application, l’ajout de Frontier Elite (0,5 l/ha) est recommandé.

Concernant les repousses de betteraves Smart Conviso, différents herbicides ont été testés sur la plateforme en fonction de situations rencontrées (Bofix, MCPA 750, Roundup Energy, Aspect T…). Avec une double conclusion. Premièrement, plus la betterave est jeune, plus le traitement est sans appel. Ensuite, il convient de conserver un maximum de familles chimiques afin d’intervenir dans toutes les circonstances.

Serenade Aso et Sivanto Prime en pommes de terre

Du côté de la culture de la pomme de terre, Olivier Buyze s’attarde sur Serenade Aso, un biofongicide nouvellement agréé à base de Bacillus amyloliquefaciens QST713 (13,96 g/l). En production de pommes de terre de consommation, il s’incorpore au sol (5 l/ha) avant la plantation et assure la protection de la culture contre le rhizoctone brun. Par ailleurs, les tubercules récoltés sont plus sains et leur peau se montre plus résistante. « En vente directe ou sur le marché du frais, cela confère un atout non-négligeable ».

Les effets sont également présents en production de plants. « Les tubercules récoltés sont mieux finis, sur les plans sanitaire et nutritif. Il en résulte une meilleure vigueur de départ des plants l’année suivante ainsi qu’un gain de production. »

En pommes de terre, le biofongicide Serenade Aso assure la lutte contre le rhizoctone brun et contribue  à accroître la résistance de la peau des tubercules.
En pommes de terre, le biofongicide Serenade Aso assure la lutte contre le rhizoctone brun et contribue à accroître la résistance de la peau des tubercules. - J.V.

L’autre introduction récente, c’est l’insecticide Sivanto Prime (200 g/l flupyradifurone) agréé contre tous les pucerons de la pomme de terre, pour une application par an à la dose de 0,375 l/ha. « Outre son efficacité, il se montre sélectif des insectes utiles qui agissent en relais du traitement phytosanitaire. » Il présente également un effet sur doryphores.

Enfin, en matière de désherbage, Olivier Buyze rappelle l’importance d’associer plusieurs matières actives (quatre à cinq, selon les situations) en vue de réaliser un travail optimal contre la flore en place. Alors que le prosulfocarbe disparaît du marché, les fers de lance du phytopharmacien demeurent le Gofor (450 g/l aclonifen + 150 g/l flufenacet), le Challenge (600 g/l aclonifen) et l’Artist (24 % flufenacet + 17,5 % métribuzine, sur variétés non sensibles à cette dernière matière active), à compléter selon les adventices rencontrées. Et de livrer également ses craintes : « Si, demain, le flufenacet venait à disparaître, la lutte contre les adventices en pommes de terre s’en trouverait grandement compliquée ».

Jérémy Vandegoor

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