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Essais jouets du vent en céréales de FMC: de nouvelles solutions pour l’avenir?

Il y a peu, Yves Decroos, Technical manager FMC Belgium nous présentait les essais jouets du vent en céréales de la société avec les solutions actuelles et futures qu’elle propose en la matière.

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Avant d’entrer dans le vif du sujet, Yves Decroos, Technical manager FMC Belgium fait un bref rappel du pourquoi de la protection des végétaux : pour assurer la sécurité alimentaire en termes de qualité et de quantité, et sécuriser le revenu de l’agriculteur bien sûr. En effet, la population a tendance à oublier d’où nous venons et pourquoi nous protégeons les plantes. « Entre le 9e et 19e, on comptait entre 10 et 27 famines par siècle en France, c’est l’agriculture moderne qui a permis de remédier à cela. Il ne faut pas l’oublier et il faut savoir si on veut produire au sein de l’Europe ou dépendre des importations. La sécurisation du rendement et de la qualité justifie la protection des végétaux. Malheureusement, on manque cruellement de vision globale et à long terme. On doit absolument savoir où on veut aller et comment on veut y aller et, les changements doivent être envisagés sur 10-15 ans car, en agriculture, on ne peut pas tout modifier du jour au lendemain. Aujourd’hui, nous cherchons un équilibre entre l’efficacité, la sélectivité et la législation mais ça devient de plus en plus compliqué car nous devons toujours faire plus avec moins… moins de matières actives, moins d’agriculteurs… comment dans ces conditions trouver un compromis pour assurer la production nécessaire à l’UE ? »

Les difficultés d’intervention de cette année

« La saison 2023-2024 a été extrêmement compliquée pour deux raisons. D’une part, les pluies incessantes depuis la mi-octobre qui ont rendu les semis difficiles et perturbé le développement des plantes. D’autre part, un manque de solutions pour le suivi de certaines cultures. Cette année, il m’est arrivé plus souvent que d’accoutumée de devoir dire aux gens que je n’avais pas de propositions pour les aider. Les essais présentés sont vraiment le résumé du déroulé de l’année ». Dans ce contexte, la problématique des jouets du vent – moins connue mais semblable à celle du vulpin avec, notamment,le dév eloppement de résistances – a été encore plus marquée que d’habitude du fait de l’impossibilité de traiter à l’automne après le semis.

Malgré, les semis différés et les possibilités de traitement à l’automne limitées, FMC a pu établir ses essais dans une parcelle d’épeautre à Maransart. Ces derniers présentaient des modalités de traitements en préémergence et postprécoce (céréales 1 à 2 feuilles et mauvaises herbes 1 à 2 feuilles) avec des produits disponibles et des essais en préémergence avec des matières actives en développement.

Actuellement, contre le jouet du vent

Onze traitements d’automne ont été réalisés en pré et post afin de pouvoir observer les différences en termes d’efficacité. Ceux-ci étaient également mis en comparaison avec deux traitements de référence de printemps à base de sulfonylurées et phénylpyrazolines qui font l’objet de résistances de la part du jouet du vent. Pour la première référence, c’était clairement le cas.

Les produits Beflex (500 g/l beflubutamid) et Nucleus (200 g/l diflufénican, 400 g/l flufénacet) ont été testés seuls et en association ainsi qu’avec la nouvelle matière en développement.

« Le Beflex est rarement conseillé seul mais si c’est le cas, il montrera sa meilleure efficacité en pré avec 90 % des jouets éliminés. En post, les jouets sont déjà trop développés pour que l’action radiculaire du produit fasse correctement effet ».

« Le Nucleus a quant à lui été testé en demi-dose, avec de bons résultats en pré comme en post. «L’idée était que la flufénacet puisse être maitenue à ce niveau. Malheureusement, il semble que ça ne sera pas le cas. Pourtant, il s’agit de la base en désherbage graminées, on travaille donc à une alternative.» L’ajout du Beflex à la demi-dose de Nucleus s’est avéré excellent en pré comme en post ce qui confirme l’apport supplémentaire du Beflex en combinaison. Néanmoins, en présence de vulpins, nous conseillions de conserver la dose pleine pour le Nucleus ».

Afin d’envisager le futur, la nouvelle matière active PMI développée par FMC pour les céréales, le colza et la pomme de terre, a été testée en association avec Belfex et Défi. « Entre-temps le Défi a été retiré mais les résultats de cette association se sont montrés davantage concluants en post, sans doute du fait de la rémanence d’un mois supplémentaire permis par le traitement post ».

Que ça soit en pré ou post, c’est donc bien l’association Nucleus/Beflex qui est donc recommandée.

Dans un premier temps, la présence du jouet du vent aura peut-être peu d’impact sur le rendement mais, à moyen terme, son resemis entraînera un développement de plus en plus important des plantes avec un effet sur la qualité (humidité) et le rendement des céréales, et l’apparition de plantes résistantes, impossibles à éliminer.
Dans un premier temps, la présence du jouet du vent aura peut-être peu d’impact sur le rendement mais, à moyen terme, son resemis entraînera un développement de plus en plus important des plantes avec un effet sur la qualité (humidité) et le rendement des céréales, et l’apparition de plantes résistantes, impossibles à éliminer. - D.J.

Pour le future, deux solutions en développement

Comme déjà précisé, l’essai développement en préémergence se concentrait sur deux matières actives : l’une déjà utilisée dans d’autres cultures (PMS), l’autre (PMI) en finalisation avec une mise sur le marché espérée pour 2027.

La matière active existante (PMS) a été testée à différentes doses mais les pluies ont malheureusement limité la démonstration. Si son utilisation est élargie aux céréales, pommes de terre et colza, cette substance pourrait représenter une alternative au flufénacet.

La nouvelle matière active (PMI) n’excelle pas sur jouets du vent mais, en combinaison avec PMS, on peut atteindre 99 % d’efficacité voire 100 % avec l’ajout de Beflex (qui permettra également d’atteindre les coquelicots, son point fort). « Nous travaillions à affiner ce conseil en termes de doses et partenaires. »

Autres produits de la marque

Yves Decroos fait également un bref rappel sur d’autres solutions phares de la société dont le Coragen (200 g/l chlorantraniliprole), insecticide pour lutter contre les doryphores en pommes de terre « avec un effet durable et sélectif des auxiliaires ».

Il aborde également le Venzar (500 g/l lénacile) et le Centium (360 g/l clomazone) dans le contexte des réductions drastiques dans le programme de désherbage en betteraves. « On avait un mur duquel on a progressivement retiré des briques, pas sûr qu’il tienne encore ». Le Centium est recommandé en préémergence ou tout de suite après le semis sur des sols argileux voire sablo-argileux : « En sols sableux, tout à fait déconseillé mais, dans d’autres conditions, son utilité peut être appréciée. L’effet visuel sur la culture peut être impressionnant mais son impact sur le rendement sera très limité. Le Venzar peut quant à lui être envisagé en remplacement du Safari ».

Et de conclure comme il a commencer: « À notre époque, on donne l’impression que tout ce qui est chimique est dangereux au contraire du naturelle ou biologique sans danger. Ce n’est pas le cas, c’est la dose qui fait le risque. On ne peut décemment pas nous demander de faire plus ou mieux avec moins de solutions et de main-d’œuvre ».

Delphine Jaunard

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