Un meilleur revenu grâce à la Normande : le pari gagnant de Laval Dreams
À la ferme Laval Dreams, près de Rennes, la race Normande est reine. Jean-Michel Arondel y élève 110 vaches et environ 125 génisses. Une partie de la production laitière et de viande est vendue directement dans leur petite boutique. Charcuterie, tomme, camembert, fromage blanc… sans oublier les incontournables lait et beurre, il y en a pour tous les goûts. Pour en savoir plus sur cette exploitation en polyculture-élevage, direction Amanlis, un village breton situé non loin de Rennes, où se tenait le salon Space.

À l’occasion de cet événement dédié à l’élevage, Jean-Michel Arondel a accepté de partager son quotidien avec des visiteurs internationaux venus en nombre pour découvrir les coulisses de son exploitation. L’opportunité pour lui de présenter ses Normandes, une race qu’il affectionne tout particulièrement. Preuve en est, lorsqu’il n’est pas à la ferme, on le retrouve souvent sur les rings des concours bovins, comme ceux du Space, où il officie en tant que juge. « J’ai déjà jugé en Colombie, aux États-Unis… », confie-t-il, avant de raconter l’histoire de sa ferme familiale, dont il a repris le flambeau. « Je suis la troisième génération. Cependant, mes parents élevaient des Holstein. Lorsque nous nous sommes installés, nous ne pouvions pas nous agrandir et racheter des quotas laitiers. Nous avons donc décidé de nous orienter vers la Normande. Elle nous permettait d’ajouter de la valeur, puisque son lait et sa viande sont mieux rémunérés ». Ainsi, si habituellement le lait est payé 42 centimes le litre, Jean-Michel en reçoit 50. Une plus-value expliquée par les bonnes performances en matière grasse (4,3 %) et en protéines (3,7 %).
« Nous travaillons également sans OGM », ajoute-t-il.
100 ha cultivés autour de l’exploitation
De la salle de traite aux robots à l’horizon 2025
Après l’étable, direction la salle de traite. En épis, avec 2 rangées de 8 places, cette installation ne sera bientôt qu’un lointain souvenir. En effet, l’agriculteur a décidé de passer au robot de traite et vient d’en acheter deux. Ces machines, espère-t-il, lui faciliteront la vie et allégeront un peu sa charge de travail. « Ce sera pour 2025. En France, on ne trouve plus personne pour nous aider à traire. Je passe plus de 5 h ici. Ce n’est pas tenable sur le long terme… Si l’on veut continuer à travailler de la même façon, il faut s’associer à d’autres personnes. J’ai engagé un salarié à temps plein et un autre pour 25 h par semaine. À la boutique, ma femme bénéficie également d’une aide de 28 h par semaine ».
Un peu plus loin, à quelques pas de la salle de traite, se trouve la nurserie. Les veaux y reçoivent le lait maternel jusqu’à l’âge de 10 à 12 semaines. Quant au taux de mortalité, il est de 10 %. « Ce sont surtout des problèmes respiratoires. Le bâtiment est assez ancien et peut être trop chargé par rapport au nombre de bêtes. Néanmoins, en Bretagne, le taux de mortalité moyen est de 15 % ».
Épargné de la FCO et de la MHE
Autre fait étonnant, alors que la fièvre catarrhale ovine est au cœur des préoccupations dans notre pays, cette partie de la Bretagne semble encore épargnée par le virus. « Je n’ai pas eu de vaches infectées ! », ajoute-t-il en touchant du bois. Ses animaux, en pleine santé, n’ont d’ailleurs pas été vaccinés.
Même constat pour la maladie hémorragique épizootique, apparue en Europe en octobre 2022 avant de se propager en Italie, en Espagne et au Portugal. Actuellement, plusieurs foyers ont été déclarés en France, mais la ferme de Jean-Michel a, heureusement, été épargnée.
Toujours dans cet espace dédié aux jeunes bovins, l’éleveur précise qu’il travaille exclusivement avec des inséminations artificielles et accorde sa confiance au génotypage. « Je revends mes femelles avec une très belle génétique. Elles représentent 20 % du chiffre d’affaires de l’exploitation ». Les jeunes Normandes partent principalement dans le grand ouest de la France, et parfois même vers d’autres continents… comme l’Afrique ! « Certaines ont été vendues au Sénégal, où elles s’adaptent très bien à cette nouvelle vie ».
Des palaces à la boutique de l’exploitation
Cette vente de génisses représente 20 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Il en va de même pour la viande, tandis que les 60 % restants concernent le lait. Dix pour cent de cette production laitière sont directement valorisés à la boutique de la ferme. Pour la viande, 35 vaches sont réformées chaque année, et 10 d’entre elles sont vendues dans ce petit magasin. « C’est lors de concours que nous avons réalisé que les consommateurs recherchaient réellement des produits locaux ».
À la tête de cette petite boutique, justement, Isabelle prépare un plateau de fromages et de charcuteries tandis que son mari répond aux questions des visiteurs d’un jour. Cela fait maintenant trois ans qu’elle transforme leurs produits, avec un véritable savoir-faire. « Goûtez le fromage aux truffes, il est excellent », conseille-t-elle, forte de son expérience puisqu’avant d’être chez Laval Dreams, elle travaillait dans la restauration de luxe, au sein de palaces. « On peut dire que mon ancien métier m’a un peu rattrapée », sourit la maîtresse des lieux, qui, avec son mari, a su concilier élevage et terroir, pour le plus grand plaisir des amateurs de produits bretons.