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Durable? Caprice du marketing ou valse des mots

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Il y a une quinzaine d’années, le terme  « light » ne s’employait plus que pour qualifier la nourriture peu calorique. Cela devait être un moyen d’affiner notre silhouette (tout en arrondissant les marges bénéficiaires d’autres).

Vient le tour du terme «  Bio » qui fut le plus exploité pour doper les ventes d’une nourriture plus saine. Cette aubaine n’a pas échappé aux fabricants de cosmétiques ou de brosses à dents dont les produits ont pris des reflets ou des consonances bio. Les distributeurs d’aliments arborant ce label se sont bien peu souciés de rémunérer les agriculteurs proportionnellement à leurs efforts. On a oublié aussi de contrôler si le bio importé avait les vertus du bon bio belge. Cela a fait souffrir une filière prometteuse!

Par la suite, il a été bien perçu d’emballer les produits en « vert  » pour qu’ils paressent plus naturels. L’attrait pour cette couleur n’a pas échappé aux fabricants de détergents chimiques… et ils en ont sournoisement profité.

Dans la foulée, on a pensé au terme « durable » ce qui donnait à l’administration une raison d’exister en oubliant que cela nous encombrerait de nouvelles réglementations avec la paperasse qui l’accompagne. Le dictionnaire Larousse a dû bien se tromper en définissant le mot durable comme suit : qui dure longtemps, qui est stable. En effet, les constructions « durables » en bois s’envolent en moins de 10 secondes lors de tempêtes extrêmes ou brûlent en quelques minutes. Il y a des dizaines de milliers de cas en Californie et tant de morts en Turquie dans l’incendie d’un hôtel de luxe en bois. À Los Angeles, il y a un exemple de construction durable : le musée Getty qui a résisté au milieu de milliers d’hectares en flamme. Il a été construit en béton et pierre calcaire. Il n’est pas couvert d’un toit végétalisé mais bien de cailloux écrasés conçus pour ne pas accueillir des flammèches emportées par le vent.

À Paris, un autre style de construction durable peut être admiré: Le Pont-Neuf, il est le plus vieux pont de la ville et c’est sans doute grâce à son état exceptionnel qu’il porte ce nom. Cerise sur le gâteau, son entretien ne coûte pas celui de la nouvelle construction pharaonique montoise.

Chez nous, ce qui risque de rester durable au sens propre, ce sont les dépenses de l’argent publique. On a détruit (pardon déconstruit) certains bâtiments administratifs datant d’une cinquantaine d’années parce qu’ils ne correspondaient plus aux normes. N’aurions-nous pas pu prévoir ces constructions avec des matériaux isolants qui existaient déjà tels que l’argex ou les blocs Ytong. À cette époque, il fallait déjà penser à économiser le pétrole, pas pour un problème de pollution mais parce qu’on pensait que les réserves de l’or noir se raréfiaient. Notre déficit est abyssal et il risque de rester durable puisque nous répétons les erreurs du passé en ne prévoyant pas dans les constructions d’aujourd’hui les nécessités du futur à savoir la résistance aux incendies ou aux vents de plus de 150 km à l’heure. Cela est indispensable si on veut éviter demain une catastrophe sans précédent ou bien nous paierons à l’avenir le peu d’efforts faits en faveur du climat.

André Jadin,

Meux

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