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Jancovici au parlement français

C’est en lisant la « Voix de la terre », il y a quelques années, que j’ai découvert Jean-Marc Jancovici, le grand communicant français sur le climat. Comme beaucoup d’autres, je fus séduit par sa capacité à dire clairement des choses compliquées. Il m’avait remis les pendules à l’heure sur la question du réchauffement climatique. Comme il communique beaucoup sur You Tube, je me suis fait « follower » de cet « influenceur » (comme on dit aujourd’hui). Il va d’ailleurs beaucoup plus loin en agissant concrètement via « Carbone 4 » et « Shift Project » qu’il anime efficacement.

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Paradoxalement, il fut longtemps ostracisé par les écologistes radicaux pour oser intégrer le nucléaire dans les alternatives aux énergies fossiles… Jusqu’à ce que Greta Thunberg lui donne « l’absolution » c’est-à-dire raison.

Bref, ce 15 janvier, cet intello parisien était auditionné par la commission agricole de l’Assemblée Nationale » pour donner son avis sur ce qu’il conviendrait de faire en agriculture. Les députés de l’extrême-gauche, de l’extrême-droite et de l’extrême-centre, ont donné l’impression qu’ils souhaitent tous le meilleur pour les agriculteurs : des prix plus élevés pour soutenir une agriculture plus durable. Évidemment !

J’ai retenu quelques phrases « choc » qui illustrent bien le monde actuel : Ainsi, se nourrir en France coûte 15 % du budget des ménages, mais « départ champs », ce ne serait que 1,7 %. Les prix agricoles sont insignifiants dans le coût de l’alimentation mais c’est le prix mondial, autrement dit le plus bas, la variable d’ajustement, avec une discrimination négative pour les agriculteurs face à l’importation. Ce n’est pas un scoop mais le libre-échange reste de mise.

Autre observation : quand on voit trois à quatre camions sur les routes, au moins l’un d’entre eux transporte de la nourriture. Sans eux, les villes meurent de faim.

La diminution de la production en élevage est de 2,7 % par an. Il y a peut-être une moindre consommation mais surtout une plus grande importation. On a cité le chiffre de 20 %, alors que la France était exportatrice en produits agricoles. On a aussi cité le chiffre de 18 % d’agriculteurs vivant sous le seuil de pauvreté. Le nombre d’éleveurs a chuté de 50 % en 20 ans.

La qualité est-elle récompensée ? un chiffre impressionnant pour illustrer la question : le budget des produits vendus avec le label Bio, c’est la moitié du budget consacré aux cigarettes.

À propos des labels, l’attention fut attirée sur les limites des traçabilités, de l’hyper-règlementation et de tous les coûts que ceux-ci génèrent…

Toutes tendances confondues, les députés semblent avoir compris que supprimer les vaches parce qu’elles émettent du méthane en ruminant serait une très mauvaise idée, avec un bilan négatif puisque la suppression des prairies irait de pair.

Par contre, je n’ai pas entendu de réflexion sur le fait qu’il y a d’autres ruminants. Pas de volontaire pour expliquer que, de ce point de vue, il vaudrait peut-être mieux manger du cochon que du mouton…

Je n’ai pas entendu non plus évoquer la divergence des scientifiques concernant l’impact des émissions naturelles de méthane de nos vaches. Beaucoup considèrent que la durée de vie de ce gaz à effet de serre étant très courte dans l’atmosphère (12 ans), à nombre de vaches équivalent, il n’y a aucun impact sur le climat.

Au petit jeu des conventions et des lobbies qui valorisent ou dévalorisent tel ou tel secteur, l’agriculture doit renforcer sa communication. Le Sillon nous alertait déjà sur l’interprétation biaisée du rôle du méthane il y a 5 ans (17/2/2020). Je vais écrire à Monsieur Jancovici pour lui dire (…)

JMP

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