Campagne vaccinale : malgré les retards de livraison, déjà plus de 1.600.000 doses injectées
Fin octobre, notre pays annonçait l’obligation vaccinale pour contrer les sérotypes 3 et 8 de la fièvre catarrhale ovine, ainsi que la maladie hémorragique épizootique. Une décision prise pour éviter de revivre la catastrophe de 2024, dont de nombreux éleveurs essuient encore les plâtres. Et tandis que, d’ici un mois, ovins et bovins devront avoir reçu leur traitement, beaucoup d’agriculteurs ne sont toujours pas en possession des doses nécessaires, principalement pour la FCO8. David Clarinval, ministre fédéral de l’Agriculture, a accepté de revenir sur cette campagne inédite en Belgique.

Cinq mois après son annonce, quel regard portez-vous sur la campagne de vaccination ?
Il est très positif, malgré le petit bémol que nous connaissons. Toutefois, lorsque l’on analyse les chiffres et les retours du terrain, on constate que les agriculteurs ont joué le jeu. Dans leur grande majorité, ils ont entamé un processus de vaccination visant à protéger leur troupeau contre ces trois maladies. Et l’accueil a été constructif et favorable, tant de la part des syndicats agricoles que des vétérinaires et des administrations. Tout le monde a mis la main à la pâte pour que l’on puisse aboutir à une campagne qui tienne la route. De plus, je tiens à rappeler que nous avons débloqué, fin de l’année dernière, 40 millions d’euros pour la soutenir, et ce alors qu’à l’époque, le gouvernement était en affaires courantes.
Justement, ce bémol concerne la disponibilité du vaccin pour le sérotype 8 de la FCO…
Actuellement, seuls 22,27 % des traitements ont été livrés pour la FCO8. Pour la 3, nous en sommes à près de 70 %, et pour la MHE, c’est plus de 62 %. Pour le sérotype 3, nous approcherons les 99 % de livraisons à la fin du mois de mai. Toujours à la fin de ce mois, nous atteindrons 76 % de disponibilité des vaccins pour la MHE. Par ailleurs, nous avons eu de nombreuses discussions avec les firmes pharmaceutiques et les diverses administrations afin d’aller le plus vite possible. Nous avons pris les dispositions nécessaires pour que les vaccins bénéficient d’autorisations d’urgence. Rappelons, en effet, que normalement, les processus de validation pour ces traitements sont bien plus longs. Et concernant le sérotype 8 de la FCO, à la fin du mois de mai, nous passerons de 22 % à 61 % de disponibilité vaccinale, c’est donc encourageant.
Néanmoins, la campagne vaccinale prévoit que tous les animaux devront avoir reçu leur traitement d’ici le 1er juin. Vu les délais de livraison, cela semble compromis… Des aménagements pourront-ils, dès lors, être prévus ?
J’ai rencontré cette semaine les syndicats agricoles de l’Agrofront et les vétérinaires, afin d’évaluer avec eux la mise en œuvre de cette politique et d’étudier des pistes d’aménagements que nous pourrions proposer aux agriculteurs et aux vétérinaires dans les jours à venir. Ainsi, nous pourrions éventuellement prolonger la période durant laquelle les éleveurs pourraient vacciner. Cette réflexion est en cours et devrait être tranchée dans les prochains jours. Je suis évidemment conscient de la situation actuelle, et je suis également en contact direct avec les agriculteurs. Il va de soi que mon objectif n’est pas de sanctionner ceux qui n’auront pas pu vacciner au 1er juin.
En France, l’État avait commandé 7 millions de doses pour protéger le cheptel ovin, afin de sécuriser l’approvisionnement en vaccins. Pourquoi notre pays n’a-t-il pas décidé de travailler de manière similaire ?
Tout d’abord, nous avons été plus rapides que les Français. Lorsque l’on analyse les chiffres des vaccins déjà enregistrés, on constate qu’il y a, dans notre pays, près d’un million de doses qui ont été injectées pour la FCO3 (984.000). Nous en sommes à 88.882 pour le sérotype 8, et à 562.000 pour la MHE. Cela représente plus de 1.600.000 doses injectées ! C’est grâce à l’obligation vaccinale. Concernant l’achat groupé, il s’agit d’une piste que nous avons étudiée. Toutefois, en octobre 2024, lorsque la décision a été prise, le gouvernement était en affaires courantes, et il fallait lancer la campagne dans un contexte de blocage budgétaire. De plus, un achat groupé implique un marché public, avec les trois appels d’offres et toutes les démarches administratives nécessaires… Cette manière de procéder aurait été plus compliquée, et je me réjouis d’avoir finalement avancé de cette façon. En outre, nous avons fait preuve de souplesse en permettant aux agriculteurs de vacciner eux-mêmes.
Bien que la campagne vaccinale ne soit pas encore terminée, est-il déjà possible d’en tirer des premières leçons ?
Oui, certains points de la procédure pourraient être améliorés. Puisqu’il s’agissait d’une première, des ajustements sont possibles, et nous avons rencontré quelques difficultés, cependant rien d’insurmontable. Et, bien que j’espère qu’il n’y aura pas d’épidémie chaque année, si nous devions réitérer l’opération, nous disposerions d’un processus plus rodé. Toutefois, pour une première, avoir mené tout cela aussi rapidement, avec une intervention financière si importante et avec de tels résultats, c’est satisfaisant. Puis, les agriculteurs comprennent que le jeu en vaut la chandelle, que cette décision a été prise pour le bien et pour le bien-être de leurs animaux. Nous constatons une motivation assez forte de leur part.