Marquée par des contrastes importants dans de nombreuses régions agricoles du pays, la saison culturale 2018 est de loin la plus difficile que l’on ait rencontrée depuis très longtemps.
Les températures élevées ainsi que le déficit hydrique ont fortement perturbé la croissance du maïs. Dans de nombreuses situations, les rendements obtenus sont décevants à satisfaisants avec des teneurs en matière sèche dépassant souvent les 38-40 %.
Les essais variétaux n’ont pas été épargnés par ces conditions difficiles. Dès la fin juin, certains essais ont été écartés à la suite d’hétérogénéités dues au stress hydrique. Par la suite, d’autres essais impactés par cette météo compliquée n’ont pas pu être valorisés.
Après la récolte, seuls les essais répondant à divers critères de validation ont pu être considérés.
Au final, les différentes synthèses 2018 reposent sur un nombre d’essais plus faible qu’habituellement. Exceptionnellement, la teneur en amidon ne figure pas dans les synthèses. En effet, trop peu d’essais répondaient aux critères de validation pour ce critère.

Deux groupes de précocité…


Choix variétal : veiller à une précocité adaptée à la région et à l’exploitation !
Les variétés très précoces à précoces conviennent pour des semis réalisés du (15) – 20 avril au 20 mai. On conseille généralement des variétés précoces (200 < indice FAO ≤ 230) pour des semis réalisés après le 1er mai et jusqu’au 15 mai. Après cette date, on veillera à choisir des variétés très précoces (180 < indice FAO ≤ 200). Celles-ci conviendront également pour des semis réalisés après une coupe de ray-grass ou des récoltes précoces de maïs en vue de libérer rapidement la parcelle pour la culture suivante. Pour des semis après le 20 mai, on optera pour des variétés très précoces voire ultra-précoces (indice FAO ≤ 180) du type de celles généralement conseillées en Ardenne.

Les variétés demi-précoces à tardives (230 < indice FAO ≤ 270) sont généralement semées dès le (15) - 20 avril jusqu’au 10 mai. Après cette date, le risque de récolter les variétés tardives à une maturité insuffisante peut augmenter fortement si la somme de températures de l’année culturale est plus faible. Sous réserve que celle-ci soit atteinte, ces hybrides permettent de produire de grandes quantités de fourrage avec une valeur nutritive généralement un peu plus faible.
Si la destination finale de la culture n’est pas certaine (fourrage ou en grain), mieux vaut opter pour des variétés à « double fin », voire pour une variété typiquement grain quitte à la récolter en fourrage. Cette option sera moins pénalisante que de récolter en grain une variété de type fourrage (risque de grains trop humides). Le choix s’orientera alors vers des variétés offrant les meilleures garanties pour la tenue de tige, la dessiccation du grain et la verse.
Les variétés très précoces à précoces atteignent généralement sans grande difficulté une teneur optimale de 32 à 36 % de MS à la récolte. La difficulté réside davantage dans le choix d’une date de récolte proche de cet optimum. Le choix de celle-ci doit être réalisé en étant fort vigilant à l’évolution de la teneur en MS en fonction des conditions pédoclimatiques. Une teneur de 32 % à 36 % de MS favorise une bonne conservation du silo ainsi qu’une bonne ingestion du fourrage.
Au-delà de 38 %, divers problèmes peuvent survenir tels que des difficultés de tassement du silo, des difficultés de conservation (échauffement du front d’attaque, apparition de moisissures), une diminution de l’appétence ainsi que des difficultés de digestion de grains trop secs et de rations trop riches en amidons qu’il faut alors corriger.
Pour éviter ou limiter des pertes au silo par écoulement des jus, il vaut mieux atteindre, au minimum, une teneur de 32 % en MS.
Pour les variétés demi-précoces, cela ne pose pas de problèmes en Basse et Moyenne Belgique et la teneur optimale est généralement atteinte.
Par contre, pour les variétés demi-tardives à tardives, il convient d’être prudent quant au choix de la date de semis, de récolte et du choix de la parcelle (préférer des parcelles bien exposées).
Vu le grand gabarit de certaines variétés, il est parfois nécessaire de semer à une densité de 90.000 à 95.000 grains. L’influence d’un semis moins dense sur la maturité à la récolte sera assez limitée (+ 0,5 % de MS) malgré une proportion d’épi un peu plus élevée. Cela peut aussi être une meilleure assurance contre la verse mécanique (bris de tiges, plantes penchées…).

Pour juger la maturité du maïs fourrage, il ne faut pas se baser uniquement sur l’aspect visuel de la plante entière. Actuellement, la sélection variétale offre des variétés ayant un stay-green assez élevé, ce qui ne facilite pas le choix de la date de récolte. Il est absolument nécessaire de prendre en compte l’état de maturité de l’épi (examen du grain et de la répartition des différentes formes d’amidon, aspect des spathes). Des plantes ayant une teneur en MS de 35 % peuvent encore présenter des feuilles et tiges vertes alors que les spathes sont déjà bien desséchées.
Lorsque le maïs fourrage est récolté entre 32 et 36 % de MS, il y a généralement peu de problèmes de fusariose des tiges. Au-delà de 36 % de MS, cette maladie peut apparaître et provoquer, sur les variétés sensibles, une augmentation rapide de la MS, ce qui impose de récolter sans tarder pour éviter les problèmes cités ci-dessus. De plus, la fusariose rend la plante plus sensible à la verse ainsi qu’à la perte d’épi à la récolte. Il convient donc de rester vigilant vis-à-vis de ce critère même si les progrès de la sélection sont très positifs en la matière. Pour les variétés demi-précoces à tardives, il y a généralement très peu de problèmes de fusariose.
Il est également important de prendre en compte la résistance au charbon. En effet, des différences de sensibilité variétale existent. Selon les années, du charbon peut être observé sur tiges et/ou sur épis. Lorsqu’il est présent sur les tiges seulement, il est très peu dommageable pour le rendement en MS et la valeur alimentaire du fourrage récolté. Par contre, en cas d’infestation importante, sa présence sur l’épi peut avoir une influence négative sur le rendement en MS, la valeur alimentaire et l’appétence du maïs fourrage.
La résistance à la verse mécanique et aux bris de tiges n’est pas à négliger afin de faciliter le déroulement de la récolte, d’éviter des pertes de rendements, de limiter la teneur en cendres du silo et le nombre de cellules dans le lait.
D’autres critères de valeur alimentaire tels que la teneur en amidon, la digestibilité de la matière organique et la teneur énergétique (VEM) sont également importants pour favoriser une production élevée tout en limitant l’usage d’aliments concentrés. Ces différents critères sont déterminés en laboratoire par la technique de spectrométrie dans le proche infrarouge. La digestibilité de la matière organique est calibrée sur l’équation M4 d’Aufrère.
Les analyses de valeurs alimentaires ont été réalisées avec la collaboration du Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux et des laboratoires provinciaux du Hainaut et de Liège.
Dans le groupe des variétés demi-tardives à tardives, les plus productives peuvent également être utilisées pour produire de l’énergie verte via la biométhanisation. Dans le cas de cette spéculation, la teneur minimum à la récolte est de 28 % de MS. Pour limiter les pertes par les jus et par conservation pendant la période de stockage, il est préférable de se rapprocher des 32 % de MS.


Confirmations : Sy Talisman, Havelio Kws, Keops, Kubitus et Lg 31237.
En figurant à nouveau parmi les meilleures de ce groupe de précocité
Nouveautés intéressantes : Amanova, Motango et Lg 31205.
Très bonne entrée dans ce réseau pour la variété Amanova qui procure de bons rendements aussi bien en MS/ha qu’en KVEM/ha. Elle confirme ainsi ses bons résultats obtenus en réseau probatoire 2017 et semble très prometteuse. En plus d’une teneur élevée en VEM, elle est la plus précoce de ce groupe de précocité et est donc bien adaptée pour des semis tardifs.
Les nouveautés Motango et Lg 31205 procurent des rendements en MS proches de la moyenne des témoins. Sur le plan qualitatif, la première citée aura la préférence en raison d’un excellent rendement en KVEM/ha et d’une teneur en VEM la plus élevée de ce groupe. Elle confirme ainsi la première place déjà obtenue pour ce critère en réseau probatoire 2017.
Sur le plan sanitaire, on note le bon comportement vis-à-vis du charbon sur tiges pour tous les hybrides de ce groupe. C’est également le cas vis-à-vis de la verse à l’exception de Kws Stabil et de 1706HYB toujours sous code actuellement.
Les variétés Havelio Kws, Lg 31237 et Lg 31205 affichent également des résultats intéressants dans le réseau Sud du Sillon-Sambre-et-Meuse 2018.
Quelles variétés précoces (200 < indice Fao ≤ 230) retenir ?
Confirmations : Sy Welas, Fausteen, Lg 30244, Elstream, Lg 30248, Lg 31226, Lg 31233, Sy Amboss et Lg 31235.
Comme en 2017, Sy Welas occupe la première place de ce groupe de précocité en ce qui concerne le rendement en MS et confirme une très bonne régularité d’une année à l’autre. Elle procure également un excellent rendement énergétique par hectare malgré une teneur en VEM inférieure à la moyenne.
Les variétés Fausteen et Lg 30244 procurent des résultats très proches de ceux de Sy Welas sur le plan de la teneur en VEM. Pour la première citée, on note aussi un très bon niveau de rendement en KVEM/ha.
Avec une teneur en VEM figurant parmi les meilleures et un excellent rendement en matière sèche et en KVEM/ha, Elstream affiche un très bon comportement global.
Testée depuis 5 ans, Lg 30248 affiche à nouveau d’excellents résultats. Lg 30248 se distingue par son très bon niveau de rendement en MS et en KVEM/ha et par une teneur en VEM d’un bon niveau.
Les hybrides Lg 31226 et Lg 31233 procurent des rendements MS d’un bon niveau et assez proches. Sur le plan qualitatif, le premier nommé confirme avec la teneur en VEM la plus élevée de ce groupe de précocité.
Testées depuis 3 ans, Sy Amboss et Lg 31235 assurent un niveau de rendement en MS intéressant. Pour Lg 31235, on note aussi un rendement en MS régulier d’une année à l’autre. Grâce à une bonne teneur en VEM, Lg 31235 procure un excellent rendement en KVEM/ha.
Avec une teneur en VEM très élevée, Caroleen attirera l’attention des éleveurs qui visent la qualité.
Nouveautés intéressantes : Sy Pandoras, Lg 30258, Aga Gold et Landlord.
Excellents niveaux de rendements en MS et en KVEM/ha pour la nouveauté Sy Pandoras. Vu sa précocité dans ce groupe, elle doit être considérée comme une variété demi-précoce.
Bonne entrée dans ce réseau pour les variétés Lg 30258 et Aga Gold qui procurent des niveaux de rendements en MS identiques et d’un bon niveau. Au niveau qualitatif, Lg 30258 confirme ses résultats du réseau probatoire 2017 en présentant une des meilleures teneurs en VEM de ce groupe de précocité ; son rendement énergétique figure également parmi les meilleurs.
Avec un bon niveau de rendement en matière sèche et une teneur élevée en VEM, la nouveauté Landlord procure un excellent rendement énergétique par hectare.
Les variétés Lg 30258 et Landlord offrent aussi de bons résultats lorsqu’elles sont récoltées sous forme de grain sec, grain humide ou épi broyé.
Toutes les variétés de ce groupe se comportent bien vis-à-vis du charbon sur tiges et de la verse.
Sy Welas, Fausteen, Lg 30258 et Lg 31233 confirment de bons résultats dans le réseau Sud du Sillon Sambre et Meuse 2018.
Quelles variétés demi-précoces (230 < indice Fao ≤ 250) choisir ?
Confirmations : Dkc3568, Batisti Cs, Es Metronom, Charleen et Agro Polis.
En figurant à la première place quant au rendement en MS et affichant l’un des meilleurs rendements en KVEM/ha, DKC3568 confirme ses excellents résultats obtenus l’année précédente en réseau de base. Teneur en VEM un peu en retrait par rapport à la moyenne des témoins.
Avec un très bon niveau de rendement en MS et une teneur en VEM proche de la moyenne des témoins, Batisti Cs procure un rendement énergétique par ha intéressant.
Les variétés Es Metronom et Charleen offrent des rendements en MS assez proches et d’un bon niveau. Pour Es Metronom, on note de meilleurs résultats sur le plan qualitatif ainsi qu’un rendement en MS régulier d’une année à l’autre ; de plus, elle offre de bons résultats lorsqu’elle est récoltée sous forme de grain sec, grain humide ou épi broyé.
Agro Polis affiche un bon comportement global sur le plan quantitatif et qualitatif avec une des meilleures teneurs en VEM. Rendement énergétique très intéressant et rendements en MS réguliers d’une année à l’autre. Cette variété est également bien adaptée pour une récolte en grain humide.
Pour ceux qui cherchent avant tout la qualité, Es Watson mérite l’attention en raison de sa teneur en VEM très élevée ; sur ce plan elle figurait déjà parmi les meilleures de ce groupe en

