Une saison hivernale douce…
Du mois d’août au mois de décembre inclus, la température moyenne sous abri enregistrée à Gembloux a été supérieure à la normale saisonnière (tableau 1). Pour les mois d’août et de novembre, des températures supérieures à la normale saisonnière de plus de 2 degrés ont été enregistrées. La somme des températures est donc plus élevée pour ce début de saison culturale.
… et humide
La pluviométrie des mois d’août et novembre a été inférieure aux précipitations normales observées. Par contre, on ne s’en souvient que trop bien, les mois de septembre et octobre ont été marqués par des précipitations abondantes. Le mois de décembre a quant à lui connu une pluviométrie proche de la normale alors que le mois de janvier a été plus humide. Ainsi, la saison hivernale écoulée peut être considérée comme humide.
Les premiers semis en plein tallage
À la sortie de l’hiver et malgré des conditions de semis parfois difficiles du fait des précipitations abondantes d’octobre, compte tenu des bonnes conditions automnales qui ont suivi, la plupart des emblavements sont réguliers et en bon état.
Ainsi, les froments de mi-octobre sont au stade plein tallage; ceux de la mi-novembre sont au stade début tallage et ceux de mi-décembre sont au stade 2-3 feuilles.
Une disponibilité en azote plus importante
La répartition dans le profil
Une migration importante
Profils variables en fonction du précédent
Il est important de préciser que ces valeurs sont le résultat de prélèvements et d’analyses réalisées dans la seconde partie du mois de janvier. Suite aux conditions climatiques de mi-janvier jusque début février (pluviométrie importante supérieure à 80 mm), il est fort probable que la quantité d’azote présente dans le profil soit plus faible. la pluviométrie enregistrée de fin octobre à mi-janvier (environ 180 mm) a en effet occasionné la perte de 55 kg N/ha dans le profil 0 – 90 cm.
Les fumures de référence pour la nouvelle saison
La fumure de référence pour 2021 est basée sur les résultats d’une analyse
Pour les cultures qui ne seront, à la reprise de la végétation, qu’au stade début tallage, il est donc déconseillé de faire l’impasse d’un apport en sortie d’hiver. Cependant pour éviter une surfertilisation de la culture, en fonction du précédent cultural et de l’état de la culture, une réduction de l’apport en azote au stade redressement et/ou dernière feuille pourrait s’avérer nécessaire.
Fumure en deux fractions : tallage-redressement (90N) et dernière feuille (95N).
La fumure en deux fractions sera réservée aux situations les plus favorables.
Plus concrètement, elle peut être envisagée dans les situations suivantes :
– Précédents culturaux laissant des reliquats élevés, tels qu’après une culture de légumineuse, légume ou pomme de terre ;
– Dans le cas d’un précédent betterave dont l’arrachage a été effectué précocement (avant le 15 octobre) dont le profil n’aurait pas été épuisé (voir analyse de sol) ;
– Dans le cas de semis précoces et/ou si la végétation est fortement avancée (la culture a déjà produit beaucoup de talles) ;
– Sur des parcelles où les restitutions de matières organiques sont importantes et/ou fréquentes ;
– Productions de froment destinées à une valorisation en meunerie.
Apporter une fraction complémentaire à l’épiaison ?
Lorsque la fumure a été correctement calculée, un apport d’azote supplémentaire à l’épiaison ne se justifiera sans doute pas, sauf les années exceptionnelles. Dans la majorité des situations, les accroissements de rendement liés à un apport à l’épiaison sont, en effet, quasi nuls et cela pourrait aboutir à surfertiliser la culture et à augmenter le reliquat post-récolte.
Un autre danger des fumures tardives (après le stade dernière feuille) trop importantes est de retarder la maturation de la culture, ce qui, certaines années, pourrait s’avérer préjudiciable (difficulté de récolte, perte de qualité, indice de chute de Hagberg insuffisant).
L’intérêt de cette fraction supplémentaire est peut-être d’améliorer la qualité (protéines, Zéleny) de la production. Cette fraction complémentaire ne se justifie donc que si la récolte est valorisée à un meilleur prix.
Un apport complémentaire d’azote autour du stade épiaison ne doit être appliqué qu’exceptionnellement et doit toujours être de faible importance.
Le raisonnement et les adaptations
Quel que soit le fractionnement choisi, chaque apport devra être raisonné sur base des principes suivants :
– Chaque parcelle doit être considérée individuellement, les conditions culturales variant souvent entre parcelles (passé cultural, évolution de la culture, impact de l’environnement avoisinant) ;
– la dose de chaque fraction est déterminée juste avant l’application. La fumure totale d’azote ne doit jamais être définie à la sortie de l’hiver mais résulte, au moment du dernier apport, de l’addition des fractions définies les unes après les autres.
Ces deux principes, via des correctifs appliqués aux doses de référence, permettent de prendre en compte les variabilités de fourniture d’azote par le sol et l’évolution en cours de saison de la culture (potentiel de rendement, enracinement, maladies, stress ou accident éventuel).
En bref
Durant ce printemps 2021, les experts du Livre Blanc insistent sur l’importance de calculer les doses pour chaque parcelle et chaque fraction. La variabilité des disponibilités entre les précédents culturaux et entre parcelles est plus importante que d’habitude eu égard aux disponibilités plus élevées que d’habitude dans les profils de sol.
Le conseil pourra évoluer en cours de saison en fonction des conditions de développement et de croissance des cultures. Pour ce faire, restez attentifs aux communiqués du CePiCOP.
février 2021