Cela s’explique en grande partie par les conditions météorologiques humides et plutôt froides de la période avril-septembre. Les betteraviers ne peuvent pas y faire grand-chose mais cela reste une grande déception de voir que le travail d’une année entière soit si peu payé, malgré les bonnes connaissances agronomiques et l’expertise acquise au fil des ans. De plus, cela vient encore plomber un secteur déjà déprimé par le manque de rentabilité de ces dernières années.
La situation est grave
Depuis la disparition des quotas de production et des prix minimum du sucre (et donc aussi de la betterave) fin 2017, la rentabilité et par conséquent l’attractivité de la culture betteravière se sont effondrées. Cela dure depuis cinq ans maintenant. Année après année, le revenu des betteraviers s’est détérioré et certains n’ont pas d’autre choix que d’abandonner ou diminuer leurs hectares de betteraves. « Nous en arrivons à nous demander si la culture de la betterave sucrière et la production de sucre bénéficient encore d’un soutien suffisant dans notre pays. Pourtant, nous jouissons d’un excellent climat pour la culture. Les agriculteurs belges sont connus pour leur professionnalisme et peuvent compter sur un centre de recherche efficace, l’IRBAB. C’est pourquoi nous tirons la sonnette d’alarme et lançons un appel urgent à la reconnaissance de la gravité de la situation et à la prise de mesures, tant par les autorités que par leurs « partenaires » industriels, les fabricants de sucre. », déclare Peter Haegeman, secrétaire général de la CBB.
L’abandon des quotas : une erreur !
D’après la CBB, l’Europe doit oser reconnaître que l’abandon des quotas en 2017 était une erreur. Pas moins de 2 milliards d’euros en valeur sont transférés annuellement vers les industries utilisatrices de sucre et la distribution, sans qu’il y ait eu une diminution des prix payés par les consommateurs. Le maillon le plus faible de la chaîne de valeur, l’agriculture, s’en trouve encore davantage fragilisé.
La responsabilité des fabricants
Et de préciser :
« De plus, les fabricants de sucre refusent de prendre en compte les coûts de production toujours plus élevés des agriculteurs (engrais, énergie, produits phytosanitaires, etc.) dans le paiement de la betterave sucrière. Nous nous demandons s’ils réagiront de la même manière lorsqu’ils recevront leur facture d’énergie. Refuseront-ils de la payer ? Pourquoi ces mêmes questions justifiées des syndicats betteraviers tombent-elles dans l’oreille d’un sourd ? », s’interroge encore la Confédération.
Les pouvoirs publics doivent intervenir
« Si un vrai dialogue n’est plus possible, on ne peut s’empêcher de demander aux pouvoirs publics d’intervenir. L’accord de gouvernement le prévoit (« Le gouvernement examinera la possibilité d’adopter une loi sur la protection des prix agricoles. ») et dans d’autres pays, des réglementations sont déjà en place. La Belgique peut, par exemple, s’inspirer de la législation « Egalim2 » en France, qui vise justement à rétablir l’équilibre des relations commerciales producteurs-grande distribution à travers toute la chaîne. Aujourd’hui, les agriculteurs doivent décider de l’opportunité et de la quantité de betteraves à semer en vue de la campagne 2022-2023. Il est grand temps que l’industrie sucrière et les pouvoirs publics montrent qu’il y a encore un avenir pour cette culture. Sinon, l’intérêt pour celle-ci s’effritera encore davantage, avec toutes les conséquences que cela entraînera, non seulement pour les planteurs, mais aussi pour les fabricants de sucre eux-mêmes. », conclut Peter Haegeman.