Plan de développement de l’agriculture biologique : 25%, un objectif qui fait débat…

Pour l’écologiste Claude Gruffat, «l’objectif de 25 % des surfaces en agriculture biologique devrait être inscrit dans la position finale du parlement afin de donner un cap à tous».
Pour l’écologiste Claude Gruffat, «l’objectif de 25 % des surfaces en agriculture biologique devrait être inscrit dans la position finale du parlement afin de donner un cap à tous». - Cherries - stock.adobe.com

Au parlement, la rapporteure du texte, la démocrate-chrétienne autrichienne Simone Schmiedtbauer, a présenté les huit amendements de compromis déjà négociés entre les groupes politiques qui portent sur les incitations nécessaires à mettre à disposition des agriculteurs, la structuration des acteurs, les programmes de promotion, les appels d’offres pour les marchés publics.

Pour l’écologiste français Claude Gruffat, « l’objectif de 25 % devrait être inscrit dans la position finale du parlement, car le fixer signifie se donner un cap et pousser les États membres à se donner les moyens de l’atteindre. Même si, bien sûr, chaque État membre fixe ses propres objectifs en fonction de son point de départ », souligne-t-il en précisant qu’il faut aussi « structurer les filières notamment pour veiller à une bonne répartition de la valeur ».

Pour les sociaux-démocrates, il est important d’agir conjointement sur l’offre et la demande, « ce qui est d’ailleurs suggéré par la commission » a précisé Éric Andrieu en expliquant, dans la foulée, que « l’on a besoin de politiques pour limiter les goulots d’étranglement à tous les stades de la chaîne ». Il a aussi indiqué que les États membres devaient mettre les moyens adéquats au développement de l’agriculture biologique dans leurs plans stratégiques nationaux, que ce soit pour la conversion mais aussi dans l’aide au maintien de ce type d’agriculture.

Le lait, les œufs et les poulaillers géants

Sans surprise, les députés situés à la droite de la droite sur l’échiquier politique craignent que l’on doive « encourager les exploitations à se convertir au bio à marche forcée ». Gilles Lebreton a dénoncé un objectif « peu réaliste », arguant que l’Europe allait se heurter au double problème de la production puis de la consommation. Et de prendre l’exemple du lait et les œufs bio qui peinent à trouver des débouchés en raison de leur coût élevé. « Beaucoup de consommateurs ont des moyens financiers trop modestes pour se les offrir » a-t-il encore avancé.

Outre la question du prix, ces deux filières sont restées au cœur du débat en termes de structuration des marchés. Pour l’eurodéputé socialiste Marc Tarabella, « s’il existe une surproduction en bio au niveau du lait et des œufs, c’est parce que les industriels ont voulu s’engouffrer dans ce créneau en ne considérant le bio que sous le seul angle marketing ». La majorité des œufs bio vendus en grande surface proviennent de bâtiments compartimentés abritant chacun 3.000 poules. Avec quatre d’entre eux, on arrive rapidement à 12 000 gallinacées pondeuses, dont les œufs pourront être sans problème labellisés bio… Sachant que l’éleveur peut construire d’autres bâtiments, pour accueillir encore plus de poulaillers géants.

Quant aux écologistes, ils ont évoqué à plusieurs reprises le levier de la commande publique, « très important pour assurer des volumes sur les marchés ». D’ailleurs, si « l’on avait plus de bio dans les cantines, on n’aurait ni trop de lait ni trop d’œufs » a insisté Claude Gruffat en plaidant pour la mise en place d’un « observatoire de l’agriculture bio dans les cantines publiques à l’échelon européen, un outil qui permettrait de déterminer des éléments de mesure pour orienter la commande publique ».

Une nouvelle réunion entre les rapporteurs parlementaires pour avancer sur de nouveaux compromis se tient au moment où vous lisez la présente édition. L’objectif est de finaliser un projet de position mi-mars en vue d’un vote fin mars en commission de l’Agriculture pour un passage en plénière en avril ou mai.

Marie-France Vienne

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