Les pollinisateurs, un enjeu majeur de société
BeeLife, une association créée par des apiculteurs
« Les agriculteurs wallons sont ouverts au dialogue et au changement »
C’est dans le cadre du projet européen « Sting » qu’elle s’est mise en quête de paysages variés car « la problématique des pollinisateurs n’est pas la même dans le Brabant wallon, où je réside, que dans la province de Luxembourg ».
Pour mener à bien sa tâche, elle a contacté Jocelyne Collard, une figure qui compte dans le milieu apicole wallon. « Cela fait une semaine que Noa est là », poursuit cette dernière, « nous avons organisé ensemble une balade de sensibilisation aux soucis rencontrés par les pollinisateurs ».
Agricultrice retraitée et apicultrice hyper-active, celle que l’on surnomme affectueusement « Joce des Abeilles » connaît personnellement tous les agriculteurs de la région qui ne « pulvérisent plus jamais avant 19.00 » tient-elle à préciser.
« Nous les encourageons à intégrer de la luzerne, du trèfle blanc, du trèfle incarnat, des vesses, des pois dans les fourrages, c’est bien meilleur que d’aller acheter du soja qui provient des États-Unis ou d’Amérique du sud » déroule celle qui est aussi présidente de l’URW (Union Royale des Ruchers wallons) et de l’école des Babeilles de Michamp qui compte, cette année, 34 élèves en formation.
Quant au but de Noa Simon Delso, il est de « libérer l’intelligence collective au service de la protection des pollinisateurs tant au niveau des agriculteurs que des apiculteurs ».
Elle souhaite également que « chacun devienne un petit ambassadeur de la défense des pollinisateurs ».
Pour Noa, la volonté de s’entendre existe réellement entre agriculteurs et apiculteurs wallons, « il y a des échanges car les agriculteurs wallons sont culturellement plus ouverts que d’autres au dialogue et à la notion de changement dans leur façon de travailler. De plus en plus se tournent par exemple vers l’agriculture de conservation ».
L’Europe trop hermétique aux enjeux du secteur apicole
La directrice scientifique de BeeLife cite l’action de Natagriwal qui dispense d’excellents conseils en matière de MAEC visant à restaurer, préserver et améliorer les écosystèmes, promouvoir l’efficacité des ressources et évoluer vers une économie sobre en carbone et résiliente au climat.
Elle mentionne aussi le travail de l’Asbl « Terres Vivantes » qui soutient la transition de l’agriculture wallonne vers l’agroécologie.
La situation est très différente en Flandre car « le Boerenbond n’est pas très sensible à cette problématique » indique la directrice scientifique de BeeLife, ajoutant qu’il en est de même en France « en raison de l’opposition historique de la Fnsea au secteur apicole ».
Et la situation n’est pas vraiment plus favorable au niveau européen où agriculteurs et apiculteurs ne sont pas mis sur un pied d’égalité « et ce, même si ces derniers disposent d’un groupe de travail au sein même du Copa-Cogeca ».
Peu de succès pour l’éco-régime « pollinisateurs » de la PAC
Dans le cadre de la nouvelle PAC, BeeLife avait proposé la mise en œuvre d’un éco-régime en faveur des pollinisateurs qui pouvait, par exemple, inclure une formation continue sur les insectes pollinisateurs et auxiliaires (biologie, écologie, reconnaissance, risque, rôle des pollinisateurs dans la pollinisation et la gestion des ravageurs des cultures).
L’éco-régime comporte l’inclusion d’une ou plusieurs cultures intéressantes pour les pollinisateurs sur au moins 10 % de sa surface agricole chaque année. Parmi les cultures qui pourraient être incluses et qui ont un intérêt particulier pour les pollinisateurs, on peut citer le colza, le tournesol, le lin, la cameline, le sarrasin, le maïs, les légumineuses telles que la luzerne, le trèfle ou le trèfle géant, les plantes aromatiques, les cultures intercalaires : phacélie, tournesol, moutarde, radis, chou, légumineuses, vesce, pois tubéreux.
Il peut également porter sur la diversification des variétés cultivées au sein d’un même champ, incluant au moins trois variétés différentes pour chaque culture.
Cela peut encore concerner un engagement entre apiculteur et cultivateur, naturaliste et agriculteur (pour réaliser des comptages d’insectes, nouer un contrat entre cultivateur et apiculteur ou encore l’adhésion de l’agriculteur à une association de protection de la nature qui effectue des suivis de biodiversité).
Mais seule l’Italie, où les agriculteurs sont « extrêmement proactifs » a adhéré à l’éco-régime « pollinisateurs » déplore Noa Simon Delso « alors qu’il pourrait rapporter de 350€ à 400€/ha aux agriculteurs ».
Les apicultrices en herbe
« Je ne connaissais rien aux abeilles, j’avais besoin d’informations et d’être rassurée, ce que Jocelyne Collard a parfaitement fait » sourit-elle, ajoutant qu’elle espérait faire bientôt sa première récolte de miel qu’elle destinera, pour le moment, à sa consommation personnelle.
Intéressée depuis toujours par les insectes, cela fait une dizaine d’années que Véronique Langue, qui habite à Etalle, projetait quant à elle de se lancer en apiculture.
Contrairement à Marcelle, elle a acheté ses ruches avant de s’inscrire en cours car « ce n’est pas si évident de débuter une telle activité ».
Pour offrir un cadre idéal à ses abeilles, Véronique Langue a implanté un verger en prenant soin d’échelonner les floraisons. On y trouve des prunes, des mirabelles, des cerisiers, différentes sortes de pommiers et des poiriers.
Avec ses trois ruches et ses abeilles noires, « plus rustiques, plus petites et surtout moins fragiles que la buckfast » elle destine, elle aussi, la production de ses trois ruches à sa consommation personnelle.
« Chaque apiculteur a ses spécificités, tout dépend des apports que vous fournissez aux abeilles et de votre situation géographique. J’ai la chance, pour ma part, d’habiter près d’une réserve naturelle ».
Véronique entre en deuxième année de cours, celle où elle apprend notamment « à marquer la reine pour la repérer plus facilement dans la ruche sans l’isoler trop longtemps des ouvrières qui pourraient ne plus la reconnaître ». Un exercice délicat qui nécessite de l’entraînement, « de préférence sur des bourdons ».