En ces temps de crise et de météo insaisissable, les bonnes nouvelles sont rares à se mettre sous la dent. Et encore cela dépend pour qui… Nous venons d’en relever une qui en chagrinera plus d’un, mais est accueillie avec un large sourire du côté du géant français de l’agroalimentaire Danone. Ce dernier affiche en effet une santé resplendissante avec un bénéfice net pour le premier semestre plus que doublé par rapport au montant engrangé sur la même période l’an dernier. Bingo ! L’explication ? « En autres, un contexte favorable dans le domaine des matières premières. » Entendez par là : l’argent que nous n’avons pas dû verser aux producteurs laitiers a atterri directement dans notre bourse. Votre perte, notre profit… Un détail piquant sur ces résultats vient qu’une partie des cents que Danone a pu de ce fait engranger a contribué à sa reprise du producteur américain de « lait » de soja WhiteWave Foods, la maison mère d’Alpro originellement belge. Celle-ci est certes une bénédiction pour les personnes nécessitant une alternative au lait, mais elle brasse plus large et adresse volontiers au vrai consommateur de lait un message de culpabilité « climatique ». D’où notre curiosité de voir comment le géant français va gérer les slogans publicitaires d’Alpro du type « Les animaux qui broutent ont besoin d’espace, ce qui pousse les agriculteurs à la déforestation. » La France n’est évidemment pas le seul pays où les maillons de la chaîne s’engraissent sur le dos du producteur primaire. Chez nous, l’Observatoire des prix constate, dans son rapport du 2e trimestre 2016, que si le prix du lait payé aux producteurs a chuté de plus de 19 % entre octobre 2015 et mai 2016, il n’a pas marqué le pas dans les magasins. Il y a peu, les fruits de la pétition « L’agriculture, une question de vie » étaient remis aux acteurs de la Concertation de la chaîne alimentaire, signifiant l’écoute des citoyens à l’appel du monde agricole. Faut-il pour les premiers crier plus fort encore ?