En plein air
En plein air, le développement des maladies a notamment été influencé par les périodes de faible et de forte humidité de l’air.
Le déficit des précipitations
Une des particularités de l’année 2015 est la répartition des précipitations dans le temps et dans l’espace. Les levées des cultures sensibles au manque d’eau ont été capricieuses si l’irrigation n’a pas été possible. Bien des parcelles de carottes ont dû être ressemées. Pour les mêmes raisons, les reprises après plantation n’étaient pas commodes non plus. La situation varie fortement dans les différentes zones wallonnes, en fonction des sols et surtout des précipitations à caractères orageux.
Les reprises après plantations de poireaux et choux ont demandé plus de soins que d’habitude, toujours pour les mêmes raisons.
Les ravageurs
Les pucerons n’ont pas posé d’énormes problèmes, les auxiliaires ayant pu se développer dans de bonnes conditions dès que les températures se sont élevées, en juin.
Nous avons pu aborder le cas des chenilles défoliatrices dans Le Sillon Belge du 7 août. En effet, les conditions étaient réunies pour avoir une augmentation de leur présence, en particulier avec les espèces migratrices venant du sud.
En poireaux, nous n’avons pas encore repéré la seconde génération de mouche mineuse, mais cela ne saurait tarder, malheureusement.
Les maladies
La faible humidité de l’air a aussi sensibilisé les espèces sensibles aux brûlures marginales, comme les chicorées frisées. Les bactéries ont profité de ce terrain affaibli et des quelques ondées pour exploser et provoquer des dégâts importants. Cet accident d’origine physiologique est favorisé par une mauvaise absorption du calcium (structure et asphyxie du sol). Rappelons que de brèves irrigations par aspersions répétées diminuent les effets négatifs de la nécrose marginale.
Pour les légumes de plein air, les périodes à forte humidité de l’air ayant été moins longues et moins nombreuses que lors des années précédentes, les maladies foliaires se sont moins étendues. Elles ne sont pourtant pas absentes, comme le mildiou de l’oignon, par exemple. Paradoxalement, l’humidité de l’air ayant été plutôt faible, les traitements fongicides éventuels requéraient l’emploi de moyens de pulvérisation adaptés (volume d’eau élevé, pression de travail légèrement diminuée, etc.), ce qui ne fut pas toujours le cas.
Les conditions climatiques de l’année font mûrir le feuillage plutôt rapidement. Habituellement, après la mi-août, les rosées nous arrivent dès 22 h et le feuillage ne sèche vraiment que vers 10 ou 11 h du matin. Ces deux facteurs, sénescence débutante et alternance de sécheresse et de rosées, sont très favorables aux maladies du type des alternarioses et septorioses. Comme les premiers symptômes sont repérés depuis plusieurs jours sur les cultures concernées par ces maladies (céleris, carottes, poireaux, etc.) nous devons nous attendre à leur développement dans les prochaines semaines. La vigilance permettra de planifier les récoltes avant que la maladie ne gagne les feuilles les plus jeunes, voire d’envisager la mise en œuvre de moyens de protection fongicides si le cahier de charge le permet.
Sous serre maraîchère
Sous serres maraîchères, plusieurs problèmes habituels se sont exprimés avec plus de vigueur sous les conditions de cette année.
Tomates
Les maladies foliaires transmises habituellement au départ de foyers détectés dans des cultures voisines de plein air sont aussi moins importantes sous serres. C’est vrai pour le mildiou de la tomate (et de la pomme de terre) notamment.
Les maladies physiologiques liées aux rigueurs de la température sous abris ont forcément été bien présentes cette année. Détaillons-les.
Nécrose apicale des fruits : l’extrémité apicale du fruit se nécrose et reste généralement sèche, le fruit est déprécié. Mais des maladies opportunistes s’y installent parfois, provoquant sa pourriture. Les premiers fruits montrent généralement le plus ces symptômes.
La cause de cette maladie physiologique est un manque de calcium dans la partie du fruit concernée. L’origine de ce manque peut être une mauvaise absorption dans le sol, un système racinaire trop peu développé, une mauvaise structure de sol, un sol trop froid par rapport à l’air, un mauvais transport dans la plante, un antagonisme par d’autres éléments minéraux (excès d’azote, de magnésium ou déséquilibre marqué potassium-calcium-magnésium), une salinité marquée du sol, des irrigations trop irrégulières ou avec de l’eau trop froide (refroidissement du sol en début de saison). Les conditions chaudes ou brutalement réchauffées favorisent cette maladie physiologique.
Cicatrice stylaire liégeuse : à ne pas confondre avec la nécrose apicale, située au même endroit du fruit. Ce sont les premiers fruits qui sont les plus atteints. Les températures trop basses lors de la floraison et au début de la nouaison en sont la cause. Les conditions de température fin avril et début mai de cette année sont favorables à cette maladie physiologique.
Cicatrice pédonculaire liégeuse : comme son nom l’indique, c’est la zone proche du pédoncule reliant le fruit à la plante qui est concernée. Les variétés à gros fruits sont touchées. Les mauvaises nouaisons lors de la formation des premiers bouquets augmentent la fréquence d’apparition de ce défaut.
Brûlures dues au soleil : les fruits perdent leur pigmentation en une zone circulaire orientée au sud. Les fruits peu protégés par des feuilles montrent les plus forts symptômes. Des pourritures secondaires s’inféodent parfois sur ces lésions, notamment Alternaria alternata.
Une bonne aération de la serre est la première méthode préventive de lutte contre cet accident.
Concombres et melons
Ces deux espèces sont sensibles au développement de colonies d’acariens phytophages. La chaleur et la faible humidité relative de l’air ont favorisé l’extension de ces parasites parmi lesquels Tetranycus urticae. Pour y remédier, nous pouvons humidifier l’air dans la serre maraîchère à midi, ce qui est favorable aux auxiliaires et défavorables aux acariens phytoparasites. Cette opération ne sera réalisée ni le matin ni le soir, pour éviter de favoriser l’oïdium.
Salinité
Avec les faibles précipitations de ces dernières semaines, les maraîchers ont tenté d’épargner au mieux les irrigations. Pour les plantes de serre en place actuellement, les conséquences ne seront pas dramatiques, surtout si les implantations se sont faites en bonnes conditions de structure de sol. L’enracinement bien développé d’une part, la tolérance d’une certaine salinité par les plantes cultivées en été d’autre part font que la production est presque normale.
Mais il faudra être particulièrement vigilant avant d’implanter les cultures d’automne, dans quelques semaines. Une analyse de sol ou à défaut le test de la cressonnette (voir aplat) permettront de déceler les sols ou les zones pour lesquels un copieux arrosage de lessivage sera nécessaire. Le Sillon Belge du 21 novembre dernier consacrait un article à ce sujet.
En sols limoneux, un apport de 200 mm d’eau de pluie entre deux cultures permet de lessiver une grande partie des sels solubles sans risques de provoquer leur descente au-delà de la zone d’enracinement habituel des plantes cultivées. Une analyse du sol après cette opération permettra d’ajuster éventuellement les futurs arrosages.