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Mildiou, on ne sait plus l’heure qu’il est!

Après 10 mois de précipitations qui ont à chaque fois apporté plus de pluies que ce qui tombe normalement, il n’est pas étonnant que le mildiou ait frappé tôt et fort cette année, et que ça soit toujours le cas.

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En matière de mildiou, certains diront qu’il est 23h30, d’autre qu’il est 23h45, d’autre encore qu’il est minuit moins 5… Aux Pays-Bas, une partie des chercheurs du WUR (qui suivent tout ce qui concerne les nouvelles souches de mildiou, les fongicides devenus inopérants et les variétés robustes dont les gènes R ont été (partiellement) contournés), étaient très inquiets et pessimistes il y a déjà plusieurs semaines. Certains industriels également, se demandant s’ils auraient assez de patates en septembre…

L’inquiétude extrême semble être quelque peu retombée, les traitements répétés et les mélanges faisant leurs effets.

Selon le cas

Dans le secteur bio, toujours aux Pays-Bas, une petite partie (moins de 10 % des surfaces, +/- 250 à 300 ha) des producteurs bios voyant leurs cultures bien attaquées (et parfois sous pression extrême de voisins conventionnels) sont passés aux fongicides conventionnels et curatifs pour (tenter de) sauver leurs cultures. Ce sont des lots et des parcelles qui sont automatiquement déclassés pour le bio (le lot pour l’année, la parcelle pour 3 ans).

Dans le secteur de la pomme de terre, les plus affectés par le mildiou sont bien évidemment les producteurs de plants et de pommes de terre de consommation. Certains ont des parcelles ravagées par le mildiou, d’autres en sont à la mi-juillet à entre 7 et 10 traitements voir plus.

D’après Viaverda – service d’avertissement mildiou en Région flamande – sur 181 parcelles (fin de semaine passée) suivies sur la grande toile – il y avait en moyenne eu 3,7 traitements (toutes dates de plantations confondues), avec entre 1 et 11 traitements réalisés.

En culture bio, les variétés non robustes sont, malgré des applications de fongicides à base de cuivre, (bien) atteintes par le mildiou.

Dans le cas de variétés précoces plantées tôt et éventuellement prégermées, la récolte semble néanmoins sauvée.

En cas de plantations plus tardives, avec des émergences fin juin début juillet la situation est soit beaucoup plus problématique, soit sous contrôle, les plantes non levées n’ayant pas été affectées par les premières attaques virulentes…

En culture conventionnelle, on retrouve 3 cas : absence de mildiou, cultures légèrement atteintes et situation sous contrôle (grâce à des applications répétées à courts intervalles et avec au minimum 2 produits par passage) ou champs « ravagés » (mais le plus souvent en passe d’être récupéré).

Dans ce dernier cas, sont-ce des traitements appliqués trop tard, des applications de produit solo ou ayant montré des pertes d’efficacité les 2 dernières saisons, des intervalles de traitements trop espacés, qui expliquent que Phytophthora infestans s’est installé ? L’analyse fine des stratégies choisies (choix des produits, périodes et conditions d’application, cycles du mildiou…) devrait nous donner des réponses.

Qu’en pensent le négoce, la transformation et la recherche ?

Côté négoce et transformation (conventionnel et bio), ce sont soit des inquiétudes bien réelles qui transpercent, soit une certaine insouciance : il suffit de traiter suffisamment pour arriver à avoir le mildiou sous contrôle…

Du côté de la recherche et de la vulgarisation (et du négoce des phytos), c’est plutôt l’inquiétude qui règne, car si nous n’avons pas assez vite 2 à 3 semaines de chaleur et de sec pour freiner/arrêter l’épidémie, la situation pourrait devenir problématique, soit parce que l’épidémie n’a pas été maîtrisée, soit parce que des fongicides ayant perdu leurs efficacités ont été appliqués sans les mélanger, soit parce que les règles FRAC (alternance des familles de produits, mélanges,.) n’ont pas été respectées…

Dépendant de comment la saison évolue (épidémie qui devient difficilement contrôlable, ou maîtrise de la situation grâce à une météo plus clémente), 2024 sera peut-être l’année ou l’ensemble du secteur aura compris qu’il faut arrêter de cultiver des variétés trop sensibles, aussi bonnes soient elles dans les friteuses ou dans les barquettes ou sachets des supermarchés.

Bien évidemment, il faudra des années – pour laisser le temps au secteur du plant pour produire assez de variétés robustes – pour basculer totalement du monde où les variétés sensibles dominaient au monde des robustes. Celles-ci nécessiteront néanmoins des protections efficaces en cas de pression fortes à très fortes afin d’éviter le(s) contournement(s) de gène(s) résistant(s).

D’après la Fiwap

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