Un combat de tous les jours pour sauver ses animaux…
En février, nous avions rencontré Stéphanie Parent, de la bergerie des Nuages, à Braives, en Hesbaye. À cette époque, cette éleveuse ovine était en pleine période d’agnelage, un moment stressant, mais tout aussi passionnant. Malheureusement, aujourd’hui, elle doit faire face à un autre défi : la fièvre catarrhale ovine. Bien que la Braivoise estime « s’en tirer mieux que d’autres », cette maladie a tout de même eu un impact non négligeable sur son troupeau de moutons.

« Nous avons vacciné l’ensemble de mes animaux contre cette maladie fin juillet, avec le médicament Bultavo. Mon vétérinaire avait fait des stocks en prévision. J’ai eu mes premiers cas le 1er août. » En effet, malgré le vaccin et le traitement insecticide appliqué sur les ovins, la FCO3 s’était déjà installée au sein de son exploitation. « On sait bien que le vaccin n’est pas actif directement… ».
Cela a commencé par des boiteries au sein de son cheptel de Zwartbles, une race mixte que l’éleveuse souhaite valoriser en proposant des colis de viande. « Mon vétérinaire a immédiatement proposé un traitement avec des anti-inflammatoires. Je leur en donnais toutes les 48 h. »
Malgré ces médicaments, elle a perdu trois bêtes sur onze, quelques jours seulement après la déclaration de la maladie. Parmi ces trois animaux : une jeune de 18 mois, une autre de 6 mois, ainsi qu’un bélier acquis depuis un mois et demi. « Nous avions réalisé tous les tests de l’Arsia avant de l’intégrer dans le troupeau. Il se portait bien, et était super beau. Après la boiterie, il a commencé à baver excessivement. Je lui ai administré un antibiotique par sécurité, mais il n’a malheureusement pas tenu le coup… »
Si l’ensemble du cheptel a été affecté par cette fièvre, les autres Zwartbles ont réussi à s’en sortir et reprennent, à présent, du poil de la bête.
Après les Zwartbles, les laitières…
Après les Zwartbles, c’est au tour des laitières d’avoir été touchées par la maladie de la langue bleue. Le 3 août, une première brebis montre des signes de faiblesse. « Je suis en fin de lactation, je commence préparer mon tarissement. Lors de la traite, l’une d’elles n’a pas voulu se faire traire, alors qu’elle passe d’habitude parmi les premières. Elle semblait abattue, avec un pis assez rouge et une température de 41,5 degrés. »
Face à cette situation, Stéphanie Parent a immédiatement traité les malades avec des anti-inflammatoires et a contacté son vétérinaire. « Il m’a confirmé que le nombre de cas explosait… ». Après cette première brebis, une autre a été touchée, puis une troisième, avec des symptômes variables. « Certaines boitent tout en continuant à donner du lait. Mais dès qu’elles font de la température, la chute de production est impressionnante : elles ne donnent plus une goutte. »
Au final, parmi les laitières, plusieurs ont été fortement affectées par la FCO3, et ont d’ailleurs arrêté de s’alimenter. Et si lors de notre passage chez elle, le troupeau se remettait petit à petit de cette mauvaise passe, la partie n’était pas encore gagnée. En effet, dans un laps de temps très court, certains moutons ont fait des rechutes et Noisette, l’une des brebis, n’a pas survécu… D’autres, elles, doivent toujours être traitées et requièrent une surveillance quotidienne.
Un agenda chamboulé et une perte financière
Si grâce à sa proactivité et aux soins apportés à ses bêtes, Stéphanie Parent a réussi à limiter les pertes, son agenda et sa manière de travailler ont été chamboulés par ce virus. « J’ai arrêté la production laitière trois semaines à l’avance. Je n’avais plus assez de quantité. De plus, les soins prennent du temps, et l’important est le bien-être des moutons. On ne s’en rend peut-être pas compte mais ils sont vraiment KO ». La mise à la reproduction sera également reportée. « C’est une perte financière, évidemment, mais j’ai pris cette décision en toute connaissance de cause, et mes clients sont conscients de cette situation difficile. » À cela s’ajoutent les frais liés au traitement des animaux. « Heureusement, j’ai pleinement confiance en mon vétérinaire. Il se montre très présent. » De plus, les 9 agnelles de renouvellement, qui se trouvent en prairie, sont, à l’heure où nous écrivons ces lignes, en parfaite santé. Il en est de même pour les deux béliers laitiers qui vivent leur meilleure vie, tandis que l’éleveuse, comme d’autres, n’a plus qu’à espérer que ces ennemis presque invisibles, que sont les culicoïdes, ne s’attaquent pas à son troupeau.