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Une «star» internationale, apte à répondre aux défis de demain?

Comme bien d’autres cultures, la pomme de terre revêt une dimension internationale traduisant des modes de production bien différents d’une région à l’autre du globe. Avec, toutefois, un point commun : celui d’amorcer une évolution qui devra lui permettre de répondre aux attentes environnementales et sociales d’aujourd’hui et de demain.

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Invité par le Centre wallon de recherches agronomiques et la Fiwap à l’occasion d’une journée d’étude organisée le 12 novembre, André Devaux fait figure de spécialiste mondial de la pomme de terre. Directeur scientifique émérite du Centre international de la pomme de terre (Lima, Pérou), ce Belge partage volontiers sa vision sur les défis auxquels elle peut répondre, mais aussi ceux qu’elle doit affronter pour progresser.

Résilience, énergie et nutrition

Un bref point sur l’évolution de la production de tubercules à travers le monde permet, tout d’abord, de constater que celle-ci augmente en Asie, dopée principalement par la Chine et l’Inde, mais aussi en Afrique. A contrario, elle recule en Europe. Avec une exception néanmoins : l’Europe du nord ouest (Allemagne, Belgique, France et Pays-Bas) voit sa production croître, en raison des importantes activités de transformation et exportation qu’elle héberge sur son territoire. « Aujourd’hui, la production mondiale de pomme de terre atteint 385 millions de tonnes », précise André Devaux.

Pour André Devaux, outre une approche agricole,  il est nécessaire d’informer les consommateurs quant aux atouts nutritifs de la pomme de terre.
Pour André Devaux, outre une approche agricole, il est nécessaire d’informer les consommateurs quant aux atouts nutritifs de la pomme de terre. - J.V.

Cette évolution intervient alors que le monde agricole fait face à de nombreux défis. S’il ne fallait en retenir que trois, le scientifique cite la hausse fulgurante de la demande alimentaire mondiale (+ 50 % d’ici 2050, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’impact des changements climatiques et, enfin, les conséquences des conflits régionaux comme la guerre en Ukraine. « Dans ce contexte, les systèmes agroalimentaires mondiaux nécessitent des améliorations substantielles pour fournir des sources de revenus durables aux agriculteurs, produire une alimentation de qualité pour les consommateurs, et, enfin, minimiser leur empreinte environnementale actuelle », ajoute-t-il. Et d’estimer que la pomme de terre est en mesure d’apporter les solutions attendues.

Comment ? Par sa résilience et ses atouts énergétiques et nutritifs.

En effet, elle présente des capacités de rendement en matière sèche élevées et s’adapte aux différents systèmes agroécologiques rencontrés à travers le monde. Par ailleurs, son cycle est relativement court par rapport aux autres cultures. Enfin, selon une étude menée en Chine, dans les conditions locales, les émissions de gaz à effet de serre par calorie produite par unité de surface seraient inférieures pour la pomme de terre comparativement au blé, riz et maïs. Cette même étude estime encore qu’elle est plus efficace d’un point de vue de l’utilisation de l’eau.

Sur le plan de l’alimentation maintenant, la pomme de terre est nutritive et riche en énergie. Elle constitue une excellente source de potassium, de vitamine C et de fibres alimentaires et contient des micronutriments tels que le fer et le zinc. « Le Centre international de la pomme de terre s’attelle d’ailleurs à sélectionner des variétés stockant davantage de fer afin de répondre aux problèmes d’anémie observés chez les enfants, dans les pays du Sud. »

Combiner robustesse et nouveaux modes de protection

Dans ce contexte, la recherche se doit de répondre aux préoccupations environnementales et sociales de tout un chacun, ce qui se fera en travaillant sur plusieurs axes. Selon André Devaux, il convient en premier lieu de miser sur l’amélioration et la sélection de variétés de pommes de terre robuste. Celles-ci devraient être productives, plus efficaces en matière d’assimilation de l’azote, tolérantes (voire, si possible, résistantes) aux ravageurs et à la sécheresse tout en présentant les caractéristiques technologiques attendues par la filière (de transformation, notamment).

Le scientifique cite ensuite le développement d’alternatives de contrôle des maladies et insectes, pour une utilisation plus rationnelle des pesticides, et d’outils d’aide à la décision combinés à une gestion de l’eau et de la fertilité des sols.

Troisièmement, il est nécessaire d’améliorer la gestion post-récolte, en vue d’assurer la qualité des tubercules et réduire les pertes.

Enfin, André Devaux recommande d’informer les consommateurs sur le potentiel de la pomme de terre à contribuer à une alimentation équilibrée, accessible et plaisante. « La pomme de terre est souvent discréditée mais demeure un excellent aliment », conclut-il.

Jérémy Vandegoor

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