Fertilisation des escourgeons : une fumure revue à la baisse pour les variétés lignées
Les températures des mois d’octobre, novembre et de décembre ont été plus élevées que les normales climatiques, ce qui a permis à certains escourgeons de profiter de la minéralisation pour prélever de l’azote dans le profil. Les précipitations excessives des mois de septembre et octobre 2024 ont, quant à elles, favorisé le lessivage de l’azote. Les conditions printanières, qui influenceront particulièrement la valorisation des fractions d’azote qui seront apportées, ne peuvent être connues à l’avance. Toutefois, les premières analyses de reliquats azotés dans le sol réalisées fin janvier 2025 permettent d’estimer l’état moyen des profils azotés en escourgeon.

Douze parcelles d’escourgeon (uniquement des précédents « froment » dans le cadre de ces analyses) ont été échantillonnées en ce début d’année 2025. Les quantités d’azote disponibles dans les 90 premiers cm du profil sont légèrement plus hautes par rapport aux années précédentes (tableau 1). La moyenne de ces 16 dernières années est de 30 kg Nmin/ha sur 0-90 cm de profondeur. L’azote est réparti uniformément dans les trois horizons du sol.
Conseils de fertilisation
La fumure de référence conseillée pour 2025 est basée sur les résultats de l’analyse pluriannuelle (2018 à 2024, 7 dernières années d’essais), de l’expérience du passé et sur une analyse des résultats des essais « fumures » de 2024 ainsi que sur base des observations de ce début de saison et sur le prix des engrais. Étant donné que les réponses à l’azote diffèrent entre les variétés lignées et hybrides, les schémas de fumure seront traités séparément pour ces deux types de variétés.
La fumure de référence proposée pour les lignées est :
– tallage : 50 N
– redressement : 50 N
– dernière feuille : 50 N
La fumure de référence proposée pour l’escourgeon hybride est :
– tallage : 25 N
– redressement : 75 N
– dernière feuille : 75 N
Les essais montrent qu’une fumure raisonnée permet d’éviter les surcoûts de fertilisation et d’obtenir un bon rendement économique tout en préservant l’environnement.
Apport supplémentaire de soufre
Cette année, la fumure totale conseillée, pour la variété lignée, diminue de 10 unités par rapport à l’année dernière, passant de 160 à 150 unités. Cependant, il est fortement conseillé d’apporter du soufre avec le premier apport d’azote, c’est-à-dire au tallage, sous forme d’engrais azoté soufré, dans les situations nécessaires. Depuis plusieurs années, les résultats du Carah à Ath montrent en effet que les rendements économiques et phytotechniques augmentent lorsque du soufre est ajouté.
La fumure totale conseillée pour la variété hybride ne change pas et reste à 175 unités.
Ces conseils de fumure doivent être ajustés à chaque parcelle (région, état du sol, précédent, apport de fumure organique…) Des facteurs de corrections sont indispensables pour arriver au programme de fumure qui correspond à chaque parcelle.
À adapter selon la situation
La fumure de référence est valable dans la majorité des situations culturales. Le meilleur moment pour effectuer l’apport post-hivernal de tallage doit coïncider avec la reprise de la végétation. Intervenir plus tôt ne s’est jamais concrétisé par un bénéfice à la culture, au contraire une telle pratique présente des risques pour l’environnement et pour la culture.
D’une manière générale, le conseil est de ne pas renforcer la fraction de tallage de la fumure azotée, qui reste de 25 kg N/ha pour les variétés hybrides et de 50 kg N/ha pour les variétés lignées. Dans une situation normale, augmenter de manière trop importante ces fumures risquerait de provoquer un développement de talles surnuméraires, non productives et génératrices de difficultés de conduite de la culture (densité de végétation trop forte, verse, maladies…).
Toutefois, comme expliqué précédemment, il est important de tenir compte de facteurs correctifs pour sa parcelle et une majoration de la dose préconisée au tallage doit se concevoir dans certaines situations particulières, lorsque l’emblavure apparaît claire ou peu développée à la sortie de l’hiver, comme dans les exemples suivants :
– cas de certains semis tardifs ;
– suite à l’arrêt précoce de la végétation à l’arrière-saison ;
– suite à un déchaussement de plante.
Faire l’impasse sur la fraction de tallage
Dans certaines situations, une impasse de la fraction de tallage est possible :
– dans les parcelles à bonne minéralisation (en région limoneuse et sablo-limoneuse) ;
– dans des cultures très denses en sortie d’hiver ;
– dans les parcelles où la culture est plus précoce et proche du redressement à la sortie de l’hiver ;
– lorsque les conditions climatiques sont particulièrement favorables.
Si l’impasse de la fraction de tallage est nécessaire ou justifiée, il reste important de respecter certaines consignes quant au moment de l’application. Faire l’impasse de toute fumure avant le stade 1er nœud est souvent pénalisant. De ce fait, il conviendra donc d’anticiper et d’appliquer la fraction unique « tallage + redressement » quelques jours avant le stade « épis à 1 cm », en veillant à ne pas dépasser un total de 115 kg N/ha. Toutefois, notre conseil est de se limiter à 100 kg N/ha.
À l’opposé, il convient de ne pas faire l’impasse sur la fumure de tallage dans des parcelles peu fertiles ou trois froides, même en Hesbaye.
Les deux dernières fractions
À partir du stade redressement, les besoins de l’escourgeon deviennent importants. Les disponibilités à ce stade doivent être suffisantes pour couvrir les besoins afin d’éviter toute faim azotée mais, comme pour le tallage, il est inutile, quelles que soient les situations, d’appliquer des fumures excessives au risque d’entraîner ultérieurement des problèmes de verse, maladies…
La fraction de dernière feuille est destinée à assurer le remplissage maximum des grains en maintenant une activité photosynthétique la plus longue possible pour permettre un transfert parfait des matières de réserve vers le grain.
Février 2025