En ouverture de la journée, Thomas Claessens, du Gal Nov’Ardenne, et Annick Melchior, du Cra-w, ont mis à contribution la quarantaine d’agriculteurs, techniciens et chercheurs présents afin de réaliser un relevé des besoins du secteur pour améliorer l’utilisation des ressources en herbe. Ce qu’il en ressort? Des attentes fortes en termes d’encadrement (accompagnements neutres et objectifs) et de vulgarisation (démonstrations en exploitations pilotes, remontée plus rapide des résultats des recherches).
Ces recherches devraient plus spécifiquement objectiver l’impact des évolutions de notre climat sur la ressource prairiale (observatoire de la pousse de l’herbe), mais surtout explorer les pratiques et stratégies qui permettraient d’assurer la productivité de nos prairies dans ce contexte (choix des espèces et précocités adaptées à l’évolution des saisons, périodes et rythme de fauche et pâturage, …) tout en prenant en compte la nécessité de réduire l’utilisation des engrais et produits phytosanitaires (gestion des rumex, place des légumineuses).
Si produire la ressource est en enjeu fort, l’optimisation de sa valorisation n’est pas en reste. Des références demeurent nécessaires en termes de conservation de l’herbe récoltée (10% des votes) et de conduite du pâturage en fonction des conditions locales de sol, de parcellaire et du type d’animaux mobilisé, surtout si l’on vise un engraissement de ces derniers.
Finalement, des questions relatives à la différentiation et valorisation des productions à l’herbe, au sein des filières , et à leur soutien par les institutions et la société en général, vu les nombreux services rendus par les prairies, ont soulevé un certain intérêt. Certaines de ces questions ont partiellement trouvé réponse dans les présentations réalisées lors de cette journée.
Le ruminant producteurs nets de protéines
Ensuite, Caroline Battheu-Noirfalise a souligné la plus-value de l’herbe dans l’alimentation de nos bovins avec un focus sur les exploitations laitières situées dans les provinces de Liège et du Luxembourg, étudiées dans le cadre du projet Interreg V Grande Région - Autoprot. En effet, bien que présentant une faible efficience brute pour la transformation de leur alimentation en énergie ou protéine – seulement 17% des protéines ingérées par la vache laitière se retrouvent dans les tissus ou la production de lait – les bovins présentent l’avantage de pouvoir valoriser des ressources riches en fibres non-utilisables dans l’alimentation humaine (herbe et co-produits des industries agroalimentaires). Ceci est vrai pour tous les ruminants.
Dès lors, si l’on réfléchit non plus en terme d’efficience brute, sur la ration totale ingérée par l’animale, mais en terme d’efficience nette, à savoir la fraction de la ration ingérée qui aurait pu être directement valorisée par l’Homme (exemple : les céréales en ce y compris les grains de maïs, les protéagineux comme les graines de pois,…), les vaches laitières de nos systèmes herbagers sont productrices nettes de protéines. En effet, elles produisent, en moyenne, 1,7 fois plus de protéines valorisables par l’Homme qu’elles n’en consomment. Ainsi, 92 % des exploitations analysées assurent une production nette de protéines valorisables par l’Homme. L’exposé soulignait également l’intérêt d’étendre cette réflexion à l’ensemble des régions agricoles wallonnes mais également de prendre en compte, dans cette réflexion, le caractère obligé ou pas de nos prairies permanentes.
Prairies & changement climatique
Mais comment les prairies réagissent-elles à l’évolution de nos conditions climatiques marquées, ces dernières années, par plusieurs épisodes de sécheresse successifs ? Quelles pratiques promouvoir afin de faire face à ces évolutions ? C’est ce qu’ont exploré Alexandre Mertens, du CRA-W, et David Knoden, de l’asbl Fourrages-Mieux, pour des prairies exploitées via du pâturage et de la fauche, respectivement.
Ainsi, dans les conditions favorables du Centre Ardenne, une prairie permanente de longue durée, à base de ray-grass anglais, fléole et trèfle blanc, soumise à une fauche tous les 28 jours (simulation d’un pâturage tournant dynamique) montre une plus grande résistance, face aux épisodes de sécheresse qu’une prairie
Un soutien spécifique pour la production de bœufs à l’herbe
Assurer la production d’une herbe de qualité en quantité est une chose, mais quelle place réserver à cet aliment de choix pour la production de viande bovine ? Virginie Decruyenaere, du Cra-w s’est emparée de la question, au départ de suivis réalisés sur des animaux Blanc-Bleu Mixte conduits en agriculture biologique en valorisant un maximum de ressources locales. Les résultats confirment les plus faibles performances zootechniques des bœufs par rapport aux taurillons. Mais ces derniers sont moins en compétition avec l’Homme au niveau de leur alimentation qui peut être moins riche (2,4 kg d’aliments concentrés par kg carcasse pour les bœufs contre 3,0 kg pour les taurillons). Les plus faibles performances enregistrées conduisent dès lors, pour cette race et sous les conditions de l’essai, à une réduction de la marge brute par animal de plus de 60%.
L’engraissement au foin en grange est en exploration