Dans une étude, l’Université Catholique de Louvain (UCLouvain), en collaboration avec Fourrages Mieux, a sélectionné 7 mélanges en association graminées-légumineuses. En voici la liste : 1. ray-grass d’Italie et trèfle incarnat semés à 20 – 10 kg/ha ; 2. avoine de printemps, pois fourrager d’hiver et vesce commune d’hiver semés à 60-42-18 kg/ha ; 3. avoine d’hiver et féverole d’hiver semées à 80-80 kg/ha ; 4. avoine brésilienne et vesce velue semées à 20 – 20 kg/ha ; 5. seigle multicaule, vesce commune d’hiver et trèfle incarnat semés à 15 – 10 – 5 kg/ha ; 6. seigle fourrager, pois fourrager d’hiver, vesce commune d’hiver et féverole d’hiver semés à 50 – 20 – 20 – 10 kg/ha ; 7. radis fourrager, phacélie et vesce commune d’hiver semés à 5 – 5 – 10 kg/ha. Le but étant d’observer leurs performances agronomiques, nutritionnelles et environnementales. Les résultats démontrent qu’il est possible de produire en moyenne 3 t MS/ha de fourrage de qualité, tout en réduisant significativement le risque de lessivage.
Couverts étudiés
Les essais ont été menés sur 2 sites en sol limoneux de 2013 à 2016. Sept couverts associant des graminées et des légumineuses ont été implantés avec 4 répétitions, après un froment (fin août/début septembre). Ils ont été récoltés peu avant la culture de printemps (début mai). Les légumineuses ont été utilisées en mélange à raison de 50 % en poids de graines.
La tolérance au froid a été le premier critère de sélection des espèces. Les féveroles et les pois d’hiver sont à réserver aux semis les plus tardifs (ex. mélange 3), afin de limiter le risque de destruction complète par le gel lors d’hivers rigoureux et de déséquilibrer ainsi le mélange récolté. Par contre, ce but peut être recherché avec les avoines gélives (ex. mélange 4) afin de récolter un couvert plus riche en protéines. En outre, les avoines et féveroles présentent l’avantage économique de pouvoir être autoproduites sous certaines conditions réglementaires.
Les différents aspects
Production fourragère
La production de biomasse la plus élevée est réalisée par le mélange ray-grass d’Italie et trèfle incarnat (Figure 1, mélange 1).
D’un niveau intermédiaire, la productivité de l’association avoine et féverole d’hiver (mélange 3) est régulière. Elle a donné de meilleurs résultats lors des semis les plus tardifs, favorisant la survie hivernale de la féverole. Il faut semer cette dernière au minimum à 80 kg/ha pour un impact significatif sur la production.
Le mélange à base de radis (mélange 7) présente les moins bons rendements car pénalisé lors d’hivers froids. La vesce commune d’hiver n’a pas pu compenser par une biomasse suffisante au printemps (Figure 2).
Reliquats azotés
En moyenne, les couverts ont réduit l’azote potentiellement lessivable (APL, novembre) de 42 kg N/ha par rapport à un témoin non semé (Figure 3, APL vs sol nu). Les reliquats en sortie d’hiver (RSH, début mars) et ceux de la récolte des couverts (R semis, début mai) restent faibles et sans différence significative. La diminution du reliquat azoté en sol nu au cours de la période hivernale signifie que la lixiviation est supérieure à la minéralisation. L’implantation de CIPAN comprenant des espèces tolérantes aux conditions hivernales permet donc de bénéficier de l’effet piège à nitrate pendant près de 8 mois, soit au moins 5 mois de plus que la durée réglementaire.
Qualité fourragère
Les mélanges proposés offrent un bon niveau de qualité fourragère (Tableau 1). Le mélange 1 (ray-grass d’Italie et trèfle incarnat) est le plus élevé en énergie (VEM : 1008 /kg MS) mais le plus faible en protéines (MAT : 9 %). Cela s’explique par le stade optimal du ray-grass (épiaison) souvent dépassé à la récolte et le trèfle peu présent. Les autres mélanges sont bien équilibrés avec de bonnes teneurs en protéines (MAT >13 % MS) et surtout en protéines digestibles (DVE >70 g/kg MS) et dégradables (OEB de 1 à 20 g/kg MS).
En combinant production en énergie et protéines par hectare (Figure 4), les meilleurs mélanges semblent ceux à base de seigle (mélanges 5 et 6). Celui à base de seigle multicaule (mélange 5) étant moins dense, le trèfle incarnat peut mieux s’exprimer au printemps et ainsi augmenter la teneur en protéine du mélange.
Une bonne qualité fourragère
Les différentes légumineuses testées ont des exigences propres. Si ces dernières sont respectées, elles pourront participer au rendement final, mais surtout, atteindre de bons niveaux de qualité du fourrage dans une majorité de situations. Les espèces gélives donnent des résultats trop dépendants des conditions hivernales. Le ray-grass d’Italie est très productif et l’avoine d’hiver régulière, mais les mélanges à base de seigle sont plus équilibrés et présentent une production valorisant bien la (courte) période de pousse printanière (Tableau 2). Une récolte tardive augmente la rentabilité, mais fait toutefois peser un risque de stress hydrique pour la culture suivante, en cas de période de sécheresse après la récolte du fourrage. Lors de ces essais, la disponibilité des semences est une limite au développement de certains de ces couverts hivernants.
Pour en savoir plus : www.protecteau.be/fr/cultures-pieges-nitrate ;
Pour en discuter avec un conseiller, les équipes de terrain sont disponibles. C’est gratuit et la confidentialité est respectée. Le Centre d’Action est accessible via https ://protecteau.be/fr/contact.
Une dérogation concernant la composition des couvertures végétales a été accordée pour l’année 2022 pour les terres se trouvant en zone vulnérable.
Jusqu’à présent, les légumineuses pouvaient représenter au maximum 50% du poids des semences.
Depuis 2022, la somme des rapports entre la densité de semis de chaque légumineuse et sa densité de semis en culture pure ne peut dépasser 0.5.
Cette règle favorise l’utilisation des légumineuses à grosses graines, telles que les féveroles.
Attention : pour profiter à la fois de l’effet engrais vert en plus de l’effet piège à nitrate (qui doit être considéré comme sa fonction principale), pensez à équilibrer votre mélange en légumineuses et non légumineuses.
Quels sont les avantages de l’association graminée-légumineuse ?
« L’association graminée-légumineuse est plus tolérante au stress hydrique, ce qui permet un niveau de production suffisant, moins dépendant aux conditions climatiques et aux ressources azotées. »
Y-a-t-il un point de vigilance particulier pour les couverts à vocation fourragère ?
« Rappelons l’importance de la date de récolte. En dehors des considérations liées aux conditions météorologiques propices, elle ne doit pas avoir lieu trop tôt pour pouvoir optimiser le rendement en matière sèche (somme de températures). Mais, la récolte ne doit pas non plus être trop tard afin d’éviter de perdre en qualité et retarder trop le semis de la culture principale. »