C’est pour promouvoir cette technique que Benoît Delaite (Rwdr) organisait un atelier d’informations. Après un bref rappel du principe de base, la parole était donnée à Vincent Sépult, agriculteur hautement intéressé par la technique, qui en a alors expliqué le fonctionnement au sein d’une exploitation, fort de ses nombreuses observations réalisées en Autriche, pays très en avance à ce sujet.
La suite du programme était emmenée par trois agriculteurs : Daniel Collienne, Sylvain Denolf et Marc Vanguestaine. Ceux-ci ont visité plusieurs exploitations dotées de séchoir situées en Normandie. Ils sont revenus de ce voyage avec des bons et des mauvais points, et des questions qu’ils estimaient encore à approfondir.
Le lait de foin de meilleure qualité
Au niveau des bons points, Daniel Collienne a d’abord souligné la satisfaction des agriculteurs normands quant à l’impact de l’usage du foin en grange. Même si aucun ne produit plus de lait qu’avant, ils s’expriment à l’unanimité sur la meilleure qualité du lait. Ils estiment également que leur bétail est en meilleure santé depuis qu’ils le nourrissent presque exclusivement au foin. La plupart de ces agriculteurs sont passés au mode de production biologique car il leur était facile de faire la transition grâce à ce régime alimentaire.
Un déshumidificateur pour mieux sécher
Marc Vanguestaine a quant à lui particulièrement apprécié l’utilisation d’un déshumidificateur, qui n’est pas obligatoire pour l’installation. Cet outil lui semble en effet très utile avec la météo belge car il permet de tout sécher, y compris des variétés tétraploïdes et ce, même si l’humidité relative de l’air est très importante.
Pour diminuer l’humidité, il est également possible de chauffer l’air, mais pas à plus de 40ºC sous peine de détruire la valeur nutritionnelle du foin. L’utilisation d’un déshumidificateur nécessite néanmoins d’avoir un plus gros système de ventilation, et un bâtiment clos, sans quoi de l’air humide entre continuellement dans le système. De plus, cet outillage supplémentaire représente un coût conséquent (au minimum 65.000 €) qui peut aller jusqu’à doubler le coût de l’installation hors bâtiment.
Un dernier point positif souligné par les trois agriculteurs est l’amélioration de la qualité fromagère du lait grâce à la suppression de pathogènes comme le listeria et les pathogènes butyriques. Cependant, aucun bonus de prix pour une meilleure qualité de lait n’existant chez nous, les fromagers changent rarement de fournisseur et cette amélioration qualitative n’entraîne pas nécessairement une augmentation des ventes.
Investissements conséquents
Du côté des points négatifs, le coût des investissements est cité à l’unanimité. Cette technique nécessite en effet un bâtiment situé, si possible, à côté de l’auge des animaux pour la remplir avec la griffe de la grange. Des aménagements à l’intérieur de ce bâtiment doivent également être réalisés, comme la construction de plusieurs cellules afin d’engranger en différentes couches tous les deux jours. Il est également parfois nécessaire de renforcer l’installation électrique.
La consommation et la puissance électriques requises par cette installation sont effectivement problématiques, et il semble judicieux d’envisager la production d’énergie à la ferme pour y subvenir.
Daniel Collienne a également souligné que, contrairement à ce qui lui avait annoncé un vendeur d’installations de ce type, il est nécessaire de bien préfaner avant l’engrangement pour atteindre 60 % de matière sèche, sans quoi le foin risque de coller à la griffe.
Certains conseils ont été donnés pour les éleveurs qui souhaiteraient investir dans le séchage en grange. Pour la construction du bâtiment, il vaut mieux surdimensionner qu’être bloqué. Il est notamment nécessaire d’avoir un plafond à 3 mètres au-dessus du haut du tas de foin (qui peut s’élever jusqu’à 6 ou 7 mètres au maximum, par couche d’1 à 1,5 mètre).
Aides ADISA disponibles
Isabelle Jaumotte, conseillère à la FWA, a ensuite présenté les aides financières accessibles pour la construction d’un séchoir. Des aides à l’investissement (ADISA) et/ou des aides Utilisation Durable de l’Énergie (UDE) peuvent être demandées par un agriculteur (personne physique ou personne morale) et par une société coopérative de transformation et de commercialisation.
Label STG
La question du label STG (Spécialité Traditionnelle Garantie) pour le lait de foin (cf. article ci-dessous) était également à l’ordre du jour. Les principaux inconvénients des labels sont la nécessité de certification et les surcoûts que peut entraîner le cahier des charges. En contrepartie, il est possible de tirer une plus-value d’un produit labellisé, et d’obtenir une aide publique pour la promotion auprès de l’Apaq-w ainsi qu’une majoration des aides Adisa.
Le label STG pour le lait de foin dispose déjà d’un cahier des charges reconnu en Autriche qui n’est pas très contraignant. La difficulté actuelle est de trouver un organisme certificateur, mais il se pourrait que ce soit le Comité du Lait qui en soit chargé. Il est toutefois à noter que si le lait de foin STG peut être valorisé dans le fromage, les fromages de lait de foin ne pourront pas arborer le logo STG.