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Pucerons, limaces et escargots…comment agir face à ces nuisibles?

Quelle année, et quelle météo ! Pour les fermes maraîchères diversifiées, la surface couverte permet une production et une occupation de la main-d’œuvre disponible, ainsi qu’un certain approvisionnement des points de vente. Mais pour le plein air, les maraîchers ne sont pas mieux lotis que leurs confrères agriculteurs. La plus grande crainte sera de parvenir à tenir le coup financièrement jusqu’à l’année prochaine.

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Les implantations des cultures de plein air sont complètement chamboulées. D’une part, nous savons déjà que des parcelles ne seront pas libérées à temps pour les emblavement des productions d’automne et d’hiver. D’autre part, certaines sont encore vides lors de cette première semaine de l’été, selon le calendrier.

Dans les parcelles accessibles, les cultures se développent presque normalement. Les pluies presque quotidiennes permettent l’approvisionnement des plantes. Si la météo devenait sèche dans les semaines prochaines, les racines devraient poursuivre leur croissance en explorant le profil du sol. C’est à ce stade que les éventuels défauts de structure deviendront des facteurs limitants, avec des conséquences jusqu’à la fin de la saison.

Du côté des laitues, des poireaux et des choux

Sur les laitues, le bremia et la sclérotiniose sont bien présents. Nous devons espérer un relèvement des températures nocturnes et diurnes pour stopper l’épidémie. Les parcelles moins aérées et plus ombrées sont les plus sensibles. Même chose pour celles dont les plants ont été plantés après une longue attente en pépinière.

En poireaux, quand ils ont pu être plantés, la croissance est bonne. Nous ne repérons pas de maladie, c’est presque normal pour la date. Il n’y a pas ou quasiment pas de piqûre de thrips, résultat probable de l’absence de conditions météo favorables aux « bêtes d’orage ».

Les parcelles de choux peuvent, elles, héberger des chenilles de plusieurs espèces. Il faut rester vigilent car il semble qu’il ne s’agit que du début de leur présence. Par contre, il n’y a pas ou presque pas d’altises sur les jeunes plantations. Mais si, comme nous l’espérons tous, l’ensoleillement reprend, elles reviendront de plus belle en parcelle à rotation chargée en crucifères.

Une bonne croissante pour les cultures sous serre

Les cultures se développent plutôt bien sous serre maraîchère. Il est vrai que les températures en pleine journée ne sont pas élevées et permettent une croissance soutenue.

Même avec une aération maximale, la condensation de rosée sur les plantes est importante jusqu’en début de matinée. Les maladies foliaires sont déjà en développement alors que leur apparition est généralement attendue vers la mi-août. Nous pouvons espérer que les prochaines semaines apporteront des températures plus soutenues et des périodes de rosée plus courtes sous serre afin de stopper ces évolutions épidémiques.

Si le feuillage des melons est pâle, cela pourrait être dû à un manque de luminosité. Il faut, cependant, les tenir à l’œil afin de repérer rapidement une éventuelle maladie.

Rester attentif aux populations de pucerons

Les populations de pucerons ont été repérées tôt cette année, elles se sont plutôt peu étendues sous abris comme en plein air. Mais ce n’est pas une généralité, sur certains sites, et rarement sur toute la parcelle, elles peuvent être plus fortes.

Notons que les températures fraîches et les conditions humides sont plutôt défavorables à ces insectes, dont la multiplication est freinée. En effet, l’humidité favorise le développement de champignons tuant une partie de leur population.

De plus, la météo des dernières semaines freine l’épanouissement des auxiliaires naturels, même si actuellement, leur activité reprend. Nous pouvons espérer une relance sérieuse de celles-ci, puis leur dispersion afin de constater une maîtrise des populations de pucerons.

Par ailleurs, nous devons rester attentifs aux cultures en place, car les foyers de pucerons déjà repérés pourraient temporairement se développer au cours des prochaines semaines. Dans la majorité des cas, il n’est pas nécessaire d’intervenir

Nous retrouvons assez bien de pucerons mycosés, un des côtés positifs de la météo pluvieuse que nous avons depuis des mois.

Les gastéropodes : plus nombreux que l’année passée

Le nombre de limaces, dont l’appétit a mis à mal des jeunes plantations, et d’escargots reste très important en plein air comme sous abris. Leurs populations sont en augmentation par rapport à l’année passée. Les températures des dernières semaines leur ont été très favorables, de même que l’humidité presque permanente. En outre, la biologie de ces bestioles, la structure du sol après 2023 et la biodiversité peuvent expliquer partiellement ces constatations. Il est inquiétant de penser à ce qui pourrait survenir dans la deuxième partie de l’année et en 2025…

Les limaces peuvent être observées directement par leur présence ou par les traces de passage sur les feuilles couvertes de la rosée matinale ou de mucus. Les pièges permettent d’apprécier leur niveau d’importance. Les résultats doivent être interprétés selon la grandeur des risques, dépendant eux-mêmes de la culture et de l’époque de l’année.

Chaque matin, quelques limaces et escargots intrépides s'aventurent  sur le film de couverture de la serre.
Chaque matin, quelques limaces et escargots intrépides s'aventurent sur le film de couverture de la serre. - F.

Comme rappelé dans Le Sillon Belge du 2 mai, 4 pièges de ¼ de m², constitués de cartons humidifiés et recouverts d’une bâche, seront disposés sur la parcelle quand les températures seront un peu remontées. Le comptage se fait 3 jours plus tard et s’exprime en individus/m². Le seuil de tolérance dépend de la sensibilité de la culture. Nous considérons que le maximum tolérable est de 1 individu/m² en cultures sensibles comme les laitues, les choux, les radis, les navets, les fraises et les épinards. Nous pouvons retenir le niveau maximum de 2 individus/m² sur chicons et celui de 12 /m² sur haricots.

Plusieurs espèces de carabes et de staphylins dévorent les œufs de limaces, leur action est précieuse vis-à-vis des pontes, dès le début du printemps. Pour favoriser les carabes et les auxiliaires, il convient de maintenir des zones refuges enherbées aux flores diversifiées constituant un maillage autour des parcelles.

Les molluscicides homologués apportent un autre type de solution. Le métaldéhyde (plusieurs noms commerciaux, 0,30 à 0,42 kg de m.a./ha) détruit les cellules productrices de mucus, la limace se déshydrate. Avec le phosphate ferrique, elles cessent de l’alimenter (plusieurs noms commerciaux, 0,21 à 0,5 kg de m.a./ha). Plusieurs informations à ce propos sont disponibles sur www.fytoweb.be.

Les résultats seront meilleurs par interventions précoces, au semis et avant la levée de la culture. La lutte doit surtout s’organiser pour éviter les surpopulations aux premiers stades de la culture. Idéalement, faisons le point de l’ampleur des risques avant d’implanter car à cette période nous ne pouvons pas nous permettre de devoir réimplanter.

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