La production de la courgette précoce sous tunnel maraîcher

La croissance de la plante est indéterminée. L’enracinement puissant peut descendre profondément dans le profil si la structure du sol n’est pas compactée. L’irrigation localisée induit un confinement des racines dans la zone irriguée. Les variétés hybrides récentes forment une seule tige à entre-nœuds très courts. Celle-ci peut être tuteurée pour une meilleure aération du feuillage et une facilité de récolte. Les fruits grossissent très rapidement et sont récoltés au quart ou au tiers de leur développement, lorsqu’ils sont encore très tendres.

La plante porte des fleurs mâles au bout d’un pédoncule mince et long. Il est court et fort pour les fleurs femelles. Par ailleurs, ces fleurs sont comestibles et il y a une certaine demande en circuit court. Les premières d’entre elles apparaissent à l’aisselle de la 7ème ou 8ème feuille. Ce sont souvent des femelles. Une dizaine de jours plus tard apparaissent les mâles rendant possible la pollinisation. Ensuite, ces fleurs femelles et mâles seront produites sans ordre bien précis. Notons également que les températures basses et les jours courts favorisent la formation de fleurs femelles. À l’inverse, les températures élevées et les fortes luminosités favorisent le développement des mâles.

La pollinisation se fait grâce aux bourdons de ruches apportées en début de saison en serre maraîchère. Les abeilles prennent le relais à partir de mai quand les températures extérieures permettent une forte aération des abris. Les fleurs sont très nectarifères et pollinifères. Les sélectionneurs proposent maintenant des variétés parthénocarpiques. Ces dernières ne nécessitent pas l’apport de pollinisateurs dans la serre. La production qualitative et quantitative fait l’objet de comparaisons dans les centres de recherche appliquée.

Maintenir une température idéale

La germination est très rapide : de 2 à 3 jours, entre 20 et 25°C. L’élevage se réalise idéalement à 18°C dans le substrat et entre 16 et 25°C dans l’air. La transplantation est réalisée correctement lorsque le sol a au moins 12°C (enradicellement). La culture demande au moins 7°C. Lorsque les températures sont basses la nuit, il faut éviter qu’elles soient élevées la journée en aérant les abris. Lorsque les degrés diminuent, la proportion de fruits déformés augmente. Idéalement la culture demande 20 à 25 ºC. L’élevage se réalise dans des entreprises spécialisées ou au sein de la ferme maraîchère avec un site aménagé pour le maintien de la température.

Ses besoins en eau

La courgette se développe très bien avec une hygrométrie de l’air élevée mais inférieure à 80 %. Si l’hygrométrie est plus élevée, la floraison est moins bonne et des maladies dues à des champignons pathogènes se propagent sur le feuillage, les fleurs et les fruits.

L’irrigation en goutte-à-goutte convient bien pour maintenir un bon apport d’eau aux racines sans que le sol ne soit asphyxié. Les besoins en eau sont de l’ordre de 200 à 300 mm durant les 4 mois de la culture.

Opter pour une variété adaptée à la culture

Parmi les variétés convenant pour une culture précoce et ayant peu d’aptitude parthénocarpique, nous avons notamment Ariane, Cyriac, Explorer, Gloria, Icarus, Keesha, Logos, Mitica, Quios, Sanabria, Titanus et Tosca. Pour ces variétés, l’introduction de pollinisateurs dans la serre maraîchère est nécessaire.

Des variétés parthénocarpiques plus marquées apparaissent progressivement dans les catalogues. Comme dit précédemment, elles ne nécessitent pas l’intervention d’insectes pour la fécondation. Cet élément est important pour les serres, et moins en culture estivale de plein air où les pollinisateurs naturels sont normalement présents.

Le choix vise une gamme donnant des fruits de forme régulière, brillants et ayant une production hebdomadaire régulière. Le maraîcher peut aussi tenter une diversification supplémentaire pour une partie de sa production en choisissant des variétés jaunes, blanches ou de forme ronde.

Chaque semaine, 2 à 2,5 fruits récoltables par pied

Vu les exigences thermiques, la culture hâtée est réalisée sous tunnel maraîcher.

La germination peut se faire en armoire chaude à 22 à 24°C entre mi et fin février.

L’élevage est réalisé en serre avec chauffage, en mottes pressées de 7,5 cm de côté à une température nocturne minimum de 16°C, l’idéal étant entre 20 et 25°C.

La plantation pourra se réaliser sous tunnel à partir de la fin mars.

Nous plantons environ 1 plant par m², par exemple à 0,66 m de distance sur les buttes de 1,6 m de largeur totale. À la plantation, prévoyons un arrosage au goulot autour de la motte pour assurer une reprise rapide. Le paillage plastique ou végétal abrite les tuyaux d’irrigation au goutte-à-goutte. Un chauffage antigel est nécessaire puisque la plante est sensible au froid.

À la mi-avril, nous prévoyons un passage auprès de chaque plante pour enlever les pousses latérales éventuelles, ce qui dépend de la variété et des conditions météo des jours précédents, mais aussi retirer les premiers fruits déformés et assurer le placement de ruches à bourdons.

La production de fleurs mâles est parfois très faible pour certaines variétés en début de saison. Il est donc intéressant de planter au moins deux variétés différentes pour augmenter la chance de disposer de suffisamment de mâles pour approvisionner les bourdons en pollen.

Fin avril, la récolte pourra commencer et elle se poursuivra jusqu’à fin juin. Lors de cette période de l’année, nous pouvons tabler sur 2 à 2,5 fruits récoltables par pied et par semaine.

Pour la fertilisation…

Avec son enracinement puissant, la courgette valorise bien les fortes fumures organiques. Les quantités maximums de fumier ou de compost acceptables pour respecter la réglementation et les conseils. Le calcul de la fertilisation tiendra compte de ces apports, de la richesse du sol et du pH, sur base de l’analyse du sol.

Les exportations peuvent être importantes avec une production de l’ordre de 750 kg par are en une dizaine de semaines de récolte. Cela correspond à des exportations de l’ordre de 270 kg d’azote, 75 kg de P2O5, de 420 kg de K2O et 75 kg de MgO par ha. L’éventuel complément minéral dépendra de l’interprétation de l’analyse de sol et de l’estimation des apports organiques.

Du travail du sol à la culture

Pour le travail du sol, l’objectif est qu’il soit ameubli, sans semelle de labour ou de pseudo-labour, propre quant aux adventices. La constitution d’ados ou de buttes larges permet d’améliorer le drainage et de limiter ainsi le risque d’asphyxie du sol par excès d’eau lors des irrigations. Un paillage plastique noir en surface permet de faciliter la maîtrise des adventices et surtout de gagner quelques degrés au printemps.

Au niveau de la densité de la culture, elle doit diminuer si la luminosité est moins forte. Dans nos conditions wallonnes, celle-ci peut être de l’ordre d’une plante par m² sous abri au printemps.

Le palissage permet d’améliorer la dispersion de la lumière en général et de limiter le bri de tige. La tige est guidée sur une ficelle ou par un jeu de trois ficelles avec des crochets. C’est surtout important pour garder la culture en place jusqu’en été.

Les feuilles desséchées, jaunies ou traînant sur le sol sont enlevées.

Pour améliorer la fécondation, sous abris, nous plaçons des ruches de bourdons lorsqu’il fait encore frais en début de saison. Des ruches d’abeilles sont ensuite installées, à raison d’une ruche par 10 ares d’abris. Rappelons que les variétés à forte tendance parthénocarpique peuvent se passer des insectes pollinisateurs.

L’irrigation en goutte-à-goutte est bien adaptée à cette culture. Les goutteurs sont installés près de la motte durant une dizaine de jours puis ils seront écartés d’une vingtaine de centimètres pour éloigner la zone saturée d’eau du pied de courgette. Les besoins sont surtout importants à partir du grossissement des fruits. Avant cela, il est souhaitable de modérer les apports et de laisser l’enracinement explorer une vaste zone du profil du sol. Comme ordre de grandeur, les apports seront de l’ordre de 2 mm par jour au début de la culture et de 6 mm en période de récolte. Ce sont des moyennes, sachant qu’il est conseillé d’apporter l’eau 1 à 2 fois par semaine plutôt qu’un peu chaque jour, toujours pour favoriser l’extension des racines et éviter l’asphyxie du sol près du goutteur. En cas d’emploi de tensiomètres, l’irrigation sera décidée lorsque la tension atteint 25 centibars en sol limoneux.

Quand vient le temps de la récolte, elle est suivie plusieurs fois par semaine à partir d’avril, sans laisser des fruits dépasser la taille souhaitée afin de favoriser la succession de nouvelles formations florales.