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La destruction des cultures intermédiaires: une question de compromis

Le moment et la technique de destruction d’un couvert sont déterminés en fonction de plusieurs facteurs. Entre calendrier réglementaire, mode de gestion de l’exploitation, caractéristiques et stade de développement du couvert… l’agriculteur doit opter pour le meilleur compromis.

Temps de lecture : 5 min

Le mode et le calendrier de destruction des couvertures hivernales doivent répondre aux règles du Plan de gestion durable de l’azote (Pgda) et peuvent, selon les cas, également devoir répondre aux exigences de la BCAE 6 « Couverture minimale des sols », de la BCAE 8 « Surfaces et éléments non productifs » et de l’éco-régime « Couverture longue des sols ».

En ce qui concerne les techniques de destruction, il faut veiller à ce qu’elles soient adaptées à la sensibilité des espèces et aux conditions météorologiques du moment. Une destruction réalisée dans de bonnes conditions contribue à garantir la décomposition des résidus et à éviter les problèmes de ressuyage au printemps.

Quant au stade de développement au moment de la destruction, il détermine l’effet engrais vert pour la culture suivante.

L’effet « engrais vert » en fonction du développement du couvert

En se décomposant, la couverture hivernale libère de l’azote. Le bénéfice attendu pour la culture suivante dépend du rapport carbone/azote (C/N) du couvert enfoui et de sa biomasse. Un couvert détruit vert ou un mélange contenant des légumineuses se décompose plus rapidement qu’un couvert lignifié. Dans le cas d’une moutarde fortement lignifiée, la décomposition peut même induire une faim d’azote. Si le rapport C/N est favorable, on observe que plus la biomasse est importante au moment de la destruction, plus l’effet engrais vert est important ( tableau 1 ).

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Au moment où le calendrier réglementaire autorise la destruction, il est donc parfois intéressant, si les conditions climatiques sont toujours favorables au développement du couvert, de le laisser en place pour maximiser son intérêt agronomique et environnemental. On rentabilise ainsi l’investissement réalisé. Le travail de destruction peut être planifié en commençant par les parcelles semées plus tôt et/ou qui présentent une bonne biomasse. L’objectif est d’atteindre 2 à 3 t de MS/ha (ou un minimum de 1,5 t). Cela représente au minimum un couvert à la hauteur du genou.

Une technique de destruction réfléchie et adaptée

Les méthodes de destruction possibles sont d’ordre climatique (gel), mécanique (labour, travail du sol, broyage, roulage, hersage) ou chimique (herbicide). Les principaux avantages et inconvénients de ces méthodes ainsi que les espèces adaptées à chaque type de destruction figurent dans le tableau 2.

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Dans le cas de mélanges, le mode de destruction doit être choisi en fonction de l’espèce la plus difficile à détruire.

En période hivernale, les conditions de portance des sols sont le principal facteur limitant. Pour s’affranchir de cette contrainte, l’agriculteur peut opter pour des espèces plus sensibles au froid. Un couvert est, par ailleurs, d’autant plus sensible au gel qu’il est bien développé ou en fin de cycle.

Pour renforcer l’action du froid, certains agriculteurs effectuent un passage d’outil, là où la portance le permet ou sur sol gelé. Rouleaux, broyeurs, outils à disques, semoirs de « type rapide » blessent plus ou moins fortement le couvert et brisent les tiges. Cette action est favorable à la décomposition de la biomasse. De manière générale, en cas de destruction mécanique, il est préférable d’enfouir superficiellement le couvert pour favoriser sa décomposition.

Mais quand détruire ? Rappel des dates réglementaires

En fonction de la nature de la couverture hivernale, plusieurs règles ou cahiers des charges peuvent s’appliquer. Il faut donc être attentif au bon respect des dates à partir desquelles la destruction du couvert peut être réalisée.

Couvert Pgda : si le couvert est exclusivement destiné à satisfaire aux exigences du Pgda (90 % de couverture en zone vulnérable ou après épandage de matière organique en été), il peut être détruit à partir du 16 novembre. Cette année, suite à la dérogation (septembre 2024), si le couvert a été implanté après le 15 septembre, il doit alors être détruit au plus tôt deux mois après la date d’implantation. Les intercultures courtes implantées entre une culture de légumineuse récoltée avant le 15 août et un froment peuvent être détruites à partir du 1er octobre, ou au plus tôt un mois après la date d’implantation (dérogation de septembre 2024). La destruction peut se faire naturellement, mécaniquement ou chimiquement.

Couvert implanté comme culture dérobée pour la BCAE 8 « Surfaces et éléments non productifs » : si le couvert est uniquement destiné à satisfaire aux exigences de la BCAE, il peut être détruit au plus tôt 3 mois après l’implantation . La destruction peut se faire de manière naturelle ou mécanique. La destruction chimique est uniquement autorisée à partir du 16 février.

Couvert comptabilisé pour le respect de la BCAE 6 « Couverture minimale des sols » : si la parcelle concernée ne présente pas une sensibilité à l’érosion élevée ou très élevée, le couvert peut être détruit à partir du 16 novembre. Dans le cas contraire, le couvert ne peut être détruit qu’à partir du 1er janvier.

Couvert valorisé pour l’éco-régime « Couverture longue du sol » : la destruction du couvert est autorisée à partir du 16 février . Une destruction de la partie aérienne est toutefois possible à partir du 15 janvier. Ce premier travail consiste à casser la structure aérienne des plantes pour initier leur décomposition lente sans toucher aux structures racinaires (passage au rouleau faca, girobroyage…). La destruction chimique des couverts valorisés pour cet éco-régime ne sera plus autorisée à partir de 2025.

Dans le cas où plusieurs législations s’appliquent, il faut respecter les obligations les plus strictes.  Un agriculteur qui sème ses Cipan le 1er septembre et qui les comptabilise comme cultures dérobées pour la BCAE 8, par exemple (voir figure 1), doit attendre le 1er décembre pour les détruire, afin de respecter le Pgda et le cahier des charges de la BCAE 8.

Figure 1 : Dates de destruction quand plusieurs législations s’appliquent - Exemples.
Figure 1 : Dates de destruction quand plusieurs législations s’appliquent - Exemples.

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